XXXVIII. En route vers l'Orvbel - (1/2)
La nuit était tombée. Naim ne dormait pas. Pour donner le change, elle s’était couchée, mais cela faisait deux monsihons qu’elle s’était levée et habillée. Elle n’attendait plus que le signal pour partir. Deux jours plus tôt, Diosa les avait quittés, prétextant une affaire en Helaria. Mais Naim pensait qu’elle n’était pas beaucoup éloignée. Peut-être se cachait-elle dans ce village edorian.
Naim s’était interrogée sur la raison de cette manœuvre étrange. Pourquoi s’en aller si longtemps avant elle ? La réponse lui avait surgi aussitôt à l’esprit : pour éviter que l’on comprît qu’elles étaient parties ensemble.
Enfin, le rabat de la tente s’ouvrit et Diosa entra.
— Vous êtes prête ? demanda-t-elle.
— Depuis le début de la nuit, répondit Naim.
— Prenez vos affaires et suivez-moi.
Obéissant aux conseils de la stoltzin, donnés deux jours plus tôt, elle n’avait prévu qu’un petit sac, facile à transporter, dans lequel elle avait mis les objets auxquels elle tenait. Il était muni d’une sangle permettant de le porter en bandoulière. Elle le passa à son épaule. Puis sur la table de nuit, elle prit une lettre, déjà glissée dans une enveloppe qui n’avait pas été scellée. Elle la tendit à Diosa.
— Pour ma sœur.
DIosa ouvrit son manteau de velours pour la glisser à l’intérieur.
— Avez-vous respecté les consignes d’écriture que je vous ai données ?
— Oui.
— Je lui ferais parvenir.
Naim hocha la tête.
— Meisos vous bénisse.
D’un mouvement de tête, Diosa lui fit signe de la suivre.
La tente soigneusement refermée, les deux femmes se dirigèrent en direction du lac. Malgré le crissement qu’elle provoquait à chaque pas, la neige étouffait les bruits. Et même si on n’y voyait pas comme en plein jour, elle réfléchissait suffisamment la lumière des lunes pour voir où elles allaient.
Naim croyait qu’elles allaient emprunter un bateau de pêcheur amarré au ponton. Mais Diosa longea la rive par le sud jusqu’à atteindre l’émissaire. Quand elles parvinrent à la forêt, l’horizon commençait à s’éclaircir à l’est.
Les arbres qu’elles croisaient dans leur chemin n’étaient pas vieux. Ce n’était pas une forêt ancienne. Tout au plus une cinquantaine d’années. Et plus elles progressaient, plus les arbres étaient jeunes. Enfin, elles arrivèrent au campement où Diosa s’était cachée ces derniers jours. Ce n’était donc pas au village comme Naim l’avait d’abord cru. Tout était rangé dans un sac, le foyer éteint, les pierres qui le constituaient dispersées, et le tout recouvert de neige. Les Helariaseny avaient vite fait de s’adapter au mauvais temps.
Sur la berge, un canot était tiré. Ce n’était pas une barque de pêcheur, mais quelque chose de beaucoup plus simple : un tronc évidé et taillé dans lequel deux bancs avaient été prévus. Une pirogue.
— Où avez-vous trouvé ça ? demanda Naim.
— J’ai eu beaucoup de temps libre ces deux derniers jours.
— Vous l’avez fabriqué vous-même !
Naim était surprise. Elle ne s’attendait pas à ce que cette femme, qu’elle côtoyait depuis plusieurs douzains maintenant, fût si habile de ses mains.
— Ça a dû vous occuper un moment.
— Non, je l'ai taillé en quelques calsihons.
Elle prit son sac et le déposa dans l’embarcation.
— Au lieu de dire des bêtises, aidez-moi à la mettre à l’eau.
Naim regarda autour d’elle avant de reporter son attention sur la pirogue. Elle s’arcbouta pour la pousser dans le lit de la rivière.
— Je ne vois pas votre cheval. Qu’en avez-vous fait ?
— Il est capable de rentrer seul à l’écurie.
— Quelle écurie ?
