« Ne rien laisser au hasard » la devise brodée sur le nouveau sac de golf de Mike. Le sportif sourit en la voyant, Henriet et Arthur avaient mis dans le mil, chaque chose était rangée à sa place et ainsi il se sentait prêt à relever tous les défis.

Ils étaient rentrés avec Olivia depuis plus d’une heure déjà. Partir en balade avec Grand-Ma était toujours agréable, la journée avait tenu toutes ses promesses. Il voyait son déroulement dans les moindres détails : du lever du soleil s’extirpant de l’eau turquoise de la plage de Gary Beach, à la rencontre avec la famille en virée dans son camping-car, jusqu’aux derniers rayons s’évanouissant dans l’Océan dans ce petit port proche de Garraman.

Cette parenthèse sur les terres sauvages laissait en lui une vague de bien-être. Les souvenirs de ses parents évoqués avec Olivia et Beth avaient agrémenté ce mercredi et lui donnaient l’énergie nécessaire pour affronter la suite.

Maintenant, seul dans sa chambre, Mike s’activait, il ne voulait rien oublier. Tout le nécessaire se trouvait dans la valise, un vrai expert dans l’art du pliage. Rien ne dépassait, pour gagner du temps. Le jeune homme avait appris à être efficace lors de ses nombreux déplacements sportifs ou professionnels. Après une dernière vérification, il ferma ses bagages et les déposa au pied de son lit.

Puis, le moment de vérifier minutieusement son caddie arriva, plutôt deux fois qu’une. La première, pour être sûr que tout était en ordre, la seconde au cas où il aurait loupé quelque chose ! Hors de question pour lui de se retrouver avec un driver ou un putter non opérationnel. Il participait à son premier grand tournoi professionnel, et ne voulait pas laisser le moindre détail lui échapper.

Il recouvrit chacun de ses clubs de leur chaussette respective, bien au chaud, ils seraient prêts à passer à l’action. Ce rituel restait important avant chaque tournoi, tel le mécanicien qui vérifiait la voiture avant la course.

Mike, impatient de fouler les greens de Saint Andrews ne tenait plus en place. Il lui tardait de montrer ce qu’il avait dans le ventre et de se confronter aux meilleurs. Le golfeur réalisait son travail de visualisation, répétant chacun de ses gestes à vide. Il commençait par les frappes au départ du parcours jusqu’au putting pour les approches. Il les répétait inlassablement, les rendant automatiques, gagnant en efficacité et en assurance.

À ce moment-là, Joseph toqua à sa porte.

– Mike, est-ce que je peux entrer ?

– Oui, viens donc je suis en train de terminer mon caddie.

– J’arrive juste au bon moment.

Joseph apparut avec un paquet dans les mains.

– Encore un cadeau, vous me gâtez bien trop.

– Cette fois, je n’y suis pour rien.

Mike débarrassa son grand-père, l’objet était plus volumineux que lourd.

– Non, ce n’est quand même pas ! dit Mike avant même de l’ouvrir.

– Ouvre, tu en auras le cœur net.

Mike retira le papier sans plus attendre, tout en se demandant comment cela pouvait-être possible en si peu de temps ?

– Incroyable ! Comment a-t-il pu réaliser un tel exploit en un jour à peine ?

– Il est aussi déterminé que tu peux l’être, et puis il voulait permettre à son favori d’être au top ce week-end, sinon il n’aurait plus personne à encourager !

– C’est de la folie, comment pourrais-je le remercier ?

– En donnant le meilleur de toi-même sur le green.

– Il est parfait, c’est la copie parfaite du mien. Mais non c’est le mien, c’est encore mieux.

Mike tenait son driver en main, celui qui s’était brisé, il y a à peine trois jours. La réparation n’était pas visible parce qu’il s’agissait bien de son club. Mike ne put résister et fila dans les escaliers, croisant au même moment Olivia qui montait se coucher.

– Où va-t-il aussi vite ? s'inquiéta Olivia.

– Oh, je pense qu’il veut faire un petit test de matériel, rétorqua Joseph.

– Il n’est pas un peu tard, il ne va plus rien voir.

– Il a pris une de tes balles lumineuses, et puis la nuit est claire.

Olivia rebroussa chemin, curieuse de voir Mike en action. Joseph et Olivia installés sur la terrasse, observaient leur champion. La pleine lune éclairait d’une douce lueur blanche le jardin et l’océan. Ce n’était pas la première fois que Mike investissait le coin pour s’entraîner. Quand il était adolescent, il venait s'entraîner en fin d’après-midi juste après ses devoirs et jusqu’au coucher du soleil. Mais là, la scène était des plus improbables, Mike avait sur lui seulement son caleçon et ses claquettes. Il posa la balle sur un tee. Le driver en main, il lui tardait de lâcher son coup. Il arma et frappa avec fluidité sous le regard admiratif de ses grands-parents. La balle s’envola et disparut dans l’océan, telle une étoile filante s’évaporant dans l’infini. L’astre opalin éclairait son torse et lors de l’impact, il avait mis en lumière tous ses muscles pendant l’effort.

– Quel coup mon grand, applaudit Joseph. Parfait. Je ne sais toujours pas comment tu fais ? Mais, c’est exceptionnellement bien fait.

– Super Miky. Maintenant, si tu veux être performant demain, tout le monde doit dormir. Nous partons dans cinq heures, et si nous ne voulons pas faire la traversée à la nage, ajouta Olivia.