La jeune fille qui court
Laisses-moi te conter l’histoire du jour et de la nuit, celle des saisons
Laisses-moi te conter cette légende d’antan
Il était une fois, au commencement du monde
Une jeune fille belle mais fugace
Elle courait, toujours, ne tenait pas en place
Sire Soleil, maître du royaume du Jour et Chevalier Lune, seigneur du pays de la Nuit en tombèrent tous deux
Eperdument amoureux
Et lui demandèrent ainsi sa main
La fille sourit et leur dit qu’elle épouserait
Celui qui la rattraperait
Ils s’élancèrent donc à sa poursuite, hélas aucun ne parvient à la rattraper
Car la jeune fille courait, courait sans s’arrêter
Ils s’élevèrent alors dans le ciel, sous la forme d’astres, et emportèrent avec eux leurs royaumes
Ils se mirent ensuite d’accord et respectivement se partagèrent des cieux la souveraineté
Espérant la jeune fille ainsi attraper
Mais, même de cette façon
L’adolescente courait, courait, au-delà de l’horizon
Et aucun des deux, tous rois des cieux qu’ils furent
La rattraper ne purent
C’est cependant de la sorte que naquit
Le cycle du Jour et de la Nuit
Il était une fois, au commencement du monde
Une jeune fille belle mais fugace
Elle courait, toujours, ne tenait pas en place
Un jour, quatre frères saltimbanques la virent passer
Et leurs quatre cœurs s’en retrouvèrent bouleversés
— Que faire, lui demandèrent-ils, pour obtenir de vous un baiser ?
— Créez chacun une contrée à mon image, leur cria-t-elle alors que déjà au loin elle disparaissait
Je m’arrêterais dans celle qui le plus me plaira
Mais, pour qu’équitable cela soit
Je vous donne à chacun trois mois
Et elle disparue
Les saltimbanques se mirent à l’ouvrage immédiatement
Le premier rassembla cent millions de pétales odorants
Et en fit une contrée qu’il nomma « Printemps »
En hommage dit-il, à la beauté de la jeune fille
Le second prit les nuages qu’il vida du ciel et repeignit ce dernier
D’un majestueux azuré que de temps à autre un orage zébrait
Il appela sa contrée « Été »
En hommage, dit-il, au caractère fougueux de la jeune fille
Le troisième n’était pas en reste et drapa sa contrée de brume
Puis il invoqua le feu pour que toutes les feuilles de flammes se costument
Sa contrée, il la baptisa « Automne »
En hommage, dit-il, à la chevelure de la jeune fille
Le dernier prit la blanche neige, la froide glace et le givre millénaire
Qu’il répandit partout avant de priez le Soleil d’atténuer quelques peu sa lumière
Il intitula sa contrée « Hiver »
En hommage, dit-il, aux yeux de la jeune fille
Celle-ci dans chaque contrée trois mois passa
Mais jamais ne fixa son choix
Et donc jamais dans aucune d’elle vraiment ne s’arrêta
Un autre jour, un jeune homme l’aperçoit
Et, devant sa beauté en émoi
L’implore de bien vouloir son nom lui céder
— Tout le monde connaît mon nom, répondit la jeune fille, mais je veux bien te le répéter
Tous me courent après
Alors que tous me possèdent un tant soit peu
Je suis celle qui fait avancer le monde, la terre, les cieux
Je me nomme Temps
Et elle s’en fut prestement
Ainsi s’achève notre légende, notre histoire
Celle qui raconte, celle qui narre
L’amour des astres du ciel
Qui encore et encore s’alternent
Dans l’espoir de rattraper Temps
L’amour des saltimbanques qui chacun portait le même nom
Et ce dernier était « Saison »
Et ainsi de leur cycle éponyme l’explication
Si Nuit et Jour, Jour et Nuit dansent dans les cieux
Si les saisons défilent inlassablement
C’est que toujours, sans s’arrêter un seul instant
Court, court, une jeune fille nommée Temps.
Annotations
Versions