Chapitre 23 : Et si … - Partie 8 : … on se rencontrait …sur un banc... enfin... (nouvelle version)
Céléna cherchait d'où provenait cette douce fragrance de chèvrefeuille. Pourquoi cet arôme subtil enivrait ses sens depuis le week-end à Saint Andrews ? Cet effluve déposait sur son âme un bouquet de tendres promesses. Elle hésita, et pourtant une seule envie : découvrir la source de cette essence qui l'attirait.
Mike, assis sur son banc, rêvait devant "La chaloupe blanche, rivière St-Jean" de Winslow Homer. L'aquarelle reflétait la beauté luxuriante de la Floride. Cette scène empreinte de tranquillité l'apaisa. L'homme et la terre coexistaient en harmonie. Les palmiers imposants affirmaient la suprématie de la nature.
Céléna avala une bouffée d’air, l’odeur ne la quittait plus. La salle semblait vide. Les responsables du lieu diffusaient-ils des huiles essentielles pour embaumer les espaces et créer un lien avec les extérieurs ? songea-t-elle. L'esprit serait attiré par le parfum et le sens de l’odorat gâcherait l'observation des toiles par le visuel. La jeune femme glissa doucement le long du banc.
Le regard de Mike se porta sur le buste représentant le neveu d'Augusta Savage. Il se leva pour aller le voir de plus près et lire les annotations qui se trouvaient sur le côté. L'artiste avait réalisé cette œuvre en quarante-huit heures sans s'arrêter. Les visiteurs s'attachaient immédiatement au portrait du plus adorable des jeunes garçons. Mike pensa à Harrold, et aussitôt sourit.
Céléna pencha la tête pour regarder qui se cachait derrière le dossier. Sa déception fut grande en découvrant l'espace vide. L'odeur toujours présente lui laissa d’un coup, un goût amer. Elle en conclut que celui ou celle à qui appartenait ce parfum ne devait pas être bien loin. Elle l'espérait de plus en plus sans pouvoir vraiment se l'expliquer. Elle réalisa que le musée allait fermer ses portes dans moins de trente minutes. D’un autre côté, ses cousines devaient l'attendre. Elle allait partir quand une silhouette disparut au fond de la salle, il y avait bien quelqu'un.
Mike avança en direction de la pièce suivante. Son regard passait des œuvres à la brochure que l'hôtesse d'accueil lui avait fournie. Hélas, elle ressemblait trop souvent à des catalogues pompeux. Le jeune golfeur préférait la concision pour permettre à son imagination d'interpréter les tableaux et les statues selon son humeur. Trop pris par sa dernière découverte, un portrait tout aussi réaliste que la sculpture du neveu, il ne percevait pas la présence à ses côtés.
Céléna sentit les battements de son cœur accélérer, les effluves de chèvrefeuille devenaient réels. La silhouette ressemblait à l'image calquée dans sa tête depuis son départ de Stornoway. Elle hésita. Comment pourrait-il être là, ici plutôt que là-bas dans le parc de Lew Castle ? La jeune femme ne voulait pas rompre la plénitude du moment. Elle songea que ce qu'elle s'apprêtait à faire était pure folie, interpeller un homme qu'elle ne connaissait pas. Si c'était tout le contraire. Si elle avait appris tant de choses sur ce golfeur talentueux. Elle en rêvait depuis tant de nuits.
Mike réalisa qu'il n'était plus seul. Une chaleur l'envahit quand une main vint se déposer dans la sienne. Tout d'abord surpris, il n'osa pas bouger. Ce contact doux et délicat provoqua des frissons dans tout son être. Il ne savait pas comment réagir. Était-il en train de rêver ? Allait-il se réveiller au milieu de son lit et s'apercevoir que tout ce qu'il ressentait était éphémère. Il voulut se retourner mais ne voulant pas prendre le risque de rompre le charme, il décida d'attendre de voir si les doigts qui se mêlaient aux siens seraient toujours réels.
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