Chapitre 190
Pour avertir de notre arrivée, je laisse entrer ma chérie dans le hall d'entrée et claque sèchement la porte derrière moi. Les vitres de la maison se mettent à vibrer, je balance mon sac de sport dans un coin avant de rejoindre le salon où se trouvent mes parents debouts les bras croisés contre leur buste.
- Tu comptes encore casser une vitre ?! Celle du bureau du lieutenant ne t'a pas suffit ?!
La voix de ma mère est presque agressive, n'étant pas violent d'ordinaire là j'ai envie de tout péter. Heureusement que Giulia me maintient les épaules avec douceur et qu'il s'agit d'elle. Ça m'évite de faire un geste brutal.
- Et vous quand est-ce que vous comptiez m'avertir ?!
- Fiston, on allait le faire et tout s'est enchaîné rapidement. Crois nous que ça ne nous fait pas plaisir d'être dans cette situation et de t'infliger une décision sans que tu sois au courant. Clément a réussi à me raisonner et crois-moi que c'est la seule option que l'on peut envisager ! En plus avec la notre, Vandoeuvre-Les-Nancy est l'une des casernes les plus expérimentées du département, tu auras beaucoup à apprendre d'eux et tu progresseras encore plus vite. Nous avons atteint le seuil de sapeurs pompiers fraîchement formés, nous ne pouvons pas en prendre davantage, on doit garder un certain nombre d'expérimentés au sein de notre caserne. C'est mûrement réfléchit la décision ne s'est pas faite en un claquement de doigts j'ai tout fait pour essayer de te garder auprès de nous !
- Papa ! Ils ont très mauvaise réputation là-bas, je vais me faire démonter. Ils ne me louperont pas ! J'ai déjà eu un aperçu lors d'entraînement avec les casernes alentours ! Pourtant vous n'avez pas hésité à m'écarter de notre caserne ! Sincèrement je ne sais pas ce que je ressens là tout de suite... De la déception envers toi ! Et peut-être un peu maman ! Car elle a sûrement mis son petit grain de sel à l'édifice ! De la colère peut-être.... Et une grande tristesse !
- Tu vas t'endurcir mon fils. Je ne me fais pas de souci, tu es un Varnier De Saint-Eloi-Rivière ! Tu pourras justement mieux encaisser tout ce qui perturbe ta sensibilité !
- Et tu ne seras pas seul mon chéri renchérit Maman derrière les paroles de Papa. J'ai fait en sorte que tu partes avec Cassandra, je sais qu'elle compte beaucoup à tes yeux ! Et qu'elle peut te pousser dans le bon sens. Et nous avons des raisons plus personnelles de l'avoir fait, ça c'est moi qui en ai parlé à ton lieutenant. Souviens-toi de notre réaction lorsque tu as été mis en danger précédemment dans les eaux de la Moselle ! Ton père et moi... Enfin surtout moi, j'ai complètement été saisie de panique en te retrouvant à moitié en hypothermie ! J'ai été hystérique, j'ai pété un câble contre Matt ! Imagine lors d'une intervention quelque chose tourne mal, qu'il t'arrive quelque chose ? Ça représente un danger pour tout nos collègues ! Et généralement ça se termine mal... C'est plus raisonnable de procéder ainsi et rien ne t'empêchera de réintégrer notre caserne lorsque tu auras pris de l'expérience et de la maturité ! Nous serons sûrement à la retraite d'ici là, ça ne gênera en rien !
- C'est clairement balancer Cassou et moi dans la gueule du loup ! Vous me faites ça, vous pouvez être sûre que le mois prochain je me trouve un logement ! Vous m'avez trahis ! Faire ça à votre fils enfin ! Je n'y suis pour rien maman si tu ne sais pas maîtriser tes émotions ! Je n'ai pas envie d'aller à Vandoeuvre !
- Vois ça comme une expérience ajoute mon père. Dans la vie, Ayden tu comprendras très vite que l'on ne fait pas ce que l'on a envie. On recevra toujours des ordres de quelqu'un au dessus de nous. Tu dis ça parce que tu ressens beaucoup de colère mêlée à la déception, ce n'est pas très bon. Je ne suis pas certain que tu pourrais toi même contrôler ce que tu ressens en cas de pépin avec ta mère ou moi ! Vu comment nous sommes fusionnels, c'est même une exactitude ! Tu dois comprendre que l'on a pas le choix, j'ai signé pour ton intégration à la caserne de Vandoeuvre car c'est celle qui te fera le plus progresser sur le terrain ! Tu vas sûrement en baver mais c'est comme ça que tu deviendras un homme, un vrai.
- L'expérience ! L'expérience ! Mais putain vous n'avez donc que ce mot à la bouche ?! Bien sûr que l'on ne fait pas comme on veut ! Mais vous auriez au moins pu penser à moi ?! Et de me laisser le choix du casernement que je souhaite rejoindre ! Tout sauf ça quoi ! Vous savez très bien que ce n'est pas fait pour moi ce type d'ambiance ! Et non je ne dis pas ça sous le coup de la colère ! C'est de la trahison pure et nette ! Admission à Vandoeuvre égale déménagement sous peu ! En plus de ça vous m'éloignez de mon travail de comptable !
