Histoire d'E
Un été, j’ai rencontré un homme marié. Il avait 50 ans, moi la trentaine. Il ne m’attirait pas particulièrement, mais au mois d’aout, Paris est désert. J’étais désœuvrée et boire un verre n’engageait à rien. J’avais aimé nos échanges sur cette appli de rencontres, son assurance, sa façon d’énoncer ses désirs, sans forfanterie, mais directement. Je ne lui avais pas demandé ce qu’il faisait comme boulot, je m’en foutais. Il avait un visage sérieux, presque fermé sur ses photos, mais quand je croisais son regard au bar, j’y décelais une lueur de malice. Brun, normal, je ne me serais jamais retournée sur lui dans la rue.
Je portais une robe estivale, pas particulièrement courte, mais fraiche, c’était l’été et je n’avais aucun complexe à montrer mes épaules nues et sentir les regards des hommes sur mon décolleté. P me dévisagea avec sourire lors de nos salutations. Mais il ne s’attarda pas sur mon décolleté. Je ne le sentais pas obnubilé comme certains. Nous commandons à boire et je fais la conversation. Je suis douée pour les small talks, je fais ça tous les jours au boulot. Il me laisse parler presque tout le temps, ça ne me dérange pas. Il me fixe avec un sourire en coin. J’ai l’impression qu’il n’écoute pas du tout ce que je lui dis. Quoi ? je lui demande.
- Juste, je me demandais, ce que ça te ferait si je venais poser mes lèvres sur les tiennes ?
Je m’interrompis et fixai ses lèvres. Charnues. Sensuelles. Je relevais mon regard vers ses yeux rieurs Brun et la peau mate. Ses mains posées sur la table. Brunes aussi, aux doigts allongés. Grandes et puissantes, sans être grosses. Les mains d’un homme sont souvent révélatrices je trouve.
Je sentis une soudaine chaleur dans mon ventre, comme une explosion au fond d’un lac. Je le lui dis. Et humectais mes lèvres. Il ouvrit ses lèvres et répondit : je ne parlais pas de ces lèvres-ci… les verticales.
Une rougeur me vint aussitôt au visage. L’onde de choc qui avait explosé au fond de mon lac, de façon sourde venait de se répandre partout à l’intérieur de mon corps. J’eus une contraction incontrôlée… et je me penchai mon buste vers la table, en étouffant un cri. Quelle sensation étrange, je n’avais jamais vécu cela. Juste avec des mots. Je n’arrivais plus à parler. J’étais à moitié vautrée sur la table entre nous.
Il se rapprocha de mon visage, et à l’oreille me murmura : j’aimerais que tu me donnes ta culotte. Maintenant.
Je sentis un nouveau serrement à l’intérieur. Je répondis à son regard avec défi. Façon de dire, tu m’as pris pour une sainte nitouche, mais je suis aussi joueuse que toi. Je me redressais, jetais un œil autour de moi. Nous étions dans un coin de la salle tranquille, le café était assez cosy. Nous étions cachés du comptoir par des parois en voute. Je passais mes deux mains sous ma robe, tirais sur l’élastique de ma culotte, un string noir, et la fis glisser le long de mes cuisses. Pas un instant je ne le lâchais du regard. Lui non plus. Je le sentais aussi fiévreux que moi. Arrivée au genou, elle tomba à mes chevilles. Pieds nus dans mes sandales, je sortais la culotte en 2 mouvements rapides, l’attrapais et la déposais sur la table devant lui.
Un grand sourire fendit son visage en deux, il expulsa un soupir de satisfaction. Merci E., j’aime ton esprit farouche. Il se saisit du string, le porta à son nez, le huma, me fixant toujours.
- Donne-moi ta main, lui dis-je.
Il mit sa main sous la table, je l’attrapais et la guidais sur ma cuisse. Elle atteignit mon entrejambe sous la robe. J’écartais les cuisses et le laissais faire. Son doigt s’introduisit et je crus défaillir de plaisir. En moins d’une minute, j’eus un orgasme aussi inattendu que cette rencontre.
