Après une nuit à faire la fête au club Eclipse Riverside, les filles émergeaient peu à peu. À la grande surprise de Céléna, le chauffeur de taxi sortit de la salle de bain, suivi de très près par Lucinda. À leurs sourires de connivence, la douche avait été des plus agréables. Il l’embrassa et s'éclipsa. Lucinda attrapa sa cousine par le bras et raconta sans aucune gêne la fin de sa soirée. Céléna enviait leur spontanéité.

À quelques kilomètres de là, sur le practice Mike et Vilco frappaient des balles. Les golfeurs, impatients de faire leurs premiers pas sur le parcours, s'étaient levés à l'aube. Drive en main, ils essayaient chacun à leur tour de battre un record. Compétiteurs dans l'âme, ils se lançaient défi sur défi. Le dernier en cours était vraiment tordu : déposer la balle dans le panier accroché au flamand rose qui servait de décoration. L’Écossais, d’un coup d’un seul, réussit l’exploit sous le regard désabusé de son coéquipier des rares spectateurs venus observer les séances d’entraînement.

Dans l'appartement, installées en terrasse, les vacancières suivaient d’un œil l'agitation de la ville fourmillant à leurs pieds. Affamées, elles dévoraient leur brunch après avoir dansé une partie de la nuit. Lucinda, de temps en temps, avait délaissé les bras de son beau brun. Léa avait assuré le show en attrapant la barre et ne l'avait plus quittée avant de s’éclipser à deux heures du matin. Le chemin du retour, bras dessus bras dessous, fut ponctué d'éclats de rire incontrôlables. Céléna s’était montrée la plus raisonnable et ce matin, elle appréciait la vue dégagée sans avoir besoin de s’équiper de ses lunettes de soleil.

Au golf, chaque doublette recevait son programme pour les jours à venir. Les premiers matchs seraient le vendredi dans l'après-midi, se poursuivraient le samedi pour se conclure le dimanche. Du coup, les joueurs avaient quartier libre pour le reste de la journée. Vilco avait son rendez-vous à midi et hors de question de le louper. Il proposa à son ami de se joindre à lui, Mike déclina. Le sud-africain commença par se moquer mais au fond apprécia cette marque de courtoisie qui collait parfaitement à son partenaire de jeu.

Léa monopolisait la salle de bain depuis une heure, la belle souhaitait être à son avantage pour son rencard. Quand elle sortit, Céléna admira sa capacité à se métamorphoser d’oiseau de nuit en poupée sage. Dans sa robe bleu nuit, avec ses cheveux blonds détachés et ses yeux verts, elle ferait des ravages. Sa cousine savait se mettre en valeur et ne craignait pas le regard de qui que ce soit. Après avoir tourné trois fois sur elle-même, et essayé de convaincre Céléna de l’accompagner, elle s'éclipsa.

L’heure du rendez-vous approchait. Vilco prit une douche avant de la rejoindre. Le bar, où elle l'attendait comme ils en avaient convenu la veille, se trouvait en terrasse. Avant de disparaître, les golfeurs décidèrent de se retrouver aux alentours de dix-neuf heures au club house. Les organisateurs du tournoi organisaient un repas d’intronisation aux participants afin de faire plus ample connaissance avec leurs futurs adversaires. Toujours animés par l’envie de libérer leur coup sur le green, l'un et l'autre espéraient pouvoir ainsi valider leur carte sur l'européen tour. Vilco partit, Mike toujours sur les greens réalisa un eagle sur le trou numéro dix-huit.

Léa, impatiente de revoir le beau gosse de l’aéroport, se présenta au club house avec un bon quart d'heure d'avance. Assise en terrasse, devant son mojito, elle patientait en jouant avec sa paille. Quand le sportif apparut dans son short bleu nuit et sa chemise blanche, elle ne put le quitter des yeux, hypnotisée. Vilco la salua. Impressionnée, aucun mot ne sortit de sa bouche. Le jeune homme sourit et les battements du cœur de Léa s'emballèrent.

Tu crois au coup de foudre ? soupira-t-elle.

Je ne sais pas trop, répondit Vilco, surpris par cette entame.

Ma sœur me dit que ce n'est que du vent, une explosion des sens qui s'évapore aussi vite qu'elle est apparue.

Une théorie qui tient la route, affirma le golfeur, après chacun ressent les choses différemment, je pense que c'est plus compliqué que ça.

Oui tu as peut-être raison, souffla-t-elle, ma cousine, elle pense que l'amour, le vrai, ne s'explique pas, il se vit.

Je serai plus proche de cette philosophie, avoua-t-il, et toi ?

Léa se leva et posa ses lèvres sur celle du jeune homme sans qu'il n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit.

Je dirai juste que tu me fais beaucoup d'effet, répondit-elle en s’asseyant.

Vilco posa sa main sur la sienne et ils commencèrent leur repas dans leur bulle.

De leur côté, Lucinda et Céléna passèrent leur début d'après-midi à la plage, bronzage, baignade et lecture furent au programme. L’une, plongée dans les revues de mode, cherchait sa prochaine tenue de gala et l’autre perdue dans un roman rêvait d’amour. Vers quinze heures, un message réveilla Lucinda. Son chéri avait quartier libre pour le reste de la journée. Le chauffeur de taxi les récupéra, et sur le chemin du retour déposa Céléna devant le musée comme elle leur avait demandé.

Après le départ de son coéquipier, Mike profita de son heure pour perfectionner ses approches. Le beau temps se maintenait et le golfeur avait du mal à détacher son regard de ce site somptueux. Le golf était agrémenté de petites îles. Ces pièges lors du tournoi pourraient rapidement pénaliser les plus audacieux. Vilco le prévint qu'il le rejoindrait plus tard tout en lui précisant « écoute je ne sais pas pourquoi, mais aucune fille ne m’a fait autant d’effet ». Après un bref passage par sa chambre, Mike décida de visiter la ville. Une des brochures qui traînaient dans sa chambre avait attiré son attention : Cummer Muséum.