Chapitre 9 : Vacances passées - Partie 1 : le cottage. (nouvelle version)
Posé sur un promontoire, le cottage aux volets bleus était le seul point d’ancrage dans cette nature sauvage. La terrasse, ornée de rosiers pourpres, faisait face à l’océan tel un observatoire à cent quatre-vingt degrés. De tout bord, les habitants des lieux profitaient du lever au coucher du soleil. L’astre majestueux, libéré par la mer, tel la marée haute s’effaçait pour laisser la place à un lit de sable blanc.
En ce début d’août, la lumière du matin éclairait les eaux turquoises de reflets dorés, cuivrés comme le whisky qui se mouvait dans le verre. Un cheval à la toison et crinière blanche, posé pour déguster des touffes d’herbes folles de couleur vert tendre profitait du moment. Dans le ciel, un sterne arctique tel un cerf-volant planait sur l’océan. Cette maison proche de Luskentyre était le lieu idéal pour des vacances en famille.
Assise sur la terrasse, elle observait la nature s’épanouir au grand jour. Un homme, derrière elle, une main posée sur son épaule, admirait les montagnes côtières qui se relayaient à l’infini. Il se pencha, pour glisser à l’oreille un « je t’aime » et déposer un baiser sur ses lèvres.
Tous les deux étaient venus dans ce coin reculé pour leurs vacances d’été. Elle avait ressenti le besoin de se ressourcer sur les terres où elle passait ses vacances d'adolescente. La femme voulait partager ces moments précieux avec ceux qui comptaient le plus pour elle.
Il lui tendit une tasse de thé et s’installa sur la balancelle auprès de sa femme. Elle posa sa tête sur son épaule et se laissa bercer.
– Où veux-tu aller avant que nous rentrions ? demanda-t-il avec douceur.
– J’aimerais tant pouvoir arrêter le temps, nous sommes si bien ici soupira-t-elle.
– Je te comprends, le lieu est apaisant.
– Je lui ai promis de nous rendre jusqu’aux Blacks Houses à Gearrannan, ajouta–t-elle avec un sourire.
– Ok, en attendant allons faire quelques pas sur la plage.
Main dans la main, le couple fila, profitant que l’océan ait cédé la place au sable fin. Ils se faufilèrent le long de cette rivière éphémère pour rejoindre la plage. Ils leur semblaient à leur tour être revenus vingt ans en arrière.
Il était neuf heures vingt quand Céléna ouvrit les yeux. Elle réalisa qu’il n’y avait aucun bruit autour d’elle. Elle se leva et regarda par la fenêtre. La nature, face à elle, dessinait un tableau vivant à couper le souffle. Elle était tombée sous le charme de cette région, heureuse de passer des vacances avec ses parents.
Maman avait une fois de plus eu une excellente idée. Cette semaine avait été une belle découverte et elle attendait avec impatience cette dernière journée. La sortie programmée lui permettrait de remonter le temps, elle ressentait ce besoin viscéral de se rendre sur les terres où étaient érigés les Blacks House.
Depuis que Isabel lui avait parlé de ce projet, elle était retournée se documenter sur l’histoire des Orphelins déportés. Elle ne savait pas pourquoi, elle avait besoin de marcher dans leurs pas. La jeune femme venait juste de fêter ses vingt ans, elle avait suivi un chemin bien différent que la plupart d’entre-deux. Elle avait envie de leur rendre hommage à sa façon. Cette démarche lui semblait importante.
Elle entra dans la cuisine, se prépara un thé et s’installa à son tour sur la balancelle. Le soleil généreux en cette matinée l’enveloppa d’une douce chaleur. Au loin, ses parents marchaient au bord de l’eau main dans la main. Elle attrapa son carnet qu’elle avait glissé dans sa poche et commença à écrire. Elle griffonna à peine une vingtaine de lignes quand Isabel et Harold apparurent avec un sourire qui ne trompait pas, ils étaient tellement amoureux l’un de l’autre.
– Tu es prête ? lança Harold.
– Oui, nous pouvons partir pour cette dernière randonnée.
– Alors en route, nous avons une bonne heure vingt de route. Tiens prends donc les clés.
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