Céléna remonta le chemin en terre qui menait à la route principale. Le ciel, plus sombre, annonçait l’orage, les nuages glissaient vers St Andrews. Avant de rejoindre son père au Old Course, elle passerait par l’hôtel pour se changer, un simple jean et un pull ne conviendrait pas pour son prochain rendez-vous. La jeune femme gara la voiture sur le parking et rejoignit sa chambre. Sur le porte manteau était accroché sa jupe kilt verte, celle portée pour sa remise de diplôme agrémenté d’un pull à col roulé.

Avant de refermer la porte de la chambre, elle aperçut les deux sacs de sport posés accompagnés de deux sacs de couchage. Christophe et Sam devaient être arrivés et Isabel ou Harold leur avaient donné un double des clés. Céléna se réjouissait à l’idée de les retrouver ce soir. Elle attrapa sa pochette avec ses papiers. Son père s’était chargé de son côté de faire livrer les caisses de bouteilles pour les dix premiers joueurs du tableau final et en plus de celles remises au vainqueur du tournoi.

Elle se rendit à pied au club, l’orage n’était pas encore. Se promener dans les rues de Saint Andrews était toujours un agréable moment. Elle passa devant la troisième plus ancienne université du monde anglophone, fondée en mille quatre-cent-treize. Ce bâtiment en imposait par sa taille, elle le longea en songeant à toutes les personnalités qui avaient foulés cette grande étendue d’herbe, située au cœur des murs.

Céléna déambulait dans les rues, appréciant l'effervescence de la ville. Curieuse et impatiente de vivre en direct un tel événement sportif, elle accéléra ses pas pour regagner le terrain de jeu. Devant l’entrée du golf, la foule était conséquente. Tant bien que mal, elle se fraya un passage jusqu’à l’entrée du restaurant, là où devait l’attendre Harold. Sa carte de VIP lui donnait accès à tout le golf, un privilège.

Après avoir partagé un moment calme chez la famille Lroy, elle pénétrait dans un monde surexcité rempli de testostérone. Un serveur la guida jusqu’à la table où elle retrouva son père en grande discussion avec le responsable markéting du Old Course, un jeune homme d’une trentaine d'années très élégant et qui ne devait pas laisser la gent féminine insensible.

Céléna ne passa pas inaperçue dans ce lieu, les filles ne se bousculaient pas. Les fans féminines prenaient place sur le parcours, dans ce club house elles n’y étaient pas invitées. Le concours était lancé depuis plus d’une heure pour les premiers participants.

– Céléna, tu arrives juste à temps, j’étais justement en train de dire à Monsieur Mac Fish que tu avais un rendez-vous et que tu n’allais pas tarder, déclara Harold.

Céléna s’installa et déposa sa pochette à ses pieds.

– Puis-je vous offrir un rafraîchissement ? demanda Mac Fish.

– Je veux bien un thé au caramel si c’est possible.

– Votre père m’a dit que vous étiez une experte en dégustation, enchaîna-t-il après avoir passé la commande au serveur. Pourriez-vous goûter le vin, que nous souhaiterions proposer pour le repas du treizième trou ? Nous n’avons pas de sommelier, aussi quand votre père m’a dit que vous étiez œnologue, je me suis dit que vous pourriez me rendre ce service.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Mac Fish réapparut avec la bouteille, l’ouvrit et servit un peu de liquide dans un verre. Céléna commença sa dégustation. Elle était à son affaire. Peut-être s’agissait-il là d’un test déguisé ? Sa surprise fut d’autant plus grande quand elle reconnut le cru de Bordeaux, sa couleur, son arôme. Troublée, elle échappa le verre. Céléna n’avait pas pour habitude de se laisser déstabiliser même si le vin semblait moyen voir médiocre.