Chapitre 9 : Vacances passées - Partie 2 : Black House. (nouvelle version)
Ils montèrent dans la voiture louée pour la semaine et se laissèrent guider par les étroites routes de l’île. Les paysages somptueux se succédaient. Ils firent une pause pique-nique au bord d’un loch peu avant le site des Black House. Céléna se gara sur le parking en retrait, le village n’était accessible qu’à pied.
De ce lieu se dégageait une ambiance mystérieuse. Isabel et Harold proposèrent à Céléna de se joindre à eux, le guide touristique parlait d’un tisserand passionné, la mémoire vivante du coin. Céléna hésita avant de décliner la proposition, de son côté elle voulait errer sur les chemins et s’ imprégnait de tout ce qui l’entourait.
– Nous nous retrouvons à la voiture, proposa Harold. Dans combien de temps ?
– Dans deux heures si cela vous convient ?
Elle laissa ses parents à leur découverte et partit à son tour guidée par ses propres pensées. Elle s’adossa à un mur, posa ses mains sur celui-ci comme pour entendre son pouls et les secrets qu’il enfermait. Cette sensation la troubla. Cet endroit, intriguant, l’obsédait sans pour autant l’effrayer. Tout lui paraissait commun et pourtant elle n’était jamais venue ici. Les seules images en sa mémoire, étaient celles qu’elle avait découvertes dans les livres d’histoires ou lors de ses recherches sur internet.
Après avoir scruté l’intérieur de la maison par la seule fenêtre visible, elle décida de prendre le large. Elle voulait aller se poser sur la plage en contrebas du village, elle ressentait le besoin d’écrire. Céléna savait précisément ce qu’elle allait poser sur le papier, une évidence. Elle devait le faire pour se libérer d’un poids.
Curieuse, elle suivit le chemin qui la guidait vers l’océan, impatiente. Elle avait vingt ans, c’était le bon moment. Elle se mit à trottiner, elle se sentait légère et cette impression l’enivrait.
À bout de souffle, elle découvrit le petit cimetière au bord du chemin. Elle avança en direction de la plage, pour ne pas perturber la paix du lieu. Assise dans le sable fin, Céléna prit son stylo et commença à écrire.
Seule au monde, elle pouvait finir ce qu’elle avait commencé en début de matinée sur la terrasse. La plume glissa avec facilité sur la feuille, allant parfois plus vite que ses pensées elle-même. Au fur et à mesure de l’avancée des lignes, son cœur se faisait plus léger. Des larmes glissaient de temps à autre, elle n’était pas triste, au contraire les mots étaient pleins de gratitude et d’espoir.
Céléna n’avait plus conscience du temps, loin de là où elle se trouvait et pourtant si ancrée à ce monde qui l’entourait. Elle reprit un instant la lettre, la relut pour être sûre qu’elle exprimait ce qu’elle ressentait et qu’elle n’avait rien oublié. Elle la replia délicatement et la posa dans une enveloppe sur laquelle elle avait déposé ses initiales CMG. Elle les avait dessinées à l’encre noire et agrémentées de chardon, emblème national de son Écosse si chère.
Elle mit le tout dans un petit étui en cuir et se rendit en direction du cimetière. Tout au long du chemin, elle ramassa des galets pour construire un cairn, pour protéger sa lettre. Céléna déposa une pierre l’une après l'autre, quand elle entendit un bruit derrière elle et sentit une main lui attraper sa chemise.
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