Diosa se contenta de lui sourire. Une mauvaise habitude qu’apparemment elle partageait avec sa sœur et qui avait le don d’énerver Naim.
Quand la pirogue commença à flotter, Diosa monta à bord en faisant attention à ne pas se mouiller les pieds. Par ce froid, elle l’aurait payé cher. Elle s’installa sur le banc arrière, calant son sac entre ses jambes. Naim l’imita, elle prit place juste devant elle. Diosa ramassa une rame posée au fond de l’embarcation. Elle la passa à Naim.
— Savez-vous vous servir de cela ?
— Je connais le principe.
— Vous vous synchronisez sur mes mouvements.
— Vous êtes derrière moi. Comment je fais ?
— Servez-vous de vos oreilles.
En pagayant, elles s’éloignèrent de la rive. Arrivée au centre, elles commencèrent leur voyage en direction de l’océan.
Trois jours après la décision de Ciarma de se rendre en Orvbel, les Sangärens levèrent le camp. En moins d’une matinée, le contenu des tentes fut chargé sur des chariots ainsi que les tentes elles-mêmes. Il ne restait plus rien sur la plaine qui indiquait qu’une ville s’était trouvée là la veille à peine, si ce n’était le bâtiment en bois dans lequel Ciarma les avait reçus.
En tant qu’invitée d’honneur, Saalyn devait chevaucher à côté de la matriarche, en tête du convoi. Dalanas les accompagnait. Le vieux chef de guerre se pencha vers elle.
— Ton amie naytaine ne t’accompagne pas ? fit-il remarquer.
— Je n’arrive pas à la trouver, répondit Saalyn.
— Elle a dû se dégotter un beau mâle pour réchauffer ses nuits et aura tardé à se réveiller.
Saalyn resserra le col de son manteau en frissonnant. Et dire que quelques mois plus tôt, elle trouvait le climat trop chaud et souhaitait qu’il se rafraîchît. Elle avait été largement exaucée, beaucoup à son goût.
— Je pense plutôt, elle a dû profiter de la nuit pour s’esquiver et échapper à la prison. Je me lancerai à sa poursuite quand j’aurai le temps.
— La prison, qu’a-t-elle commis comme crime ?
— Elle a assassiné un edorian, en Honëga, lors de la fête du solstice.
Dalanas grimaça.
— Je comprends que tu sois sur les nerfs. Mais j’ai l’impression que tu n’as pas envie de la rattraper, constata Dalanas.
Elle regarda le cavalier. Un vaillant guerrier dans sa jeunesse, son visage exprimait la sagesse qu’il avait acquise avec l’âge.
— C’est elle aussi une victime de Brun, expliqua-t-elle. Il a choisi une femme, sous le seul prétexte qu’elle était musclée, a utilisé sa jeune sœur comme moyen de pression, et l’a envoyée accomplir une tâche pour laquelle elle n’avait ni prédisposition ni désir. Pour moi, c’est Brun le véritable meurtrier de cet homme.
— Et cela la mettra à l’abri de ton courroux ?
— Bien sûr que non.
Dalanas hocha la tête.
— Où crois-tu qu’elle soit allée ?
— Je l’ignore. Si elle est intelligente, elle va se perdre dans les cités libres de l’Ocarian et ne fera plus parler d’elle.
— Que va devenir sa sœur sans elle ?
— Tout dépendra de l’influence de Deirane au sein du harem, je pense. Mais à moins qu’elle ait beaucoup changé, elle a dû s’assurer qu’elle est en sécurité avant de nous envoyer Naim.
— Naim ? Je croyais qu’elle s’appelait Audham.
— Autrefois, je croyais que vous vous appeliez Dalbo.
Le Sangären porta ses mains à son cœur comme s’il venait d’être mortellement blessé.
— Touché, dit-il en riant.
— Vous m’aviez quand même bien couillonnée alors.
— Et vous donc ? J’accompagne une chanteuse dans son voyage initiatique. Je l’aide, la sauve et découvre qu’elle est en réalité la plus puissante guerrière libre de l’Helaria.
— Touchée, riposta-t-elle.
