À force de vouloir toujours aller de l’avant

J’ai fait du présent un passé

Je n’ai que trop tard remarqué

Que les après sont fuyants

Et que malgré tous nos efforts on ne peut jamais les rattraper

J’ai tant de fois refusé d’abandonner

Tant de fois persévéré

Pour un pas de plus

Désirant aller au-delà du possible

Je me suis trompé de cible

Et ai perdu ce qui comptait le plus

J’ai laissé derrière moi tous ces gens

Ces connaissances, ces amis, ces parents

Pour continuer seul ma route

Je n’ai pas hésité, n’ai eu aucun doute

Avançant encore et encore sur un chemin que je pensais être le bon

J’ai réduit le monde à un horizon

Croyant échapper à la funeste prison

D’une existence dénuée de raison

J’ai tracé ma voie et l’ai poursuivie

Certain de détenir le sens de la vie

J’ai laissé derrière moi tous ces souvenirs

N’ayant en tête que l’avenir

J’étais sûr de parvenir

Loin de tous à me construire

Alors pourquoi ?

Comment en suis-je arrivé là ?

Solitaire, sans passé, sans personne

Je m’empoisonne

De pensées inutiles

Espérant retrouver une réminiscence volatile

Pour ne plus être blessé, pour ne plus avoir peur

Pour ne plus refaire les mêmes erreurs

Je suis resté fidèle à ce trait que j’ai créé

Le regard tourné vers tous ces après

Je n’ai que trop tard réalisé

Que mon temps était compté

Arrêter en un lieu qui m’est inconnu

Je réalise soudain que je me suis perdu

Loin des miens et des futilités

Je pensais trouver une vérité

Qui n’a jamais existé

Maintenant je me désagrège lentement

Plein de regrets et de tourments

Conscient de tout ce que j’ai raté

Le prix à payer pour suivre les après

Qui n’arrivent jamais

Et je cherche en mes ultimes instants

Un sourire, un sentiment

À quoi me raccrocher

Avant de sombrer

J’ai laissé derrière moi tellement de choses que je ne saurai les compter

Pour me tenir à une voie erronée

Jusqu’à mon achèvement

S’il m’était donné de tout recommencer

Je me contenterai du présent

Et préserverai mon passé

Je refuserai d’oublier même si cela doit me détruire

Je préférerai souffrir et abandonné

Que persister sur un chemin stérile

Les ténèbres s’emparent de moi et mon vœu s’envole au-delà

De cet horizon infini qui ne mène nulle part

Pourrai-je revenir et revivre une nouvelle fois ?

Dans le néant, désespéré, j’attends le ténu écho d’un second départ