Chapitre 16 : « Papa j’ai besoin de toi » - Partie 5 : Mr Duchai. (nouvelle version)

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Céléna regarda avec tendresse partir son sauveur. Comment pourrait-elle le contacter ? Elle ne connaissait toujours pas son identité. Peut-être que papa le saurait ? songea-t-elle.

– Mon cœur, te voilà, je commençais à m’inquiéter, lui dit Harold en la prenant sous son aile.

– Papa, j’ai tant besoin de toi, éclata en sanglots Célèna.

À chaque pas en avant, la jeune femme prenait une claque. Au chaud dans les bras de son père, les barrières cédèrent. L’agitation du tournoi n’était qu’un bourdonnement dans ses oreilles. Ses mots glissèrent en flot continu, rien ne pouvait les arrêter. Harold la connaissait trop bien et ne l'interrompit pas.

– À toute situation, il y a du bon, lâcha-t-elle en essuyant ses larmes, j’ai rencontré Joseph qui à chaque fois a été là pour moi.

– Oui d'ailleurs il faut que tu me le présentes, je lui suis redevable, suggéra Harold.

– Je voudrais bien mais je ne connais que son prénom.

– Tu m’as dit qu’il avait une tenue de caddie, tu m’en as parlé le premier jour, précisa-t-il.

– Ah oui, tu as raison, je m’en souviens il était à côté du jeune golfeur prometteur.

– Je devrais facilement trouver son nom dans la liste des joueurs ayant franchi le Cut.

– Je veux bien, en attendant je vais rester avec toi le temps que les garçons reviennent de Pitlochry.

Harold, ulcéré de tout ce qu’il venait d’entendre, n’avait qu’une seule envie, mettre les points sur les « i » avec Monsieur Duchai. Il se mit à l’écart et téléphona à l’inspecteur pour lui relater les faits. Céléna, assise au bord du parcours, observait les joueurs évoluer dans leur élément. Impressionnée par la précision de leur geste, elle essayait de comprendre les subtilités du jeu et comprenait l’intérêt de son père pour ce sport.

– Est-ce que tu veux que nous restions là pour voir les groupes suivants ou veux-tu poursuivre avec le même trio ? demanda Harold revenu sur ses pas.

– Je te laisse choisir après tout c’est toi l’expert.

– Suivons les.

– Je te suis.

Céléna se prit au jeu. Aux côtés de son père, elle oubliait le démarrage de cette journée chaotique. Pas le temps de s’ennuyer, le samedi était loin d’être fini. Sa mère vient aux nouvelles par messages pour leur signaler qu'elle était encore sur le site où se déroulait le gala. Céléna lisait les mots les uns après les autres comme si chacun passait un baume sur ses blessures. Ses réponses restèrent évasives pour ne pas l’inquiéter. De toute façon, Harold devait lui avoir raconté leurs péripéties. L’un et l’autre avançaient avec les golfeurs jusqu’au trou numéro neuf, quand Harold proposa à sa fille de retourner au club house pour manger un morceau.

– Oui, pourquoi pas, accepta-t-elle, j’ai vu le menu, lema carte est alléchante. Tu savais qu’ils avaient fait appel à un chef français pour l’occasion ?

– Non, allons goûter tu m’as donné envie.

Père et fille remontèrent la file des spectateurs de plus en plus nombreux, les leaders entraient dans la danse, le show pouvait débuter. Quand ils arrivèrent à la hauteur du trou numéro quatre, Céléna prit son père par la main et lui glissa à l’oreille :

– Regarde, Joseph est là.

– Mais oui, s'écria Harold se faisant gronder par les organisateurs, je me souviens, il est le caddie de Mike Alistair Conroy.

– Et bien parfait, maintenant je connais son nom, acquiesça-t-elle.

– Nous pourrions l’inviter à dîner à l’occasion pour le remercier.

– Oui ce serait une bonne idée, en plus avant d'être à la retraite, il était jardinier aussi j’avais songé peut-être lui demander des conseils pour les rénovations des extérieurs de la distillerie.

Céléna entra dans le restaurant, Hugh l’attendait sur le seuil de la porte.

– Je souhaiterai me faire pardonner de ma maladresse, proposa-t-il, je ne voulais pas vous froisser ou vous mettre mal à l’aise pendant notre pause thé. Puis-je vous inviter à vous joindre à nous pour le déjeuner.

Harold interrogea Céléna du regard, surpris par les propos du jeune homme. Il était amusé par la scène qui se jouait face à lui, ce chef d’affaires si sûr de lui rougissait en présence de sa fille.

