Chapitre 10 : La lettre - Partie 2 : les premiers mots. (nouvelle version)
Avant de ranger le club dans son sac, Mike l’observa à nouveau et découvrit, gravé sur le shaft, un mot « mon super héros » et un dessin entourés autour.
« Grand – Papi m’a laissé choisir les mots pour ton driver, j’espère qu’il te sera utile pour envoyer la balle au loin. Bonne chance à toi. Signé : Harrold ».
Mike, touché par cette attention, n’en revenait toujours pas de tenir son driver. Comment arriverait-il à trouver le sommeil ? Les émotions le traversaient de part en part.
Il saisit son blouson, glissa le mot et le dessin d’Harrold dans sa poche intérieure et au même moment une enveloppe tomba à ses pieds. Mike l’avait oubliée, trop accaparé par ses préparatifs. Il se baissa pour la ramasser, et des tas d’images revinrent au contact du papier. Il revit le visage de la fillette qui la lui avait confiée cet après-midi. Il s’interrogeait sur son contenu. La curiosité l’emporta, il s’installa sur le rebord de sa fenêtre, la lune pour seul témoin. Après tout, il ne s’agissait là que de quelques mots, pourtant ils avaient réconforté Ophélie. La lettre l’appelait, et pourtant il ne voulait pas se montrer indiscret. Il la reposa quand il revint sur ses pas, intrigué par les initiales tracées sur l’enveloppe : CMG. L’enfant la lui avait donnée, un véritable trésor dont il en était à présent le garant. Devait-il pour autant l’ouvrir ? Il ne voulait pas être un voyeur, la feuille dépliée dans ses mains, les premiers mots enveloppaient tout son être.
« Aujourd’hui, en ce mois de juillet, je fête mes vingt ans et je suis prête à me livrer. Vous n’aurez jamais l’occasion de lire cette lettre et pourtant je sais au fond de moi que je dois l’écrire. Vous resterez ceux qui m’ont offert le plus beau cadeau que l’on puisse accorder à une enfant : la vie ».
Mike prit une pause, il avait besoin de reprendre son souffle. Il ne put décrocher son regard des mots formés avec de belles courbes. Il sentit qu’il s’immisçait dans une vie qui n’était pas la sienne. Il plongea à nouveau dans les lignes.
« Papa, Maman, vous serez pour toujours en moi. Je n’ai été que quelques secondes dans vos bras, cependant j’ai encore le sentiment de sentir votre chaleur me recouvrir. Nous avons été séparés bien trop tôt et nos chemins n’ont pu être dessinés comme nous l’aurions voulu. Je veux par ces quelques mots vous remercier de m’avoir donné le meilleur de ce que vous étiez et j’espère que vous êtes fiers où que vous soyez de voir la femme que je suis. Je sais que je ne vous verrai plus jamais, que la vie vous a foudroyés et pourtant souvent j’ai l’impression de vous sentir à mes côtés.
Mes quatre premières années n’ont été qu’une parenthèse dans cet orphelinat, plutôt heureuses de ce que je m'en souvienne encore et toutes les personnes qui ont croisé ma route m’ont toujours apporté bien plus que je n’en aurais demandé. »
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