Chapitre 16 : « Papa j’ai besoin de toi » - Partie 2 : déposition. (nouvelle version)

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Céléna, aux côtés de son père, sortirent de l’hôtel et prirent la direction du centre-ville. Il était encore tôt, seuls quelques sportifs courageux partaient pour un jogging matinal, les supporters quant à eux finissaient leur nuit au chaud sous leur couette. Céléna avait mis la radio pour combler le silence. Sur les ondes, les journalistes parlaient de la journée d’hier détaillant les résultats et faisant des pronostics sur les potentiels vainqueurs.

– Alors papa, qui est ton favori ? demanda Céléna, curieuse.

– Je ne sais pas trop, hésita son père, pour l’instant je dirai que c’est très serré entre les cinq premiers. Et la météo peut s'avérer un concurrent de taille pour tous, les nuages qui arrivent de l’océan risquent de changer la donne avant la fin de la soirée.

– J’espère que tu pourras aller sur le parcours avant la fin de la matinée, soupira-t-elle, ce serait dommage que tu ne puisses en profiter, par ma faute.

– Ne dis pas de bêtises, gronda-t-il en ralentissant à l’approche du centre, j’irai quand je pourrai et si ce n’est pas possible je suivrai les résultats à distance.

Après avoir trouvé une place, ils longèrent la rue qui menait au commissariat. Céléna se tenait proche de son père comme pour se rassurer. Au moment de franchir la porte, elle sentit un pincement au cœur. Harold lui prit la main, sa paume était glacée. L’inspecteur Mac Give arriva à son tour avec une mine qui ne laissait présager rien de bon.

– Mademoiselle Mac Craig, salua-t-il avant d’ajouter avec une voix douce, je suis content de vous voir. Merci d’être venue.

– Bonjour Monsieur Mac Give, mon père m’a dit que vous souhaitez nous parler, ajouta-t-elle.

– Oui, veuillez me suivre, nous serons mieux dans mon bureau, proposa-t-il.

Céléna marchait derrière les deux hommes. La traversée du couloir sembla interminable.

– Entrez et asseyez-vous. Puis-je vous proposer un thé ? commença l’inspecteur.

– Pourrions-nous en venir aux faits ? suggéra Céléna avec une pointe d’inquiétude dans la voix.

– Merci pour le thé, dit Harold pour faire descendre la tension.

– Comme vous le savez probablement, nous avons arrêté Martin Duchai hier dans la soirée avec l’aide de vos amis. Le jeune homme était relativement agité, nous l’avons donc conduit au poste afin de l’interroger.

– Et… soupira Céléna

– Et bien, après une heure dans nos bureaux, nous avons dû le laisser partir,se désola-t-il.

– Comment ? s’offusqua Harold. Comment est-ce possible ? Pourquoi n’avez-vous pas pu le garder.

– Le jeune homme a les moyens de se payer un très bon avocat et apparemment il a de très bonnes relations.

– Et cela suffit ? interrogea Harold. Les charges contre lui n’étaient pas assez importantes ?

– Mademoiselle, ajouta-t-il en se tournant vers Céléna, j’ai besoin de votre témoignage et par la suite je souhaiterai savoir si vous voulez déposer une plainte pour enlèvement. Dans cette optique, nous pourrons l’arrêter.

Céléna scruta son père, il comprit qu’elle ne savait plus ce qu’elle devait faire. Elle, d’habitude si sûre et enthousiaste, semblait désemparée. Il décida alors de répondre à sa place :

– Monsieur l’inspecteur, pouvez-vous nous laisser un moment pour digérer l’information ? Il me semble tellement injuste de nous retrouver dans une telle situation.

– Oui, je comprends.

L’inspecteur sortit de la pièce, et ferma la porte pour qu’ils ne soient pas dérangés. Céléna se dirigea vers la fenêtre et l’ouvrit en grand, un bol d’air l’aiderait à clarifier ses idées. Son regard suivit les battements d’ailes de l’aigle royal qui filait en direction de l’océan, le rapace majestueux semblait si libre. Céléna sentit son cœur libéré comme si cet oiseau venait de lui offrir un signe, la certitude qu’aujourd’hui une page se tournait.

– Papa, rappelle l’inspecteur, enchaîna-t-elle, je vais faire ma déposition et porter plainte. Martin en a assez fait, il est temps qu’il comprenne qu’il ne peut pas me considérer comme sa chose. Cet homme ne me manipulera plus à sa guise. J’ai besoin d'écrire officiellement les faits. Après, aux autorités de prendre le relais.

– Tu es bien courageuse, approuva son père. Je vais le chercher.

Harold sortit du bureau, Céléna resta seule avec ses pensées. Elle saisit son portable pour envoyer un message à Sam pour le prévenir de la situation et surtout leur demander de poursuivre leur route pour récupérer ce dont elle avait besoin. « Ne vous inquiétez pas pour moi, soyez prudents sur la route, je vous attends vers quinze heures devant le golf. Bisous, Céléna ».

L’inspecteur Mac Give et Harold apparurent en grande conversation.

– Bon nous sommes d’accord, lança Harold.

– Oui Monsieur Mac Craig, confirma l’inspecteur, vous pouvez compter sur moi. Mademoiselle, nous pouvons commencer.

Céléna, assise face à l’inspecteur, répondait à chacune des questions avec une grande précision et sans aucune hésitation. Calme et déterminée, elle énonçait les détails sans en omettre un seul. Harold la couvait du regard, avec l’amour. Il admirait son enfant qui avait grandi bien trop vite. Maintenant, elle était devenue une femme, il ne pourrait plus la protéger comme il le souhaitait, elle allait à son tour construire sa vie. Céléna conclut :

– Monsieur l’inspecteur, puis-je vous demander une faveur ?

– Dites-moi et je verrai ce que je peux faire ?

– Pouvez-vous m’assurer que les démarches que j’entreprends ne seront pas vaines ?

– Je ferais tout ce qui est possible pour que vous ne soyez plus importunée par ce jeune homme. Nous allons récupérer les témoignages de vos amis afin d’étoffer le dossier et je vais me renseigner auprès de mes collègues français.

– Je ne suis pas sûre qu’il vous soit d’une grande aide, déclara Céléna.

– Je verrai ce qu’il en est. Pour l’instant sachez que je vais à nouveau mettre à votre disposition deux agents de la sécurité pour le reste du week-end.

– Ne vous embêtez pas, vous avez sûrement mieux à faire. Ce serait accorder à ce malotru trop d’importance, dit Céléna avec assurance.

– Comme vous voulez Mademoiselle Mac Craig, mais s’il y a le moindre souci, contactez-moi. Pour ce qui est du vol, nous poursuivons l’enquête.

– Je pense que les bouteilles ne doivent pas être bien loin, répliqua Céléna, Martin a dû les garder sous le coude au cas où.

– Nous verrons ce que nous obtiendrons des premiers relevés d'empreintes. En attendant, je vous laisse à vos affaires, votre père m’a dit que vous aviez de nombreuses obligations. Soyez prudente et au moindre doute, laissez nous vous aider.

– Merci de votre bienveillance, le remercia-t-elle.

Une fois la porte fermée, les chaînes tombèrent. Céléna s’était si souvent sentie prisonnière de cette amourette sans intérêt, en ce matin, il était temps pour elle d’avancer et surtout de passer à autre chose. Elle prit son père par le bras et lui demanda :

– Papa, en attendant le retour de Christophe et Sam, on peut aller voir les golfeurs sur le circuit.

– Si tu veux.

– J’ai envie de passer un moment juste avec toi, murmura-t-elle tout en déposant un baiser sur sa joue.

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