- Mon coeur, nous ne t'avons pas éduqué dans la vulgarité ! S'exclame Maman en me prenant le bras, je le dégage ce qui la destabilise vers l'arrière. Giulia la redresse doucement après l'avoir retenue. Ni dans la violence ! Tout ça ne te ressemble pas !
- Vous vouliez de l'endurcissement ! Je commence à me conditionner ! Répondis-je avec un ton très insolent. Vous me faites chier et ne t'avise pas de me reprendre le bras !
Ma maman ne retient pas sa main partir contre ma joue dans un claquement sonore. Ça pique ! Je porte ma main gauche contre ma joue gauche et soutient mon poignet avec ma main droite restant bête de ce qui vient de se passer. Mes yeux se mettent à luire, moi qui ai toujours eu une attitude irréprochable. Ma mère venait de me gifler sous les yeux de ma petite amie. Je ravale avec amertume mes larmes afin qu'elles ne s'écoulent pas sur mon visage. Ma vue est toujours brouillée je déglutis et inspire profondément pour calmer toutes les émotions qui me submergent.
- Ayden, tu sais ce que t'as gagné ?! Ton père va appeler un taxi pour ramener Giulia chez elle ! Tu ne la verras plus pendant deux mois ! Ton lieutenant veillera de près à ce que tu ne traînes pas après tes interventions, il nous tiendra informé de tes départs de la caserne après tes inters ! Tu seras encore sous notre toit jusqu'à la levée de ta sanction !
- Putain mais tu ne crois pas que ce n'est pas un peu excessif ?! C'est normal que je sois en colère ! Ça me casse les burnes si je n'ai pas le droit de m'exprimer ! Merde à la fin faudrait que je fasse quoi que je dise oui à tout docilement ?! (Maman me fait comprendre en un regard qu'elle ne plaisante pas. J'envoie balader de toutes mes forces, la chaise qui se trouvait à côté de moi. Elle se brise au niveau du pied).
Mon père m'avertit que j'ai dix minutes pour dire au revoir à ma copine avant l'arrivée du taxi et que je vais devoir me plier à leurs paroles. Je prends la main de Giulia pour l'entraîner dehors. Nous nous calons front contre front.
- Je suis désolé dis-je la voix tremblante, troublé par ma sanction et la baffe de ma mère. Tu vas trop me manquer, j'espère que ça ne mettra pas fin à notre relation. J'aurai dû la fermer mais en moi c'est l'ouragan total !
Giulia m'effleure la joue avec tendresse en plongeant ses yeux dans les miens. Elle m'embrasse amoureusement et me murmure de douces paroles. Nous restons enlacés l'un à l'autre jusqu'à l'arrivée du taxi. Ma mère s'empresse d'aller le régler puis elle reprend sa voix ferme.
- Le temps des câlins est terminé ! Ne faites pas attendre le chauffeur ! Aller aller on se sépare !
J'enlace fortement ma petite italienne, l'embrassant collés-serrés comme si c'était la dernière fois que je la voyais. Giulia fond bruyamment en larmes trempant mon cou. Je sens mon coeur se resserrer sous mon torse, un pincement désagréable qui marque nos aux revoirs.
Ma maman tapote sa montre avec agacement je manque de l'envoyer bouler. Ma bouche se presse sur celle de Giulia, je remue mes lèvres contre les siennes glissant légèrement la pointe de ma langue. Un baiser pleins d'émotions et ma chérie pleure toujours. Je relâche notre étreinte et la regarde s'éloigner une pointe de tristesse dans les yeux, deux mois sans Giulia ça va me sembler une éternité.
Mon père m'incite à rentrer, je le suis et nous nous installons. Lui dans le canapé, moi dans le fauteuil.
- Je ne t'ai jamais vu faire preuve d'insolence, j'espère que tu comprends la réaction de ta mère.
- Elle était démeusurée. Et vous est-ce que vous vous mettez à ma place ?
Je termine ma phrase la voix chevrotante et la vue brouillée. Je passe ma main dans mes cheveux blonds avant de surmonter celui de mon père qui au fond de lui à une lueur de tristesse.
- J'ai idée de ce que tu ressens mon fils, c'est pourquoi je n'ai rien ajouté de plus. Mais reconnais que la façon dont tu as parlé à ta maman était plus que moyenne.
- Je sais oui, je m'en excuserai auprès d'elle mais vous m'avez fait beaucoup de peine. Je n'envisage pas de faire carrière là-bas, je préférerai complètement arrêter mon métier tu vois ! Et la giffle tu l'as trouves juste toi ?