Il m’emmena danser un bar boite vers Belleville. Au milieu de la foule transpirante et des corps en mouvements, nous dansâmes serrés l’un contre l’autre, je pouvais sentir son sexe dur contre mon ventre. Nous buvions des mojitos frappés pour nous rafraichir. Pour reprendre haleine. J’étais adossée à un mur, au milieu de tous ces gens. P. se colla contre moi pour m’embrasser à nouveau. On n’était pas les seuls à se bécoter dans les coins. Mais je m’agrippais à lui en l’embrassant pour m’empêcher de crier bouche ouverte, car il me doigtait à nouveau. Il avait pris le contrôle sur moi juste en caressant mon clito. Cette nuit-là, nous finîmes dans une chambre d’hôtel et je lui rendis son plaisir au décuple mais notre relation fut placée sous le signe de ce plaisir dans des lieux publics.
Il me donnait rendez-vous dans le métro, je ne devais pas porter de culotte. Là, dans la rame bondée, il me plaquait contre la porte du fond, et sa main explorait sous ma jupe, me donnant des plaisirs si intenses. N’allant pas jusqu’à l’orgasme, mais me laissant pantelante et prête à le suivre n’importe où pour qu’il me baise. Nous avons baisé dans des chiottes de bar. Contre des portes cochères la nuit.
J’étais accroc. Je suis même partie en week-end avec lui. Il était marié, mais sa femme était en vacances. J’étais célibataire sans attaches. En chemin, il a arrêté la voiture au bord d’un étang. On bavarde on se promène. L’été touchait à sa fin mais je portais encore une robe. On s’arrête près d’un arbre, il m’enlace, je l’embrasse, il pose ses mains sous ma robe, fait glisser ma culotte aux chevilles… il presse mes seins comme si c’étaient des oranges dont il voulait recueillir le nectar
Adossée contre le tronc je me laisse faire, totalement à sa merci. Il remonte ma robe au-dessus de ma taille... Glisse sa main entre mes cuisses, je geins, je ne peux me retenir. Il fait passer la robe au-dessus de ma tête, découvrant mes seins à nus. Il les lèche et les suce tout en enfouissant son doigt dans le calice de mon sexe. Un jour, il m’a dit adorer mettre le doigt dans les pots de confiture, enfant. J’arrive à lui susurrer à l’oreille : je suis ta confiture à la framboise… Mange-moi.
Il s’agenouilla…
J’étais nue, offerte au vent de l’automne naissant, mais j’adorais cela, la peau découverte, la peur d’être découverte par des passants, tellement excitant. J’ai perdu la notion du temps. Je ne sais pas si cela a duré un instant ou une heure… Tout ce que je sais c’est que j’ai joui si fort, que mon cri a fait fuir des oiseaux dans un arbre plus loin. Il me regardait d’un air satisfait et ébahi à la fois. Je devais avoir l’air échevelée. Je me sentais si pleinement vivante, en harmonie avec la nature, cet arbre dont je sentais toutes les nervures incrustées dans la peau de mon dos, la surface de l’étang frissonnant sous la risée. Il s’est relevé, je m’agrippais à lui, je reprenais haleine, je me frottais contre son corps, je voulais lui rendre son plaisir, je passais ma main sur la bosse de son pantalon, j’allais m’agenouiller à mon tour, mais il me retint et me dis, des étoiles plein les yeux : Viens rentrons, tu m’as déjà donné tellement de plaisir à te voir jouir. Il avait l’air désemparé et sincère. Il me rhabilla doucement, et nous rentrâmes en voiture au gite. Nous fîmes l’amour avec lenteur. Je le chevauchai jusqu’à le sentir se cabrer sous moi et en moi sa semence me remplir.
Les vacances se sont finies, sa femme a fini par rentrer. Il m’a appelé moins souvent. J’ai cessé de lui répondre. C’était fini. C’est ainsi. Les tornades s’arrêtent aussi soudainement qu’elles arrivent.
Annotations
Versions