Chapitre 1 : La fuite de Riley

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Le silence régnait dans la maison. Il n'était brisé que par le tic-tac de l'horloge accrochée au mur du salon. Riley était assise sur son lit, les poings serrés et le regard fixé sur la porte fermée de sa chambre. Elle écoutait les pas lourds de son père, errant quelque part dans la maison, probablement ivre, comme toujours à cette heure. Ce soir, la tension était plus forte que d'habitude. Elle le sentait dans ses tripes.

Riley savait qu'il finirait par entrer. Qu'il trouverait une excuse, n'importe laquelle, pour s’en prendre à elle. Une assiette mal rangée. Une réponse qui ne lui aurait pas plu. Depuis la mort de sa mère, la violence était devenue son seul mode de communication. Riley en avait assez. Assez de ce cauchemar quotidien. Assez d'être emprisonnée dans une maison qui lui semblait plus une cellule qu'un foyer.

Elle jeta un regard vers sa guitare électrique, posée contre le mur. Sa vieille Stratocaster rouge, usée par des heures de jeu intense. Sa seule échappatoire. Avec elle, elle pouvait se perdre dans la musique, oublier la douleur et la colère. Mais ce soir, ce ne serait pas suffisant.

Elle se leva soudainement. L'adrénaline pulsait dans ses veines. Riley savait ce qu'elle devait faire. Elle ne pouvait plus attendre, ni espérer que quelque chose change. Elle devait partir. Maintenant.

Sans un bruit, elle ouvrit son armoire et sortit un vieux sac à dos. Dedans, elle enfouit quelques vêtements, son carnet de notes de musique, et son portefeuille. Elle attrapa aussi un petit couteau suisse que sa mère lui avait offert pour se protéger quand elle était encore en vie. Ses mains tremblaient légèrement, mais son esprit était clair.

La porte de sa chambre grinça légèrement lorsqu'elle l’entrouvrit. Les pas de son père s'étaient arrêtés. Le silence qui avait suivi était encore plus terrifiant. Riley n’avait aucune idée d'où il était, mais elle ne pouvait pas rester plus longtemps. Elle se faufila dans le couloir sombre, chaque respiration mesurée pour ne faire aucun bruit. Arrivée à la porte d'entrée, elle prit une profonde inspiration. Ses doigts se crispèrent autour de la poignée.

Juste avant d'ouvrir la porte, elle entendit la voix grave et autoritaire de son père derrière elle.

— Où crois-tu aller, Riley ?

Le cœur de Riley s'emballa. Elle se retourna lentement et vit son père, accoudé au cadre de la porte du salon, une bouteille de bière à la main. Ses yeux injectés de sang la fixaient avec cette lueur qu'elle connaissait trop bien.

— Je… je vais juste sortir un moment, mentit-elle, essayant de garder une voix calme.

— Pas question. Monte dans ta chambre. Maintenant.

Riley sentit la rage monter en elle. Non. Pas cette fois. Pas encore une nuit à attendre qu’il explose, qu’il la menace. Elle recula lentement, sa main toujours sur la poignée de la porte.

— Non, répondit-elle avec une fermeté nouvelle dans la voix.

Le regard de son père se durcit. Il fit un pas vers elle, menaçant.

— Riley, si tu franchis cette porte…

Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Riley ouvrit la porte d'un coup sec et se précipita dehors. L'air frais de la nuit la frappa comme une gifle, mais elle ne s'arrêta pas. Ses pieds frappaient le pavé à un rythme effréné tandis qu'elle courait, sans se retourner.

Les rues étaient sombres et désertes, éclairées seulement par la lumière pâle des réverbères. Riley ne savait pas où elle allait, mais elle savait qu'elle devait mettre le plus de distance possible entre elle et cette maison. Chaque pas la rapprochait d'une liberté qu'elle n'avait jamais connue.

Au bout de plusieurs minutes, elle s’arrêta, haletante, devant un petit parc. Elle s’effondra sur un banc, à bout de souffle. Ses mains étaient glacées, mais son cœur battait à tout rompre. Riley jeta un regard vers son sac. La guitare n’était pas là. Elle l’avait laissée derrière elle, trop pressée de fuir.

Et maintenant ? pensa-t-elle, le souffle encore coupé par la course. Où vais-je ?

Elle n’avait aucune réponse. Mais elle savait qu’elle ne reviendrait pas en arrière. Jamais.

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