- Ayden laisse toi du temps, prends tes marques et ensuite on en reparlera. Non, je pense que ta mère était désamparée face à ton attitude car même durant l'âge ingras tu ne t'es jamais comporté de cette façon ! On est pas habitué à ce que notre Ayden puisse nous répondre. Nous on t'aime fort, ce n'est pas parce qu'on t'éloigne de la caserne que tu n'as plus ta place. Les raisons on te les a énoncé et je pense que notre discours rejoint celui de Clément Thorel !
- Franchement Maman je la trouve dure sur ce coup et sa baffe m'a blessé. Papa, je vais être sincère avec toi... Je t'en veux pour la décision que tu as pris... (Mes yeux s'embuent énormément). Ça me fait autant mal qu'un coup de poignard dans le dos... J'ai la boule au ventre de me savoir en Février là-bas ! Et de ne pas voir Giulia pendant deux mois... Ça va faire beaucoup de choses à la fois et si elle décide de me quitter car on ne se voit plus ?! Vous avez pensé à tout ça ? Ça m'étonnerait ! J'aurai beaucoup de choses à gérer d'un point de vue émotionnel !
- Mais je sais tout ça fiston ! Je lis à travers tes expressions faciales, tes yeux sont tout autant expressifs et ça me tue de te voir autant peiné ! Et ça me fait chier que tu aies de la rancoeur envers moi ! Si elle te quitte, c'est qu'elle ne t'aime pas suffisamment pour mériter ton amour, tu sais le vrai visage des gens on le remarque vite ! Betty-Lou mon ange, j'aimerai que tu aies une petite discussion avec Ayden au sujet de la giffle que tu lui as envoyé. Tu l'as blessé dans sa sensibilité.
Maman se pose sur l'accoudoir tout près de moi, sa main s'installe sur le bas de ma cuisse juste au dessus de mon genou.
- Mon geste, tu sais il n'était pas contrôlé. Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait. Je tiens à te demander pardon car ce n'est pas dans ma nature de lever la main sur toi. Tu le sais bien puisque ce n'était jamais arrivé mais ton attitude m'a mis en rogne, le respect a une place primordiale au sein de notre famille !
- Ok... Et tu étais sérieuse lorsque tu m'as dit plus de Giu pendant deux mois et de vivre aussi avec vous pendant ces deux longs mois interminables ?!
- Oui je l'étais, je ne peux pas fermer les yeux sur le ton que tu as employé auprès de moi. Mais mon coeur ta place est à la maison avec ton Papa et ta Maman ! Tu ne serais jamais partis de la maison comme ça !
- Ha... Tu sais la caserne de Vandoeuvre suffisait largement en sanction... Giu aurait été mon seul repère pour que je puisse m'adapter et vous m'enlever tout ! Je n'ai donc pas envie de rester avec vous !
- Sauf que ce n'est pas une sanction d'aller à Vandoeuvre-Les-Nancy mais plutôt une belle opportunité ! Tu vas sur tes vingt ans tu ne vois donc pas les choses comme nous s'exclame Maman.
- Vois ça comme tu veux, pour moi c'est tout comme. Maintenant, je vais filer dans ma chambre. J'ai des recherches d'appartements ou petite maison à faire ! Et pour une voiture aussi ! Bonne soirée, j'ai pas faim vous pouvez remballer ma part !
Je me précipite en direction de la chambre avec ma maman à mes trousses, j'accélère mes foulées elle se met à courir derrière moi. Aussitôt je lui referme la porte au nez et tourne vite le verrou dans la serrure, la poignée se descend et se relève plusieurs fois de suite. Je recule jusqu'à mon lit et me jette en arrière pour retomber sur le dos sur mon matelas les bras croisés derrière la tête.
'' Je me sens complètement désamparée et à la fois coupable du chagrin de notre garçon. De l'entendre renifler de l'autre côté de la cloison me cause une grande tristesse qui se lit sur mon visage baigné de mes larmes silencieuses. Ayden tourne le bouton de sa sono et un fond musical retentit derrière le mur de sa chambre, je sais qu'il a tendance à s'isoler de cette façon lorsque ça ne va pas. Tant bien que mal, je murmure de douces paroles derrière la porte espérant qu'il revienne m'ouvrir. Je l'entends parler et dire qu'il compte bien se casser de là, mon coeur rate quelques battements, il me semble que c'est avec Miguel qu'il est en communication au portable ou sur son écran de webcam. "
Je sais que maman se trouve juste de l'autre côté mais si elle croit que je vais capituler et lui ouvrir c'est mort et enterreré ils ne me reverront pas jusqu'à demain matin que je dois partir au bureau.
- Ayden...... Pleure ma mère, l'entendre sangloter me brise le coeur. Dis-moi quelque chose mon amour !
- Chérie, il vaudrait mieux qu'on le laisse tranquille jusqu'à demain. Il n'ouvrira pas je le sais.
Les pas résonnent dans le couloir, ils se sont tous les deux éloignés. J'enfouis ma tête dans mon oreiller pour étouffer mes émotions alors que Miguel reste plus d'une heure au téléphone avec moi.
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