Chapitre 2 : Dans la rue
La nuit était froide et silencieuse, à l'exception du bruissement des feuilles agitées par le vent. Riley était assise sur ce banc depuis ce qui lui semblait être des heures, son sac serré contre elle comme un bouclier invisible. La sueur froide sur sa peau s’était transformée en frissons. La ville, qui le jour semblait bruyante et pleine de vie, prenait un tout autre visage la nuit. Les rues étaient désertes, les voitures rares, et les quelques passants pressaient le pas sans même la regarder.
Où vais-je pouvoir aller maintenant ? La question la hantait depuis qu'elle s’était enfuie. Elle n'avait pas de plan, pas de destination. Seulement cette certitude brûlante qu’elle ne pouvait plus rester chez elle. Elle leva les yeux vers le ciel, tentant de trouver un semblant de réconfort dans les étoiles, mais même celles-ci paraissaient trop lointaines.
Riley plongea une main tremblante dans son sac, vérifiant qu'elle avait toujours son portefeuille. À l'intérieur, quelques billets froissés – tout ce qu’elle avait pu économiser en secret ces derniers mois. Pas assez pour tenir plus de quelques jours. Elle réalisa alors l’ampleur de la situation. Elle n'avait pas d’endroit où aller, pas de refuge. La rue, cette nuit, serait sa seule maison.
Les lampadaires projetaient une lumière blafarde sur les trottoirs vides. Chaque ombre lui paraissait plus menaçante que la précédente. Elle regardait autour d'elle, attentive au moindre bruit, au moindre mouvement. Elle avait entendu des histoires sur la vie dans la rue, mais les vivre était tout autre chose.
Elle réajusta son sac sur son dos et se leva, ses jambes encore tremblantes. Marcher lui semblait mieux que de rester assise ici, exposée. Ses pas résonnaient dans l’air glacial alors qu’elle se dirigeait vers une ruelle plus discrète. Elle savait qu’elle devait trouver un endroit à l’abri pour la nuit. Une impasse ou un porche où elle pourrait se cacher et dormir, ne serait-ce qu’un peu.
En tournant dans une ruelle, elle remarqua un vieil immeuble à l’abandon. Les fenêtres étaient en partie brisées, et la porte d’entrée à moitié défoncée. Un refuge précaire, mais cela valait mieux que rien. Riley franchit prudemment le seuil, scrutant l’obscurité à l’intérieur. L’endroit sentait la moisissure et la poussière, mais il semblait désert.
Elle s’assit contre un mur, son sac toujours fermement maintenu contre elle. Le sol était dur et froid, mais elle était trop épuisée pour se soucier du confort. Son corps entier lui semblait engourdi, mais son esprit, lui, était en alerte. Ses pensées tournaient en boucle : le visage de son père, la violence sourde de ses mots, le poids de ses poings. Elle avait enfin échappé à cette prison, mais pour quoi ? Une nouvelle forme de solitude ?
Riley ferma les yeux, essayant de calmer le tumulte dans sa tête. Je dois rester forte. C’était la seule pensée qui l’empêchait de sombrer. Si elle pouvait tenir encore quelques jours, elle trouverait une solution. Un travail peut-être. Ou quelqu’un pour l’aider. Mais qui ? Elle n'avait personne vers qui se tourner. Sa mère aurait su quoi faire, mais elle n’était plus là depuis trop longtemps.
Un bruit soudain dans la rue la fit sursauter. Riley retint son souffle, son cœur battant à tout rompre. Elle se recroquevilla un peu plus contre le mur, essayant de se faire la plus discrète possible. Deux hommes passèrent devant l’entrée de l’immeuble en parlant fort. Leurs voix étaient rugueuses, leurs rires forcés. Ils ne la remarquèrent pas, mais Riley resta immobile, figée par la peur, jusqu’à ce que le son de leurs pas disparaisse.
Elle expira lentement, libérant un souffle qu'elle ne savait même plus qu'elle retenait. La rue, c'était plus que de la solitude et du froid. C'était aussi des dangers bien réels.
Les heures s’étirèrent tandis que Riley essayait de se reposer, sans vraiment y parvenir. Son esprit ne cessait de la ramener à la même conclusion : elle ne pouvait pas rester ici indéfiniment. Elle avait besoin d’un plan, et vite. Le matin apporterait peut-être des réponses. Des endroits où aller. Des opportunités. Mais en attendant, elle n’avait qu’une seule certitude : elle était seule.
Enfin, après des heures d'insomnie troublée, elle finit par sombrer dans un sommeil léger, bercée par les bruits lointains de la ville qui ne s'arrêtait jamais complètement. Ce n’était pas du repos, mais c’était mieux que rien.
Demain serait un autre jour. Un jour où elle devrait faire face à une réalité encore plus brutale que celle qu’elle avait laissée derrière elle.
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