Lettre à une Princesse
Je suis arrivée sur place. Le reposoir était vide. Ils ont mit ton corps dans le cercueil prévu à cette effet. Dans ton cercueil. Je suis allée te voir. Je ne t'ai pas reconnu. Ce visage déformé, ses pomettes saillantes, cette bouche repliée. Ce n'était pas toi. Ce n'était pas la Princesse que j'ai connu. Qui souriait tout le temps, qui riait. Ce n'était pas toi.
Alors, j'ai pleuré. J'ai beaucoup pleuré.
Où es-tu mon ange ?
Aux cieux, je le sais.
Où es-tu ma Princesse ?
Dans un autre monde, il paraît.
Ils ont scellé ton cercueil. Je t'ai dis adieu du bout des lèvres.
Nous sommes arrivés devant l'église. J'ai dis bonjour à toutes ces personnes venues te faire un ultime adieu. Je leur ai murmuré ce « bonjour » qui m'a crucifié le cœur. Je ne voulais pas qu'ils soient là, tous ces gens. Je ne voulais pas que tu sois enfermée dans ce cercueil de bois.
Le curé a répété toutes ses prières. Les personnes autour de moi répétaient après lui. Et moi, moi, je ne répétais rien. Une seule phrase seulement. Celle qui demandait au Christ de t'accueillir au Paradis. Les autres phrases symboliques, les autres prières répétitives, je n'ai rien répété. Je n'étais pas concentrée. Mon corps tremblait, mon corps entier mourrait. Alors, j'ai encore beaucoup pleuré durant l'étape de l'église. Pleurer à ne plus pouvoir respirer. Pleurer à faire chier les gens dans cette putain d'église. En partant, j'ai tenu ta sœur, en larmes, par le bras. Elle a si mal tu sais..
Je suis sortie de cette église. J'ai pleuré, à m'en écorcher le cœur. Je t'ai pleuré.
Alors, ma cousine m'a rappelé les bons souvenirs que tu nous a tricoté. Lorsque tu racontais ta jeunesse, lorsque l'on était venue faire le ménage chez toi.. Tous ces souvenirs, enfouis au fond de moi qui ne cessent de refaire surface depuis ce putain de mardi 26 décembre.
J'ai tellement de haine, tu sais. Tu ne devais pas partir, tu devais rester avec moi, petite égoïste que je suis. Je t'aime bordel, je t'aime à m'en crever le cœur.
Mon pilier, ma confidente, ma diseuse de bons conseils, ma Princesse, mon amour.
Puis j'ai pensé au fait qu'il fallait que je reste digne devant tout ce beau monde. Qu'il ne fallait pas que je montre trop mes faiblesses. Et puis, je m'en suis fichue et ai explosé, à nouveau, en sanglots.
« Veille sur mes jours et sur mes nuits. Veille sur mon amour et ma vie. »
Repose en paix, ma Princesse.
Je t'aime. Au-delà de la Mort.
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