Chapitre 24 : Du rêve au cauchemar - Partie 1 : Seuls au monde. (nouvelle version)
Mike prit la main et ne souhaita plus la lâcher. Tout allait trop vite, et pourtant, il ne désirait rien de plus que de pouvoir se tenir à ses côtés. Elle était assise juste là, si belle au clair de lune. Ses cheveux chatouillaient sa joue. Une envie folle l’envahit celle de venir les effleurer pour les dompter. Pourquoi vouloir les emprisonner ? Ils étaient libres comme elle.
Céléna sentait les battements de son cœur se diffuser dans la pulpe de ses doigts. L’homme dont elle ne cessait de rêver devenait réel. Comment ne pas vouloir le garder au plus près de soi ? Ne pas le laisser s’envoler, sentir sa peau contre la sienne, juste pour réaliser qu’il n’était pas seulement de passage. Une évidence, ce beau golfeur n’était pas entré dans son existence par hasard. Même si elle avait dû attendre avant de pouvoir enfin le rencontrer, à cette heure plus aucun doute ne voilait son esprit. C’était lui.
L’un après l’autre, ils se levèrent. La plage, définitivement déserte, leur appartenait. Seules, les vagues se joignirent à cette idylle naissante. Ils marchaient main dans la main, le long de l’eau, sans dire un mot. Céléna et Mike ne voulaient pas briser la quiétude du lieu qui leur offrait la plus belle salle de bal. Mike se sentait pousser des ailes, il n'avait qu’une envie la faire tournoyer dans le sable. Il était tombé sous son charme. Céléna se laissait guider, se sentant en sécurité. Quand il l’a prise dans ses bras, elle découvrit que c’était le seul endroit au monde où elle désirait être.
La fraîcheur de la nuit se déposa sur leurs corps. Mike quitta sa veste pour la déposer sur les épaules de la jeune femme. Son désir devenait de plus en plus fort. À cette heure, il la recouvrait et pourtant son envie était tout autre. Quelle ne fut pas sa surprise quand il sentit ses lèvres se blottir contre les siennes. À son tour, ses poils se dressèrent sur ses bras, il n’avait nullement froid. Elle venait de lui offrir le plus bel espoir qu’il n’osait dévoiler. Leur bouche calquée ainsi l’une sur l’autre, ouvrait une parenthèse dans cette nuit américaine.
Ils remontèrent jusqu’aux terrasses désertées par les clients. Seuls les serveurs encore présents à cette heure remettaient tout en ordre pour le jour suivant. Un homme assis dans un coin fumait une dernière cigarette, il les observa passer et leur sourit. Mike se stoppa net pour lui demander un service qu’il ne put lui refuser. Ils s’installèrent à une table qui donnait face à la mer. Ni l’un, ni l’autre ne voulait partir, profiter encore un peu de ce lieu où leur cœur venait de s’ouvrir. Un serveur leur apporta deux tasses de thés, des vapeurs de bergamote et de chèvrefeuille vinrent réchauffer leur être.
Céléna déposa ses mains sur la tasse, Mike se mit à rêver, imaginant les doigts de la jeune femme se perdant sur son corps. À cette pensée, ses yeux se mirent à briller. Quand elle déposa ses lèvres sur le bord du mug, tout dans son corps explosa. Il retint son souffle un bref instant et se lança :
– Tu penses…
– Oui, répondit-elle avant même qu’il n’ait eu le temps de finir sa phrase.
Avec les boissons, le cuisinier leur avait offert quelques douceurs. Des petits sablés au citron, ceux que Céléna préférait. Quand Mike les dévora, elle sourit. Qui sait, peut-être serait-elle sa prochaine gourmandise ?
– Tu veux bien …
– Oui, si toi aussi.
Il régla la note et glissa une entrée pour l’open de golf au patron pour le remercier de les avoir servis à cette heure. Celui-ci en retour leur proposa de revenir quand ils le désireraient pour un repas. Il leur réserverait la même table. Mike ne savait que dire devant un tel geste. L’homme lui répondit avec beaucoup de gentillesse, que devant autant d’amour il ne pouvait faire autrement.
Mike ne pouvait la quitter du regard, il avait trop peur de la voir disparaître, de se retrouver seul au monde. Quand le serveur lui rendit sa carte bancaire, il se précipita pour la rejoindre.
Elle l’attendait debout face à l’océan, il s’approcha à pas de velours et vint déposer ses bras autour de sa taille. Les deux jeunes gens restèrent sans bouger, chacun cherchant dans l’autre cette assurance que tout était bien la réalité. Mike enfouit sa tête dans son cou pour déposer de petits bisous. Leurs doigts se croisaient et se décroisaient, petit jeu qu’ils venaient d’instaurer. Chaque mouvement se faisait avec légèreté. Ils étaient bien, tout simplement. Le temps venait de s’arrêter et seul leur battement de cœur pourrait le relancer.
…
Mike susurra quelques mots à son oreille, elle acquiesça de la tête et ils se mirent en route. Au bord de la grande avenue, la circulation était dense. Les phares des lumières les ramenaient doucement à la réalité, celle qui les entourait et dont ils avaient fait abstraction l’un et l’autre depuis que leurs pieds avaient effleuré le sable. Un coup de klaxon fit sursauter Mike. Un réflexe qu’il avait depuis le matin où sa vie avait basculé. Céléna lui caressa la joue, ce qui l’apaisa aussitôt et ajouta un baiser au coin de ses lèvres. Des cris enjoués accompagnés la voiture, qui s’avérait être un taxi :
– Ah te voilà, j’espère qu’on ne t’a pas fait attendre, s’époumona Lucinda.
– Non, pile à l’heure, répondit Céléna avec joie.
– Allez votre carrosse est arrivé, on vous emmène où ? demanda sa cousine, curieuse.
Céléna et Mike répondirent en chœur :
– Au paradis.
– C’est comme si vous y étiez, annonça le chauffeur.
Annotations
Versions