Ils éclatèrent de rire de concert. Ceux qui les entouraient les regardèrent sans comprendre.
Ciarma arriva enfin. Elle jeta un bref coup d’œil sur les deux amis avant de monter sur son cheval.
— Nous sommes prêts à y aller, annonça-t-elle.
— Alors, donne le signal du départ, conseilla Dalanas.
— C’est à moi de le faire ? Tu es le commandant de tous ces hommes. N’est-ce pas à toi ?
— Tu es la matriarche.
Comme le lui avait appris Dalanas quelques années plus tôt, elle leva le bras et lança le cri de ralliement. Toutes les conversations s’arrêtèrent aussitôt. Les cavaliers qui discutaient se tournèrent dans la bonne direction. Quand elle abaissa son bras, le convoi se mit en route.
Le Sangär n’était pas, au contraire des États centralisés, sillonné de voies. C’était un pays de cavaliers qui courraient librement à travers la plaine, sans se préoccuper de leur direction. Toutefois, certains trajets fréquemment employés avaient fini par former de véritables pistes. C’était vers l’une d’elles, qui reliait l’Yrian au Lumensten, que la troupe se dirigeait.
Le guide qui dirigeait la caravane connaissait son chemin. Le Sangär était vallonné. Il savait quelle vallée suivre pour atteindre le sommet des collines sans fatigue et quels chemins emprunter pour faire redescendre en toute sécurité les lourds chariots qui accompagnaient les cavaliers, tout cela malgré la neige qui recouvrait tous les obstacles comme les dangers. Certaines rivières étaient traversées à gué. D’autres, plus encaissées, avaient nécessité la construction d’un pont. On trouvait en général près de ces derniers, un village qui l’entretenait en échange d’un péage modique. Le Sangär se révélait bien mieux organisé que lorsque Saalyn l’avait visité pour la dernière fois. Il ne manquait plus qu’une instance centrale pour le structurer en État. Mais ce n’était pas à l’ordre du jour. Les tribus tenaient trop à leur indépendance. Si cela se produisait un jour, ce serait sous la forme d’un conseil à l’instar de ce qu’avaient créé chez eux leurs voisins du nord : les bawcks.
Lorsqu’ils voyageaient, les Sangärens ne remontaient pas leurs lourdes tentes habituelles. La première nuit, ils dormirent tous dans de petites tentes qu’ils partageaient avec deux ou trois compagnons. Saalyn, qui ne voulait pas créer de tension, aurait préféré dormir en compagnie de son frère. Mais ce fut finalement avec Hylsin qu’elle se retrouva. Fralen s’était en effet trouvé une partenaire pour la nuit, à l’imitation de leur sœur quelques jours auparavant. Et vu les gémissements qu’elle avait poussés ces nuits-là, Saalyn se promit qu’elle ne la laisserait plus jamais critiquer son mode de vie.
Le lendemain, ils atteignirent enfin la piste qui reliait le Lumensten à l’Yrian. Autrefois l’Orvbel l’utilisait pour faire transiter ses marchandises par voie terrestre en évitant l’Helaria. Mais la Pentarchie l’avait fermée quelques années plus tôt en reprenant le contrôle d’Elvangor. Un temps, cela avait perturbé le trafic du petit royaume esclavagiste, mais il s’était rapidement retourné en créant une déviation qui contournait la région. Cela l’avait obligé à négocier de nouvelles alliances pour la traversée du territoire de tribus sangärens, et mis fin à d’anciennes. Globalement, l’Helaria s’y retrouvait en affaiblissant les chefs de bande qui s’étaient emparés de la province à l’époque ou ce n’était encore qu’un État indépendant.
Atlan vint se place à côté de Saalyn. La guerrière libre lui renvoya un sourire avant de reporter son regard sur la route. Toutefois, elle restait attentive, il avait envie de parler. Comme il ne se décidait pas, elle ouvrit la discussion.
— Atlan. Je croyais que vous aviez disparu. Je ne vous avais pas vu depuis notre arrivée. Une affaire de cœur ?
— Mes amis m’appellent Al.
