Nous sommes le quatorze décembre. J'ai écrit en tout vingt milles mots environ. Mon objectif est cinquante mille mots. J'ai l'impression que je ne vais pas réussir.

Assise sur mon lit, mon ordinateur sur mes genoux, je finis d'écrire le chapitre seize. Il est actuellement une heure du matin. Mes yeux se ferment tous seuls. Je ferme l'ordinateur et le pose à mes pieds dans le lit. Je m'endors lentement avec les ronflements de Noël.

Réveillée de bonne heure, je m'habille d'une tenue confortable car je ne compte pas sortir de la chambre. Je sors de la salle de bain et prends mon ordinateur pour le poser sur le bureau. J'ouvre ma bouteille d'eau et bois une gorgée. Je tape un peu sur le clavier jusqu'à ce que il y est de l'eau sur le clavier et mes mains. Je regarde la bouteille d'eau et aperçois une bouteille vide. Et Noël juste à côté de moi, sa main proche de la bouteille. Je comprends très vite qu'il a renversé la bouteille d'eau sur le clavier.

Je me lève rapidement de mon siège et essaie d'essuyer à maximum l'eau. Je vérifie rapidement si mon ordinateur va bien et aperçois qu'il n'a rien. Je pose rapidement l'ordinateur à l'envers pour que l'eau ne s'infiltre pas plus dans le clavier. Les gouttes tombent sur la table. Je regarde Noël, furieuse. Vu son visage, il a l'air de l'avoir fait exprès.

- T'es sérieux ? Qu'est-ce qu'il ne tourne pas rond chez toi ?!

- Tout tourne rond chez moi, mais peut-être pas chez toi... fait-il la remarque.

Il tourne les talons pour se diriger vers la porte de sortie. Je le devance. Il se croit où ? Il se permet de mettre de l'eau sur mon clavier et partir comme si rien ne s'était passé ? Il me regarde rapidement en levant les yeux au ciel. On dirait qu'il se fiche royalement de moi.

- Qu'est-ce qu'il y a, encore ?

Comment ça "Qu'est-ce qu'il y a, encore ?"... Il se fout vraiment de moi.

- Tu ne te rends pas compte de ce que tu fais ?

Soudainement, il me pousse sur le côté, tellement fort que j'allais tomber au sol. Quand je me retourne pour le confronter à nouveau, je ne le vois pas. A part que la porte vient de claquer. Je me rends rapidement compte qu'il est parti.

- Sale pourriture, murmuré-je à moi-même.

***

Je finis mon chapitre. Je regarde le compteur de mots : 43 728 mots total. Je sens que je vais réussir... Je vais le faire ! Il ne me reste plus que quatre jours, je vais réussir !

J'enregistre et éteins l'ordinateur. Je m'habille d'un jean simple et d'un pull blanc avec écrit "Si c'est Noël, je suis sur le traîneau". Je mets une écharpe blanche crème avec un manteau gris. J'enlève mon téléphone de la charge et sors de la chambre pour acheter un sandwich.

Je vais dans le magasin du coin pour prendre un sandwich déjà fait. Je l'achète et me balade seule dans la rue. Je prends mon téléphone au passage pour regarder les réseaux sociaux.

Après avoir fini mon sandwich, je vais au campus pour aller dans ma chambre. Aucun signe de vie de Noël, en ce moment. Bizarre. Je rentre dans mon lit et ouvre l'ordinateur, enfin j'essaie car je n'arrive pas à l'ouvrir. Qu'est-ce qu'il a ? Il marchait juste avant ! J'essaie d'appuyer sur certains boutons, rien de marche ! Comment vais-je suivre les cours sans ordinateur ? Surtout, comment vais-je continuer à écrire ?

Je me lève du lit et me rhabille en vitesse. Je prends l'ordinateur et sors. Je dois voir un spécialiste !

***

- C'est bon, il y avait juste un problème au niveau de la batterie, ça sera vite réglé dans quelques heures, dit le réparateur.

Je hoche la tête et sort du bâtiment. J'espère que très vite ça sera réglé. Je vais directement dans ma chambre du campus. En rentrant, j'aperçois Noël sur sa tablette dans son lit.

- Alors ? Ton ordi est réparé ?

Je le regarde dans l'incompréhension. Comment sait-il que mon ordinateur doit être réparé ? Oh non... ne me dit pas...

- C'est toi qui l'a fait !

Noël ferme sa tablette et la pose sur son lit.

- Je dois être honnête... oui, m'avoue-t-il, soudainement.

Comment peut-il faire ça ?

- Mais pourquoi ?! Pourquoi tu fais tout ça ? Qu'est-ce que ça t'importe ?!

Il se lève de son lit en regardant le sol puis moi, avec un regard et un sourire malicieux.

- J'aime bien t'énerver, c'est tout.

- C'est tout ?! Je...

Je me tais soudainement. Je suis tellement en colère que je n'arrive même pas à parler.

- Tu dégages de la chambre ! Pars ! lui crié-je en le tirant par le bras pour le faire diriger vers la sortie.

Comment ose-t-il faire ça juste parce qu'il aime m'énerver ? Je ne le comprends pas !

Il me tient par les bras pour que j'arrête de le pousser.

- Eh, calme-toi, poulette, tu es rouge comme une bombe qui est prête à exploser ! il rigole à sa propre blague, qui n'est même pas drôle. En plus, où je vais aller moi ? C'est aussi ma chambre.

Il me balance soudainement sur le lit. Tellement fort que mon dos a eu super mal. J'essaie de me relever, mais il m'en empêche en se mettant à califourchon sur moi.

- Mais, qu'est-ce que tu fais !? Qu'est-ce qui te prend ? Pars !!

- Anastasia ?! appelle une voix à l'extérieur de la chambre. Ouvre moi, je dois te parler !

On dirait la voix de Clémentine. La poignée de la porte se baisse et la porte s'ouvre.

- Je ne savais pas que la porte était ouverte. Mais oh... qu'est-ce... qu'est-ce que vous faites ? dit Clémentine en me voyant sur le lit de Noël et lui sur moi.

Je la regarde un instant en lui disant soudainement :

- Aide-moi ! Il m'agresse, là !