Chapitre 13 : Franchir le cut - Partie 2 : coup de stress. (nouvelle version)
Dans le hall d’entrée, Mike et Joseph rencontrèrent les premiers sportifs qui se rendaient sur les greens. Le bas de tableau débutait la compétition puis on remontait le classement au fil de la journée. Comme la veille, les joueurs réalisaient la même routine, signer le cahier de pointage, récupérer leur matériel avant de pouvoir pénétrer dans la zone d’entraînement. Mike espérait taper dans la balle et lâcher ses coups.
– Je passe au restaurant pour faire nos réserves en bouteilles d’eau, lança Joseph avant que Mike ne disparaisse en direction du practice.
En cours de route, Grandpa croisa une jeune femme qui l’interpella :
– Bonjour. Je suis encore désolée pour hier, s’excusa-t-elle une nouvelle fois. J’espère que notre télescopage d’hier n’a pas laissé de bleus ?
– Bonjour mademoiselle. Non rassurez-vous, tout est rapidement rentré en ordre, lui répondit Joseph avec un grand sourire.
– Si j’ai bien compris, vous officiez en tant que caddie ? poursuivit Céléna. Voilà une grande responsabilité.
– Un peu, mais le joueur que j’accompagne est toujours bienveillant.
– Mon père apprécie particulièrement ce sport. D’après lui, votre protégé a un avenir prometteur. Je vous souhaite beaucoup de réussite à tous les deux, conclut-elle.
– Merci bien mademoiselle, croiser votre route fut un plaisir.
Chacun partit dans sa direction, quand Joseph réalisa qu’il ne lui avait même pas demandé son nom. Aucun des deux ne s’était présenté. Grandpa se retourna, la jeune femme s’était évaporée.
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Mike enchaînait les frappes, concentré, il n’entendit pas Joseph lui parler. Plongé dans sa bulle, l’athlète cherchait la précision du geste.
– Mike, nous devons y aller, j’ai entendu qu’ils annonçaient le départ de notre partie, insista Grandpa en attrapant le sac de clubs.
– Ok, je te suis, se résigna-t-il.
– Tout va bien mon grand ? tenta Grandpa à nouveau.
– Super, ne t’en fais pas.
Les deux hommes se présentèrent au départ, Wilco Nienaber, déjà en place avec son caddie, les salua :
– Bonjour, Mike,
– Ravi de pouvoir jouer avec toi, j’ai vu tes résultats d’hier, je pense que nous allons pouvoir passer une bonne journée.
– Tout à fait d’accord, tu es un adversaire de choix.
– Et nous n’attendons pas le troisième joueur ? suggéra Joseph.
– Non, il vient d’être annoncé forfait, précisa le caddie de Nienaber.
– Ce n’est pas de chance pour lui, regretta Mike.
Cet échange cordial entre les deux jeunes joueurs fut particulièrement apprécié par les spectateurs présents. Le premier à entrer en lice fut Wilco. Le sud africain entamait son coup sur un des fairways les plus larges du golf. La prudence s’imposait pour ne pas être hors limites à droite et à gauche. Avec ses trois cent soixante-seize yards, distance courte pour un par quatre. Wilco visa à gauche, vers le buisson d’ajoncs au bord du Swilcan Burn. Mike plaça sa balle dans le Ruff bord du hors limite droit. Cette mise en action le mettait dans une situation inconfortable d’entrée. Il réalisait un par, là où son adversaire fit le birdie.
– Bon et bien ça s’est fait, annonça-t-il à Joseph, résigné.
– Non, un départ un peu hésitant, c’est tout. Tu as voulu trop en mettre, nuança son caddie.
Joseph perçut la nervosité qui gagnait Mike, pourtant il n’y avait aucune raison. C’était un trop tôt dans la journée. Alors qu’ils cheminaient en direction du trou numéro deux, Joseph s’approcha de Mike, perdu dans ses pensées. Grandpa resta à ses côtés sans dire un mot.
Nienaber, au départ du trou numéro deux, avait gagné le privilège de débuter en remportant le trou précédent. Il s’agissait d’un par cinq avec quatre cent onze yards. Wilco, muni de son driver, voulait marquer le coup. Il se plaça à gauche du tee pour éviter les bunkers et les ajoncs positionnés sur la droite. Des applaudissements montèrent du public, le golfeur venait de réaliser un sacré coup, se plaçant idéalement à droite du bunker. Il était parti pour réaliser un deuxième birdie consécutif.
Mike hésitait entre son drive et son fer, perdu dans ses pensées, tel un pantin à qui on venait de couper le lien qui l’unissait à l’artiste. Il avait perdu tous ses repères, le jeune homme errait sur l’aire de départ. Joseph s’inquiétait, son protégé était fébrile, nerveux. Tous les regards étaient tournés sur lui. S’il prenait trop de temps, il récolterait d’un avertissement. Mais le plus surprenant, il ne réagissait pas. Grandpa prit les choses en main, il ne pouvait pas laisser son petit-fils dans cet état.
Le caddie attrapa le driver encore emmailloté dans sa chaussette, et le tendit à Mike sans prendre la peine de l’enlever. Il était à ses côtés pour préparer le matériel. Là, il se garda de le faire, voulant provoquer une réaction. Au contact du lapin Jamy, Mike eut un électrochoc, le doudou venait de le ramener à la vie. Joseph avait réussi son pari. Driver en main, Mike se présenta face au tee et sans aucune préparation, frappa. La balle s’envola et libéra toute la nervosité qui avait tétanisé le jeune homme jusque-là. Ce jet fut une réussite, la balle roula sur le fairway pour se poser juste à côté de celle de Nienaber.
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