Chapitre 188

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AYDEN

Clément Thorel m'ouvre la porte de son bureau, à son air désolé je comprends que quelque chose pose problème et je ne sais pas quoi. Dans ses bras est calée la chemise dans laquelle est mon dossier de sapeur pompier volontaire. Ma réaction est immédiate, il faut dire que mon visage est très expressif lorsque je ressens de la contrariété.

  • Lieutenant Thorel, enfin Clément... Est-ce qu'il y a un problème avec mon dossier ?

  • Un problème en soit non. Mais ça ne va pas t'enchanter jeune homme, viens t'asseoir !

J'obéis en prenant place dans le fauteuil rouge ne sachant pas ce qui me pend au nez. Il referme la porte et contourne le bureau pour venir s'installer juste en face de moi. Je le vois analyser mon comportement, ses deux index se rencontrent pour s'appuyer l'un contre l'autre, il réfléchit sans doute à la tournure de ses mots pour ne pas me froisser. Pourtant je n'ai pas le sentiment d'avoir fait une connerie.

  • Comme tu le sais avec les circonstances actuelles et le monde qui part en couilles, votre formation de stagiaires s'arrête au trente-et-un de ce mois-ci. Dans l'ensemble vous l'avez validée à part quelques personnes qui n'ont rien à foutre là mais rassure-toi il ne s'agit en aucun cas de toi. (J'acquiesce ne sachant pas où il veut en venir). J'ai longuement dialogué avec ton père et nous sommes tous les deux tombés d'accord sur cette décision, bien qu'au départ ce n'était pas la sienne mais tu comprendras que nous ne pouvons pas faire autrement. (Je me pétrifie contre mon dossier, ne le quittant pas des yeux). On ne peut pas accepter au sein de notre casernement plus de sapeurs pompiers inexpérimentés enfin que l'on juge tout nouveau dans le métier. Sinon nous ne sommes plus dans le cadre réglementaire... (Ma gorge m'étouffe, je pense que j'ai bien pâli et les sueurs froides coulent dans mon dos, j'ai horreur de cette sensation désagréable). Ayden, tu seras implanté sur le secteur de Vandoeuvre-Les-Nancy ! (Je reste muet, les yeux pétrifiés dans ceux de Clément. S'il y a bien un endroit dans lequel je ne m'envisageais pas de faire carrière c'est bien dans cette ville. Je vais me faire démonter là-bas, il n'y a que des racailles). Tu ne seras pas tout seul, j'ai tenu à t'envoyer avec ton binôme pour ne pas que vous soyez trop perdus.

  • Putain mais non ! NON ! Je l'affirme avec toute ma volonté en serrant le poing. Laissant ma timidité de côté. Qu'est-ce que tu veux que j'aille foutre à Vandoeuvre ! ? Et dire que Papa est dans le coup, franchement je suis très déçu ! Ce n'est pas me faire un cadeau ! Timide comme je suis, ils vont me faire ma fête ! S'il y a bien un endroit où je ne voulais pas mettre les pieds c'est bien celui là ! Jamais je n'irai là-bas ! Putain mais j'ai fait quoi pour méritez ça ? Ce n'est pas malin d'envoyer une jolie jeune femme comme Cassandra dans un endroit aussi malfamé ! De ce que j'ai vu lors d'exercices avec les pompiers de Vandoeuvre ne m'a pas plu du tout, là plupart se croient au dessus des autres, sont prétentieux comme pas possible ! Non mais sérieux tu m'as fait quoi là ?!

  • Ayden assieds-toi s'il te plait ! Je comprends ta déception, ta colère mais c'est comme ça nous n'avons pas pu t'affecter ailleurs ! Va bien falloir t'y résoudre, nous n'avons rien d'autre à te proposer et ça m'étonnerait que tu veuilles démissionner. Tu es un gars bien, tu vas réussir à faire ta place et ce sera très formateur pour toi d'être entouré de sapeurs pompiers de plus haut niveau qu'ici. Cassandra a du caractère, ça ne m'inquiète pas et tu auras un oeil sur elle. vu comme vous êtes complices ! Tu t'en fous des prétentieux, vraiment fait ça pour toi !

  • Mais non je me porte mieux debout. Alors laisse-moi debout si je veux ! Toute façon vous ne me laissez pas le choix ! Vous voulez m'envoyer dans ce trou à rats mais je crois que je préférerai crever plutôt que d'intégrer cette caserne ! Non je ne m'en fous pas justement ! Les remarques me vont droit au coeur, je ne m'y ferai pas à cette caserne. Bon j'espère que tu m'as tout dit maintenant je me tire ma petite amie m'attend dehors ! Et j'aurai dû terminer il y a cinq minutes. Très bonne soirée !

Clément se précipite devant la porte pour me barrer le passage, je ressens de la frustration et du dégoût.

  • Petit, je ne fais pas ça pour t'emmerder...

