Chapitre 17 : « Un petit plus » - Partie 2 : prisonnière. (nouvelle version)

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Une odeur revint en mémoire, similaire à celle précédant le vol. Des effluves de vanille fortes, entêtantes tapissaient ses narines. Des flashes se bousculaient dans sa tête, des images s’abattaient en un orage destructeur. Une douleur la transperçait de part en part, semblable à celle ressentie la semaine passée, impuissante devant l'incendie qui ravageait les silos et menaçait la distillerie. Des frissons parcoururent ses bras. Céléna saisit la bouteille. Cet objet servirait de projectile en temps voulu. Elle se retourna.

– Que fais-tu là ? s'agaça-t-elle, qu’est-ce que tu me veux ? Martin et toi vous n'en avez pas déjà assez fait ?

Face à elle, la jeune femme qui batifolait dans les draps avec son ex, le soir où elle les avait surpris. Elle tenait dans sa main une boîte.

– Je te l’ai rapporté, bafouilla-t-elle.

– Un nouveau subterfuge ? s’emporta Célèna, à quel jeu jouez-vous ?

La femme s’approcha et lui tendit le carton, ses mains tremblaient. Céléna attrapa le paquet avant qu’il ne lui échappe et le déposa sur la table. La bouteille volée était intacte, seuls les verres manquaient à l’appel.

– Je suis désolée, s'excusa-t-elle, j’ai cassé les verres quand je suis venue subtiliser le tout. Je ne voulais pas. Dans la précipitation, j’ai perdu l’équilibre et ils m’ont échappé.

– Mais pourquoi ? s’emporta Céléna.

À peine eut-elle prononcé les dernières paroles que la réponse fut instantanée :

– Je savais que je te manquais, ricana-t-il.

– Pardon, je ne savais pas qu’il m’avait suivi. Je ne voulais pas, murmura la jeune femme.

– Trop tard ! s'énerva Célèna , je vois que tu t’es servi de nous deux. Tu n’as aucun amour propre. Qu’attends-tu de moi ?

– Lui rien, mais moi j’ai besoin de toi, ajouta une voix d’homme.

– Tu ne sors jamais sans ton garde du corps, soupira-t-elle, ton père est toujours dans ton ombre.

– Suis-moi sans faire de vague, insista Mr Duchai.

– Pour ?

– Je t’expliquerai en chemin, dit-il d’un ton mauvais.

Céléna regardait les deux hommes déterminés qui ne lui laissaient aucune échappatoire.

– Monsieur, je veux bien vous accompagner, mais sachez que vous n’obtiendrez rien de moi, rien que la loi ne réprouve, affirma-t-elle en le fixant droit dans les yeux, en aucun cas, j’épouserais votre fils, même sous la contrainte. Avant, veuillez me laisser fermer cette caisse.

– Je t’accorde dix secondes de plus, accepta le père qui ajouta en direction de son fils, surveille l’accès que personne ne vienne nous déranger. Louise prend son portable et nous discuterons de ton attitude en temps voulu.

Céléna attrapa un papier, griffonna quelques mots et le déposa non loin des caisses. Elle ferma le dernier coffret et laissa tout installer tel quel. Le désordre attirerait l’attention . Les garçons la connaissaient trop bien pour savoir qu'elle ne partirait pas sans s’être assurée que tout était en ordre.

– Nous pouvons y aller maintenant, accepta-t-elle, résignée.

– Très bien. Martin passe devant et dirige-toi vers le bar au cas où, c’est toi qu’ils suivront. Avec Louise, nous emmenons Mademoiselle Mac Craig jusqu’à ma chambre.

– Louise, est-ce que je peux te demander un service ? murmura-t-elle en s’approchant de la jeune femme.

– Si je peux t’aider, j’essaierais, lui confirma-t-elle du bout des lèvres.

– Je ne veux pas que cela soit dangereux pour toi, précisa Céléna tout en gardant un œil sur Monsieur Duchai qui guettait en haut des escaliers le signal de son fils.

– L’un et l'autre sont pédants, prétentieux, mais pas assez sots pour devenir violents, acquiesça-t-elle.

– Peux-tu faire passer ceci à Monsieur Joseph Alistair Conroy ? demanda Céléna en ôtant son pendentif, Il comprendra. Il est un caddie du tournoi, tu sais ce que c’est ?

– Oui il me semble, celui qui ne joue pas et porte le sac.

Monsieur Duchai, la saisit par le bras avant de pouvoir en dire plus, la main ferme sur son bras ne lui laissait aucune possibilité de fuir. Les femmes de services qui s’activaient dans les chambres ne portèrent pas attention à ce couple déambulant dans le couloir. Céléna avançait dans les pas de la jeune femme, le père maintenait la pression, elle tenta de s’en extraire, mais il était plus costaud qu’il n’y paraissait. Elle restait attentive à leurs moindres faits et gestes. Père et fils étaient des malotrus, Louise semblait plus vulnérable et peut-être une alliée le moment venu.

Monsieur Duchai poussa Céléna sans ménagement dans la chambre et l’enferma dans la salle de bain. Louise en retrait, profita de l’appel téléphonique reçu par le père pour s’approcher de la porte et prévenir Céléna qu’elle allait tout faire pour trouver l’homme dont elle lui avait parlé. La jeune femme songea que venir en aide Céléna était la meilleure des solutions pour elle pour sortir de ce guêpier. Depuis le début, elle se trouvait engluée dans cette toile d’araignée, tissée depuis plus d’un an et elle ne pouvait faire autrement, elle serait considérée comme une complice du duo Duchai.

Une fois seule, Céléna s’inquiéta, pourquoi avoir accepté de les suivre ? Qu’est-ce que le père de Martin pouvait-il lui vouloir ? Comment pourrait-elle s’en sortir ? Louise serait-elle une alliée ? Elle attrapa une serviette pour essuyer son visage qu’elle venait d’asperger pour s’éclaircir les idées. Elle avait surtout semé comme le petit poucet des indices pour qu’on la retrouve facilement. Pour l’heure, elle n’avait aucune certitude, elle s’assit sur le rebord de la baignoire songeuse.

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