Après avoir salué la famille, les trois rejoignirent la voiture. Joseph, à la place du copilote, se tenait prêt à guider Mike, Olivia, quant à elle, calée sur le siège arrière profitait du paysage.

Le voyage, des plus sympathiques, était agrémenté par les conversations de chacun, un aller-retour autour du week-end à venir. Mike,comme à son habitude, avait programmé les grandes lignes, soucieux de ne pas se laisser déborder par les éléments du quotidien. Les mauvaises langues lui auraient collé une étiquette estampillé : tatillon. En homme organisé, il avait prévu chacune de ses tenues. Joseph adorait le taquiner sur ce trait de caractère hérité de son père et lui rappelait que son géniteur disait qu’il n’aimait les imprévus que s’il les avait prévus.

Treize heures trente s’afficha sur le tableau de bord quand ils franchirent le panneau de Saint Andrews. La première occupation de ce début d’après-midi était de se présenter à l’hôtel. Le bâtiment, en retrait, se trouvait à à peine cinq minutes à pied du golf. Chacun de leur côté, ils prirent possession de leur chambre pour déposer leur affaires. Ils restaient une bonne heure encore avant le début du premier tour. Mike sentait les battements de son cœur tambouriner dans son torse, il ne tenait plus en place, ses mains moites. Ses doigts s’agitaient, il avait besoin de commencer. Aussi, il enfila sa tenue, frappa à la porte de Joseph et ils partirent bras dessus bras dessous en direction du golf sous le regard admiratif d’Olivia. Grandma leur fit la promesse d’être là à temps pour le début de la compétition.

Dans le hall, les joueurs se pressaient pour se présenter aux officiels afin d’apposer leur signature. Les mouvements des uns et des autres lui donnaient des frissons. Le sportif appréciait cet instant, juste avant de fouler les greens, un round d’observation instructifs. Aujourd’hui, il se présentait en petit nouveau et devenait celui que l’on scrutait. Entouré des meilleurs professionnels du moment, spécialistes de ce genre d’événement, Mike n’était pas inquiet, juste curieux de voir comment il allait pouvoir se positionner. L’amateur avait conscience que le premier tour était essentiel. Seuls, les meilleurs franchiraient le cut. S’il voulait être dans le wagon de tête, il devrait tout donner, attaquer le drapeau sans se laisser emporter par la fougue.

– Monsieur Mike Alistair Conroy ?

Joseph donna un léger coup dans le bras de son petit-fils, perdu dans ses pensées.

– Ah oui, pardon, excusez-moi, répondit-il aussitôt.

Mike apposa sa griffe en face de son nom. Puis ce fut au tour de Joseph à qui l’on remit la tenue officielle des caddies, dans son dos était inscrit le nom du golfeur.

– Vous commencez dans une heure et demi, aussi si vous souhaitez vous échauffer, vous pouvez vous rendre sur le practice à l’arrière du golf.

Avant de se lancer dans l'aventure, un bref passage au restaurant du golf s’imposait, pour attraper un petit encas. L’agitation du lieu contrastait avec le calme au petit matin sur le ferry. Des serveurs s’activaient de tous les côtés pour répondre aux attentes de clients parfois trop exigeants. Mike tendit ses deux bouteilles d’eau à Joseph pour qu’ils puissent les glisser dans le caddie en sortant. Alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie, une jeune femme heurta Joseph qui sous l’effet de la surprise se retrouva assis sur une chaise tout autant surpris que la demoiselle.