Chapitre 22 : chassé-croisé - Partie 8 : Mike Confidences. (nouvelle version)
Après l’interlude musical proposé par Sam, les jeunes gens se rendirent au restaurant pour partager une collation avant le spectacle nocturne. Heureusement le temps était clément pour la saison. Ils s’assirent à une table en terrasse avec une vue imprenable sur le site. Elisabeth craqua pour la quiche végétarienne, souhaitant garder la ligne pour rentrer dans sa robe de mariée. Sam tentait d’en savoir plus sur la tenue. Pour seule réponse, il eut le droit à un clin d’œil et un doigt posé sur ses lèvres. Mais elle promit d’envoyer une photo dès qu’elle l’aurait trouvé. Le jeune homme n’insista pas. Mike,curieux demanda :
– Et toi Peter, le kilt est de rigueur ?
– Oh que oui comment faire autrement ! répondit-il en gonflant le torse.
– Tu vas attirer tous les regards et faire de l’ombre à la mariée, le taquina Sam.
– Ah ça, il n’a pas intérêt ! s’insurgea Elisabeth.
Mike et Sam échangèrent un regard, imaginant la scène.
– Tu sais Sam que tu n’auras pas le choix, toi non plus, tu es mon témoin, je te rappelle. Tu devras porter une tenue traditionnelle, rajouta Peter une lueur dans les yeux.
– Tu me donnes une idée Peter, ponctua Elisabeth. Finalement, tous les invités devront porter le kilt. Tu en penses quoi Mike ?
– Si je peux être présent, avec le plus grand plaisir.
– Validé, s’enthousiasma la jeune femme, nous rajouterons la tenue des hommes sur l’invitation.
À ce moment-là, le serveur se présenta avec les commandes. Il tendit leur verre de whisky aux trois garçons et un cocktail à Elisabeth. Peter se confia à ses amis, profitant du départ aux toilettes de sa chère et tendre. Il se sentait à la fois guilleret et nerveux. Le mariage le stressait au vu de toutes les démarches à entreprendre. Sam et Mike le rassurèrent pour qu’il ne soit pas troublé quand Elisabeth montrerait le bout de son nez. Peter emporté par cet élan de bienveillance, en profita pour poser une question à son ami d’enfance :
– Et toi avec Christophe, c’est quelque chose que vous envisageriez ?
– Ne va pas si vite en besogne, nous aurons le temps de voir, le tempéra Sam, inversant les rôles.
– Tu ne serais pas contre de t’engager pour la vie ? insista Peter.
– Je ne sais pas et toi Mike, s’empressa de demander Sam pour éluder sa propre réponse.
– C’est un engagement que l’on ne peut pas prendre à la légère. Ce qui est sûr, c’est mon cœur qui a la clé. Il ne lui reste plus qu’à trouver celui ou celle avec qui nous ferons un trousseau idéal.
– Comment ? Tu as perdu ton trousseau de clés ? apostropha Elisabeth qui venait de les rejoindre.
– Mais non, nous parlions de mariage, l’interrompit Sam.
– Et vous avez besoin de clés ?
Peter prit Elisabeth par la taille pour ne pas avoir à refaire l’historique de la conversation et changea tout à coup de sujet :
– Donne le bonjour à Christophe de notre part, dit-il en apostrophant Sam, le nez dans son portable.
– Mais comment tu le sais ? râla-t-il.
– Je te connais et depuis cinq minutes tu souris bêtement.
– Ah oui !
– Vu ton petit sourire coquin, il ne doit pas se contenter de te raconter sa journée, le taquina Elisabeth.
Sam reposa son portable, et à son tour se livra. Il parla de son départ pour la France et expliqua qu’il avait une boule au ventre. Quitter la terre où il avait vu le jour, sa famille et ses amis, lui coûtait.
– Tu sais, j’ai déjà beaucoup voyagé pour mes études et mon sport de prédilection, le rassura Mike en saisissant sa main, j’ai retenu une chose, on n’oublie jamais d’où je viens et où on reviendra si on en ressent le besoin.
Sam regarda Mike et le prit dans ses bras. Le contact de son corps musclé l’apaisa. Il comprenait pourquoi il pouvait le rajouter sans hésiter à son petit cercle d’amis.
