À la lecture de ces mots, sables du temps, c’est sans surprise un sablier qui m’est venu à l’esprit. Un sablier gigantesque, gargantuesque, capable de contenir l’univers ton entier, de le conserver prisonnier derrière l’épaisseur absurde de son verre. J’allais donc partir sur cette image, mais je me suis ravisé. Un peu trop facile. Trop évident. L’inexorabilité du temps qui file à toute allure, dont on ne peut retenir la course, tout comme il est impossible de lutter contre les grains de sable se déversant dans la partie inferieur du sablier. Et pourquoi vouloir lutter ? Contre quoi ? L’âge ? La vieillesse ? La décrépitude ? Trop sérieux. Trop déprimant.

 Mais si les sables du temps étaient mouvants ? Si le temps était à l’image de ces zones de sables, au premier regard résistantes à notre passage, mais incapables de résister à notre pression ? Et si le temps n’était rien sans nous ? Car après tout, qui d’autre que nous pour souligner son passage ? Qui d’autre que l’être humain pour posséder en lui la conscience de sa finitude ? Et pas seulement la sienne, mais celle de toute chose ? Trop sérieux de nouveau.

En alexandrin paresseux peut être ?

Là, les sables du temps, accueillant mes pieds nus

Se glissent, sans chaussette, entre mes orteils. Zut !

Pas mieux. Une recette de sablé ? Le nom d’une saga de l’été ? Une suite de romans ? Plutôt heroic fantasy ? Science-fiction ? Pas mon genre de lecture. Assurément pas mon style d’écriture.

Un haïku ?

Elle passe au dehors

Bordant dans son lit trempé

Le temps qui s’y noie.

Pas beaucoup plus joyeux.

- Bon ça suffit là ?

- Quoi ?

- Tu crois que ça intéresse quelqu’un tes conneries ?

- Heu…

- Voilà ! Personne ! T’as plus le temps de toute manière. Poste ton truc et on y va.

- Très bien…