— Bienvenu, Al, je suis Saalyn. Mes amis m’appellent…
Elle réfléchit. Elle n’avait aucun surnom couramment utilisé. Ses amants lui en donnaient parfois, mais ils restaient personnels.
— Mes amis m’appellent comme ils le désirent.
Atlan sourit face à cette plaisanterie.
— Où vous cachiez-vous ces derniers jours ? J’ai l’impression que vous ne vous trouviez pas au camp hier.
— Je me suis absenté, confirma-t-il. Quand Mudjin est occupé au nord, je dois le remplacer dans les affaires courantes.
— Quand pourrais-je rencontrer Mudjin ? Depuis le temps que j’en entends parler, je n’ai jamais eu l’occasion de le voir.
Atlan inclina la tête en souriant.
— Ce sera bientôt chose faite. Il voyage léger, sans ces lourds chariots qui nous ralentissent. Il progresse plus vite que nous. Il nous attendra en Orvbel. Je suppose qu’il nous aura déjà réservé une place dans une hostellerie confortable. Toutefois, si je vous aborde maintenant, ce n’est pas pour évoquer mon père. En fait, j’ai une requête à vous faire.
Saalyn remarqua la nervosité du jeune homme. D’un sourire, elle l’invita à continuer.
— Pourriez-vous m’en dire plus sur Deirane
— Elle semble avoir une grande importance pour toi.
— Nous nous sommes rencontrés à la limite des bois, à la frontière de l’Orvbel.
— C’est ce que j’ai cru comprendre. Que faisait-elle là-bas ?
— J’ai vu passer un monstre et je suis remonté à sa source, elle s’y trouvait. Je crois qu’elle fuyait ce monstre. On n’a pas parlé beaucoup parce que les gardes rouges n’étaient pas loin. Mais ils m’ont expliqué qu’il avait attaqué le palais d’Orvbel et qu’on l’avait éloignée le temps de sécuriser les lieux.
— Mais mère m’a dit que le bouclier du palais était actif quand ils y sont allés. C’était peut-être à la suite de cela.
— Se protéger du monstre ? C’est possible.
Atlan hésita longuement avant de continuer. Saalyn le relança.
— Elle n’était pas seule, dit-elle. Il me semble qu’une autre femme l’accompagnait.
— Mericia. Je ne me suis pas beaucoup intéressée à elle. Je le regrette maintenant. Si je l’avais fait, j’aurais peut-être reconnu Anastasia. Mais, elle avait peur de nous et s’est réfugiée auprès des gardes rouges. Alors je l’ai laissée tranquille. Je l’ai à peine aperçue. Deirane s’est montrée plus confiante. Et puis le motif de pierre qui lui couvre tout le corps me paraissait bien plus passionnant à découvrir.
— Tu es en train de me dire que Deirane vous a laissé le voir ? Voilà qui ne lui ressemble guère. À moins que dans sa rencontre avec le monstre, elle ait perdu ses vêtements.
— J’avoue avoir une part de responsabilité dans cette affaire.
— Vous avez abusé d’elle !
— Abusé ! Pour qui me prenez-vous ?
L’air offusqué du jeune homme amusa Saalyn.
— Si vous avez réussi à vaincre ses réticentes, bravo ! Quand elle vivait à l’ambassade de l’Helaria, personne n’a réussi. Il est vrai que vu sa jeunesse, personne n’a essayé non plus. Mais revenons à Anastasia. Tu te reproches de ne pas l’avoir reconnue. Mais savais-tu au moins que Ciarma avait une sœur.
— Bien sûr. Mudjin a élevé Ciarma. Nous avons grandi ensemble. Elle m’a tout raconté des événements de Miles et de son passé. Au palais ducal, elle était très proche de sa sœur. Aujourd’hui encore, elle a du mal à accepter sa séparation.
Saalyn dévisagea le jeune homme, sa carrure d’athlète et son visage carré au menton volontaire. Il avait l’air réfléchi, mais elle le connaissait à peine.
— Que ferez-vous quand vous aurez confirmé que c’est bien Anastasia qui vit au harem d’Orvbel ?
