MIGUEL

Au volant de ma twingo dernière génération jaune et noire aux zébrures latérales, je ressens de l'anxiété en emmenant Iléana à l'hôpital pour passer une échographie de la région abdomino pelvienne. Ma chérie est en crise de pleurs les mains à plat sur le bas de son ventre. Les douleurs qui la tiraillent sont très récurentes depuis le mois dernier et cela commence à nous inquiéter sérieusement.

• Bébé, respires doucement. Ne t'inquiètes pas, ça va aller.

Je pose ma main sur la sienne pour l'effleurer avec des petits gestes remplis de tendresse avant de la remettre sur le pommeau de vitesse. Si ça va aller, je n'en suis pas certain moi même puisque je redoute un diagnostic qui pourrait nous anéantir tous les deux. Je vais devoir avoir des épaules suffisamment solides pour porter notre inquiétude à tous les deux. Arrivés à l'hôpital, nous descendons de la voiture et ma chérie a déjà séché ses larmes avec le dessus de sa main. Elle semble pressée de savoir ce qu'elle a puisque je n'ai pas encore refermé la portière qu'elle est déjà à une vingtaine de mètres, sa petite robe fleurie virevoltant avec le vent. Je suis obligé de courir pour la rattraper, elle semble animée de douleur et de rage c'est ce que je peux lire sur les grimaces qu'elle fait jusqu'à pouvoir atteindre les portes coulissantes du hall d'entrée. Nous nous présentons au guichet de l'accueil, ma chérie donne sa carte vitale, d'autres papiers et nous faisons ses étiquettes.

Lorsqu'on nous appelle, nous suivons le spécialiste jusqu'à la salle de consultation. Iléana se déshabille derrière le rideau puis reviens vers nous pour s'allonger sur la table d'examen. Ma chérie grimace lorsque le spécialiste lui étale le gel sur la zone à étudier, c'est froid ! Je tourne la tête vers l'écran allumé et des images commencent à apparaitre sur celui-ci, bien claires je manque de faire un malaise et les battements de mon coeur deviennent irréguliers. Iléana ne semble pas avoir réagi encore.

• C'est un bébé que je vois ? Dis-je interrogatif la voix partant en couilles.

• Tout à fait répond le spécialiste. La jeune femme est bien enceinte ! Et ce n'est pas le début de sa grossesse, vu la morphologie de votre bébé, je dirai qu'il est bien développé de quatre mois environ !

• Quoiii ? S'étouffe Iléana avant de fondre en larmes. Mais tout était normal jusqu'à maintenant ? Pourquoi je ne me suis apperçue de rien ? Certes nous ne mettons plus de préservatif mais nous nous protégeons je prends la pilule et j'ai eu mes règles tout ces derniers mois !

Je me prends la tête dans les mains accoudé à la table d'oscultation. La chaleur se répend dans mon corps et je me mets à pleurer bruyamment moi aussi n'osant plus rien dire mais mes pensées à ce moment précis c'est que je viens de gâcher ma vie. Je n'ai que dix-neuf ans ! Je ne suis pas prêt à devenir père ! Est-elle réellement la femme de ma vie ? Je l'aime très fort mais on ne peut pas savoir ce qu'il va se passer dans l'avenir et ma famille comment ils vont le prendre ? Mais ça va être lourd à porter tout ça, surtout que je n'arrive pas à assumer que je fantasme aussi sur les hommes. C'est beaucoup trop. Est-ce que je n'aurai pas meilleur compte de rompre avec elle ? Je ne me sens pas prêt pour prendre ce genre de responsabilités, je suis encore un gamin.

• Vous avez dépassé le délais légal pour une IVG affirme le spécialiste. Je suis navré que vous l'appreniez de cette façon et que vous n'ayez pas pu vous préparer à ce chamboulement. Je comprends que cela soit un choc pour tous les deux, surtout que vous êtes jeunes et vous n'aviez pas l'air d'envisager ce genre de projet pour le moment. Mademoiselle Guillot, je vais devoir vous examiner plus attentivement du coup, je dois repérer que votre foetus n'est pas d'anomalie cela va me prendre un petit peu de temps ! (La demi heure est très longue, je me sens affreusement mal, presque cruel d'espérer que cet enfant soit atteint de handicap pour avoir recours à une IMG). Hé bien bébé et maman sont en pleine forme ! Il faudra que vous programmiez auprès de votre sage femme l'échographie du 5ème mois pour connaitre le sexe de votre enfant, pensez bien à vous inscrire en maternité aussi !

