Mélodies oubliées
Faut-il s’aventurer sur le chemin de la mélancolie pour évoquer ces petites ritournelles qui trottent encore dans nos têtes mais que l’on est désormais bien incapable de restituer sans erreur ? Sans doute. L’oublie est-il nécessairement lié à la nostalgie ? Assurément. Ce sont les souvenirs qui nous permettent d’avancer. Soit qu’il est impératif de s’en créer de nouveaux pour oublier les anciens, trop lourds ou trop sombres, soit qu’on souhaite absolument alimenter une vie déjà bien pleine de nouvelles expériences de vie guidées par nos expériences passées.
La musique tient une place centrale dans mon existence. Je ne crois pas avoir oublié la moindre note entendue, les moindres paroles prononcées pour peu qu’elles aient été chantées. En revanche, j’ai perdu depuis longtemps les sons de mon passé. J’ai oublié la musicalité de l’enfance. Celle des jeux, des éclats de rire, de l’insouciance. Je peine à me rappeler ce que pouvait bien vouloir dire être heureux, les projections que je pouvais faire sur l’adulte que j’allais devenir. Il ne me reste qu’un sifflement continu, une sorte d’acouphène venu étouffer toute autre manifestation du passé.
Seule la musique porte le parfum du souvenir. Elle seule permet un saut dans le temps, un retour vers d’autres époques, d’autres lieux. Sans elle je ne serai qu’une coquille vide, dénuée d’histoire, dépourvue d’avenir. Tout a été oublié, et pourtant tout est resté sous forme de sensation, de ressenti. Aucune note n’a disparu. Aucune ne disparaitra. Jamais.
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