– Nous acceptons votre invitation, le remercia Célèna.

– Très bien, suivez-moi alors.

La table se situait dans la véranda, face à l’océan. Le ciel, toujours chargé, n’était rien face à l’orage interne que Céléna allait devoir traverser. Martin était là assis avec son père comme si de rien n’était. Comment Mac Fish pouvait-il lui faire ce coup ? À moins que tout simplement, il ne sache pas qu’il s’agissait du même homme. Les yeux de son père s'assombrirent, les traits de son visage si doux d’ordinaires se creusèrent. Que devait-elle faire pour que cela ne se transforme pas en un scandale ? Elle le saisit par le bras, sentit les muscles tendus comme un arc avant de décocher une flèche. Elle observa Hugh pour savoir si de son côté, il avait la moindre idée de ce qui se passait.

– Mademoiselle Mac Craig, je voulais vous présenter M Duchai et son fils. Ils sont les généreux donateurs de notre tournoi cette année.

– Comment pouvez-vous me faire ça ? s'offusqua Célèna.

Hugh regarda la jeune femme, incrédule, surpris par la tonalité de sa voix. Il réalisa que quelque chose clochait, les larmes dans ses yeux trahissaient son émoi. Céléna sera le bras de son père pour ne pas tomber. Le sol se dérobait sous ses pieds, son monde à nouveau s'écroulait. Quand Monsieur Duchai se leva et tendit la main en direction d’Harold pour la lui serrer, celui-ci eut un mouvement de recul et prit sur lui pour lui serrer la main et ne pas lui en coller une.

– Enfin nous nous rencontrons, affirma Duchai, je suis ravi de connaître le futur beau-père de mon fils.

Cette phrase était de trop, Céléna se mit à éclater de rire.

– Vous plaisantez n’est-ce pas ? Le temps des mariages arrangés est révolu ! lança Céléna, avec calme, voulant garder la maîtrise de la situation.

De son côté Harold tenait toujours très fermement la main de Monsieur Duchai. Hugh, gêné par la situation, réalisa qu’il avait été manipulé. Il se retourna vers Céléna pour renouveler ses excuses.

– Je ne savais pas ce qui allait se passer, je vous le promets. Mon directeur m’a demandé d’arranger ce repas avec son fournisseur.

– Je vous crois Hugh, le rassura Célèna, vous n’y êtes pour rien. Vous avez face à vous deux grands manipulateurs. Ils ont abusé de votre gentillesse.

– Mais rassure-moi, ce n’est pas…

– Si laisse-moi te présenter Martin Duchai, confirma Céléna ne le quittant pas des yeux.

Martin se tenait au côté de son père, sans dire un mot. Finalement, même lui n’avait aucun amour propre.

– Qu’est-ce que je peux faire pour rattraper la situation ? s'inquiéta Hugh.

– Rien de plus, soupira-t-elle, c’est trop tard. Au fait, le producteur du vin que tu m’as fait goûter vient de ses terres. Comme leur produit, ils sont fades et insipides, ils piquent en bouche et on les digère difficilement.

Céléna avait repris ses esprits et retrouvait son assurance. Elle regarda père et fils et leur annonça sans aucunes craintes :

– Messieurs vous êtes sur ma terre d’Ecosse et vous n’êtes pas les bienvenus. Vous pouvez baratiner qui vous voulez, mais moi je ne tomberais plus dans vos filets. Aussi maintenant, je vous demanderais de prendre vos cliques et vos claques et d’aller voir ailleurs.

Harold et Hugh la regardèrent stupéfaits et n’osèrent ni l’un ni l’autre l’interrompre.

– Donc écoutez-moi bien, je ne veux plus rien avoir à faire avec vous. Je pense que raisonnablement vous devriez aller voir ailleurs si j’y suis. Quant à toi Martin, tu m’as assez gâché la vie, tu dois grandir et ce n’est pas en essayant de m’enlever que tu vas le faire. Quant à vous Monsieur Duchai, ce serait vous accordez une bien trop grande faveur que d'entrer dans votre famille. D’ailleurs, je ne sais pas quelle fille pourra l’accepter. Vous ne valez pas mieux que votre fils. Retournez à Bordeaux et restez-y. Maintenant, excusez-nous, mais nous avons bien mieux à faire avec mon père. Hugh pardonnez-moi, mais vous comprendrez que je ne peux rester à cette table plus longtemps.

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