— Je l’ignore. Je ne suis qu’un cavalier encore inexpérimenté. C’est à mon père de décider. Et il écoutera Ciarma. Peut-être qu’il lancera une attaque pour la délivrer.
— Tu sais que ça ne sera pas possible.
— Les forces du Sangär sont supérieures à celles de l’Orvbel.
— Mais la géographie de l’Orvbel en fait une forteresse. Le pays est formé de trois vallées très encaissées entourées d’une forêt épaisse. Aucune armée ne peut s’y déployer alors que ses défenseurs seront protégés derrière des remparts. L’armée de l’Orvbel est petite, mais elle vous donnera du fil à retordre. Et puis le problème du Sangär est similaire à celui de l’Helaria, vous ne pouvez pas utiliser votre force pour conquérir un pays. Tant que vous vous limitez à des pillages, les États vous supportent. Mais si vous vous lancez dans une opération de ce genre, ils prendront des mesures radicales. D’autant plus que le Sangär est un territoire immense et peu peuplé et traversé par de nombreuses rivières qui pourraient permettre une culture irriguée intensive. Un tel territoire excite bien des convoitises. Il vaut mieux éviter de donner un prétexte aux royaumes voisins.
Ce déluge d’informations interloqua Atlan.
— Vous avez bien étudié le sujet, on dirait.
— Wuq me transmet ses analyses qu’elle estime utiles à mon activité, expliqua Saalyn. Quand je poursuis un criminel, toutes les informations comptent. Savoir de quelles ressources il peut disposer m’aide à évaluer de combien de complices il s’entoure ou du temps que j’aurai à attendre pour qu’il sorte de sa cachette.
— Je ne me doutais pas que le travail de guerrier libre nécessitait ce genre de connaissances.
— Tu croyais qu’on se lançait sur les routes à la poursuite de criminels, comme ça, sans préparations.
— Sans préparations ! Non bien sûr. Mais je ne m’attendais pas à devoir connaître autant de données stratégiques.
Saalyn sourit.
— Je pensais comme toi au début, avoua-t-elle. Quand Wotan a commencé à me donner des cours de diplomatie et Wuq de stratégie, je me demandais à quoi cela allait me servir. Je n’ai pas suffisamment écouté. Et lors de ma première mission, j’ai ramené une armée hostile avec moi. J’ai retenu la leçon. Et quelques années plus tard, je négociais avec des empereurs.
— Et dire que je pensais que tout ce que vous pourriez m’apprendre aurait été comment améliorer mes techniques de combat ? Ou sur la manière dont vous avez mené certaines missions.
— Le terme de guerrier libre claque. Mais il est très mal choisi. Le combat est un élément infime de mon travail.
— Vous connaissez tant de choses, cela doit être passionnant de parler avec vous.
— L’avantage avec Saalyn, c’est que l’on comprend ce qu’elle dit. Calen est tout aussi passionnante, mais peu de gens sont capables de discuter d’égal à égale avec elle, intervint Fralen.
Le stoltzen s’était placé à côté de sa sœur.
— Tu es là, remarqua-t-elle, je ne t’avais pas entendu arriver.
— Pas entendu arriver ? Je suis transparent pour toi, c’est ça ! Bavarder avec un jeune homme qui a à peine un pour cent de ton âge, c’est bon. Mais moi qui suis ton frère depuis ta naissance, tu m’ignores !
— Deux pour cent, corrigea-t-elle.
— C’est ça, rabaisse-moi avec tes connaissances. Tu n’as pas honte de traiter ton frère ainsi.
— Ça suffit vous deux !
La voix de Hylsin gronda derrière eux, interrompant leur manège.
— On dirait qu’ils se disputent, mais c’est un jeu entre eux, expliqua Hylsin à Atlan.
Le jeune homme jeta un bref coup d’œil à la stoltzin.
— C’est sacrément convaincant en tout cas.
— En réalité, ils s’adorent. Dès que l’un des deux a un problème, l’autre surgit aussitôt pour se porter à son aide. Ils sont plus liés qu’avec n’importe lequel d’entre nous.
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