C'est une claque que je me prends dans la gueule ! J'ai l'impression que tout le poids de la terre entière s'abat sur mes épaules, c'est décomposés que l'on ressort de l'hôpital. Iléana tente de poser sa main sur la mienne, je l'esquive complètement refermé sur moi même ne comprenant pas ce qui m'arrive en ce premier Juin. Je mets mes lunettes de soleil le temps de conduire et de faire le vide sur moi même pour ne plus pleurer comme une madeleine. Je n'ai pas le goût d'écouter la radio, je baisse le volume au complet avec en fond sonore les sanglots de ma copine.

• Tu ne dis rien depuis qu'on l'a su, ça m'inquiète beaucoup déclare Iléana. Qu'est-ce que tu ressens toi ? Qu'est-ce qui te fait pleurer mon coeur ?

• Iléana, il n'y a rien à dire. A part que c'est injuste ce qui est en train de nous tomber sur la tête ! Je ne suis pas prêt, je n'ai pas envie de ce bébé. Tout ce que je veux, c'est de profiter de ma vie Iléana. Ça fait chier !

La jolie blonde se tourne face à moi le visage baigné de ses larmes.

• Mais moi non plus je ne comptais pas être maman avant trente ans ! Me répond t-elle. Mais maintenant il est là cet enfant et il n'a rien demandé ! Il est bien formé en plus et d'entendre son coeur battre... Je l'aime déjà même s'il n'est pas désiré ! Tu ne vas quand même pas me tenir pour unique responsable et je t'aime Miguel ! On va s'en tirer à deux !

• Je ne sais pas Iléana ! Je te raccompagne chez toi j'ai besoin d'être seul et de réfléchir et de comprendre ce qui m'arrive ! On a rien pour accueillir un enfant ! Je ne suis pas mature pour ça et nous n'avons rien ! On ne vit pas ensemble déjà ! Et on ne gagne pas des cent et des mille ! Comment on va faire pour lui apporter tout ce qu'il a besoin ? Je ne veux pas de cet enfant Iléana, il ne va pas falloir compter sur moi ! Je te rappelle que tu es animatrice et moi pâtissier ça va être très compliqué !

• Mais avec de l'amour on y parviendra me supplie t-elle. A nous de construite tout ça ! Tu apprendras sur le tas et nos familles seront là pour nous conseiller, je sais qu'on est pas seuls et puis tu ne vas quand même pas me quitter ?!

• C'est plus compliqué que ça Iléana ! Tu ne te rends pas compte ! Mes parents vont me démolir quand je leur annoncerai ça... Tu ne t'es pas protégée comme tu aurais dû ! Je ne sais pas, je suis perdu !

• Miguel arrête ça s'il te plait, j'ai pris toutes mes plaquettes correctement ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé et tu as bien mis tes spermatozoïdes dans mon utérus toi aussi ! Il ne s'agit pas que de moi alors stop ! Alors tu serais prêt à prendre la fuite et à me laisser gérer toute seule un enfant en bas âge ? Déclare t-elle.

• Je ne sais pas... Je dois déjà comprendre la situation dans laquelle je me retrouve. J'ai trop de choses à assumer d'un coup ! Je ne suis pas bien moi ! Qui me dit qu'on restera ensemble pour la vie ?! En plus je me sens de plus en plus attiré par les hommes, je vais mal finir moi !

• C'est normal que tu sois chamboulé, je le suis aussi ! Mais en attendant ce bébé est là dans mon ventre poursuit ma chérie. Et il est trop tard pour renoncer à sa vie. Ecoute, moi je t'aime fort et tu correspond aux attentes que j'ai vis à vis d'un homme, tu pourrais très bien être l'homme de ma vie. Et sincèrement est-ce que c'est si grave que ça que tu aies développé un côté bixesuel ? Tu te prends trop la tête et sache que moi je serai toujours là pour toi. On va se battre ensemble pour être les meilleurs parents. On est arrivé, je te laisse le temps que tu auras besoin pour réfléchir à la situation mais je ne te lâche pas saches le. Je t'aime mon coeur !

• Tu es sûre de ce que tu es en train d'avancer ? Que je suis l'homme de ta vie ! Grave en soit non mais ça me perturbe tu le sais très bien je n'arrête pas de t'en parler ma chérie ! Mais moi aussi je t'aime mais c'est trop compliqué... Merci ma puce, je dois juste me faire à l'idée ! A plus !

Je redémarre le contact pour prendre une autre direction, celle de la caserne où travaille mon cousin. Je dois me livrer à lui, il m'a toujours écouté mais tout ce que j'espère c'est qu'il ne me portera aucun jugement ni ne se foutera de ma gueule.