Devant mon air insistant et furieux mon lieutenant se décale pour me laisser passer. Je claque violemment la porte vitrée du bureau ce qui brise la vitre en mille morceaux au sol. J'entends mon prénom résonner dans un cri mêlé de colère et d'inquiétude vis à vis de ma déception.

Mes poumons me brûlent j'ai besoin d'air, j'ouvre la porte de la caserne désorienté pour prendre un grand bol d'air frais en sortant en polo à l'extérieur. La bise me pince la peau des bras jusqu'à mes côtes, aussitôt ma pilosité s'hérisse sur ceux-ci.

Ma copine me saisit les joues et se soulève sur la pointe des pieds pour atteindre mes lèvres pour un baiser aussi doux que du coton qui parvient aussi à calmer les coups de canon qui résonne au fond de moi. Mon souffle est saccadé mais d'écraser mes lèvres sur les siennes me procure du bien-être.

  • Alors mon beau sapeur pompier, ta journée a l'air bien mouvementée. Je me trompe ?

  • J'ai des envies de meurtre.

Giulia explose de rire dans mes bras en tournant ses magnifiques yeux dans ma direction. Ma chérie est bien habituée à ma jovialité spontanée qu'elle n'a pas du saisir que je suis sérieux. Lorsqu'elle réalise que ce n'était pas une plaisanterie, ses lèvres forment un '' O '' tout en posant sa main douce sur ma joue légèrement mal rasée. Je prends sa main pour que l'on aille à l'intérieur, je n'ai ni pris ma douche ni récupéré mes affaires.

  • Putain je me ferai limite une séance de muscu là tout de suite !

  • Celle de toute à l'heure ne t'a pas suffit ? Me questionne t-elle.

  • Ce serait quasi tout à recommencer tellement j'ai les nerfs ! Putain......... (Avec mon bras musclé je lui enlace le cou tout en la blotissant contre mon torse, sa tête à l'intérieur de mon cou). Comment mon père a pu me faire ça ?

  • Te faire quoi ?

Ses mains encerclent mes joues, elle me dépose plusieurs smacks sur la bouche et se montre très tendre dans ses gestes notamment lorsqu'elle prend le temps de passer ses mains le long de mon torse.

  • Tu comprendras quand on sera à la maison !

Mon ton est un peu sec, ce n'est pas voulu mais c'est la haine que je ressens qui ressors sans avoir le contrôle dessus. Mes yeux me piquent, ça ne passe pas inaperçu même si j'ai réussi à chasser la montée des larmes. Giulia me regarde d'un air désolé elle aussi alors que Cassandra remarque ma mine décomposée, elle fait volte face.

Je lui donne aussitôt des explications en lui chuchotant dans l'oreille. Ses gros yeux écarquillés me font comprendre qu'elle est toute aussi choquée que moi.

  • Vandoeuvre ?! Mais ils sont tombés sur la tête ou quoi ?! Qu'ils aillent se foutre le doigt où je pense ! Je ne mets pas les pieds là-bas ! S'agace t-elle. Mon pauvre doudou tu as toute ta vie ici ! Moi à la limite voilà mais toi tu as grandis dans ce milieu... Tu vas être perdu là bas !

  • Cassandra, j'aimerai que tu passes dans mon bureau ! L'appelle Clément depuis le fond du couloir.

  • Je suis déjà au courant Lieutenant ! Rétorque t-elle sèchement. Mais c'est quoi ce bordel d'ailleurs ?! Surtout quand je vois la tête déconfite d'Ayden, je sais qu'il ne s'agit pas d'une blague mais pourquoi ?

  • On va parler tous les deux de ton implantation à Vandoeuvre, je dois t'expliquer les raisons entre donc Cassandra.

Je soupire en voyant la porte du bureau se refermer derrière ma meilleure amie. Ma mâchoire se contracte, ma jolie chérie capte mon attention en cherchant les bisous.

  • Tu as une douche à prendre ou tu as juste à récupérer tes affaires ? Me questionne t-elle.

  • Bouge pas, j'en ai pour aller dix minutes même pas !

  • Hum je ne peux pas venir avec toi murmure t-elle d'un ton coquin.

  • Ici, on va éviter. Car les douches collectives sont juste à côté, je n'ai pas le droit d'amener une fille ici ça pourrait gêner mes collègues qui peuvent être nus à ce moment. Tu comprends ? Mais je t'assure que quand on sera rentré ce sera soirée câlins ! A tout de suite !

Je l'abandonne dans le hall d'entrée après lui avoir lâché la main. Il ne me faut pas longtemps pour me retrouver déjà enfermé dans la cabine de douche. L'eau chaude ruisselant sur mes épaules carrées et entretenues. Je soupire en basculant la tête en arrière calée derrière mes bras, la chaleur m'apaise sur le coup et en peu de temps me voilà de nouveau dans le hall d'entrée prêt à partir avec ma petite italienne.

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