Mike appréciait cette soirée à Pitlochry, il se sentait bien. La vie était faite de belles rencontres et qu’il fallait savoir les apprécier. Il était heureux à son tour, quand Elisabeth le ramena d’un coup d’un seul à la réalité en lui demandant :
– Et si tu nous racontais comment tu étais petit ? Je suis sûre que tu as dû en faire chavirer des cœurs.
Sam qui connaissait son histoire, et son passé douloureux, vit ses yeux briller. Il voulut répondre à sa place et ainsi essayer de changer de sujet. Mais Mike se ressaisit et répondit :
– Je garde des souvenirs un peu brouillés de cette époque. L’accident a un peu effacé des passages de ma tendre enfance.
– Un accident ? s’alarma Elisabeth.
– Ce matin-là, j'ai perdu tous mes repères et l’amour inconditionnel de mes parents.
Elisabeth sentant qu’elle aurait dû faire preuve de plus tacts, n’osa pas poursuivre la discussion. Mike se laissa aller aux confidences, il avait besoin de mettre des mots sur ce terrible chapitre de sa vie mais ne voulait pas plomber la soirée. Elisabeth, Peter et Sam l’écoutèrent attentivement sans l’interrompre. Les cicatrices étaient profondes et la douleur présente à jamais. Le jeune homme, assis à cette table, venait de se livrer.
La soirée filait, quand ils réalisèrent qu’il était temps de prendre place sur les marches de l’amphithéâtre. La pièce pouvait commencer. Une comédie emblématique allait être jouée. Avec “Noises Off”, le rire était assuré. Ils plongèrent dans les coulisses avec une compagnie d’acteurs rendant un hommage hilarant et sincère à l’imprévisibilité de la vie au théâtre. Après une heure et demi de spectacle et les zygomatiques tendus à leur maximum, ils regagnèrent les voitures. Le ciel étoilé offrait une toile tendue sur leurs pensées.
Sam proposa de finir la soirée chez lui pour en profiter un peu plus longtemps. En réalité, il n’avait pas envie d’être tout seul cette nuit. Il prenait l’avion dans dix heures et avait besoin de compagnie.
– OK si tu veux, acceptait Elisabeth, mais nous ne resterons pas trop tard.
– Moi, je n’ai rien de programmé, ajouta Mike.
– Si tu veux mon clic clac est confortable, proposa Sam.
– Je ne voudrais pas abuser, hésita-t-il, allez ok, je préviens juste mes hôtes.
Après avoir tout calés, ils repartirent en direction du centre-ville, Sam logeait dans un studio. Mike sourit en découvrant que le canapé était son seul lit. Sam qui avait dû prévoir le coup, sortit une boite de chocolats.
– Tu es un vilain Sam, tu sais que je ne peux résister à ces douceurs, le gronda Elisabeth.
– Un peu, j’ai pensé que je pouvais te faire un petit cadeau avant de partir.
Minuit sonna quand le couple d’amoureux s’éclipsa, en faisant promettre à Mike de repasser par Pitlochry avant leur mariage. Il leur confirma en précisant qu’un chantier l’attendait pour le début de l’année dans les jardins de la distillerie. Sam profita de ce dernier échange pour ranger la table basse et ouvrir le canapé. Il proposa à Mike un polo et un bas de pantalon pour la nuit. Sa carrure, plus grande et musclée, serait tout de même à l’étroit. Il se souvint que Christophe avait la même morphologie et avait oublié un survêtement qui ferait mieux l’affaire.
Ni l’un, ni l’autre n’avait sommeil. Sam mit en route sa platine et ils commencèrent à discuter comme deux potes. La musique, la fatigue et les effets de l’alcool eurent raison de Mike. Sam observait le jeune homme qui souriait en dormant avec une fossette qui se dessinait à côté de ses lèvres. Il envoyait un dernier message à Céléna et finit par écrire un texto à Christophe « Décidément, il faut qu’ils se rencontrent ces deux-là. Ils sont faits l’un pour l’autre comme toi et moi. Une évidence. Demain je serai enfin dans tes bras. Bisous ».
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