Chapitre 24 : Retrouver son souffle
Après l’annonce de la pause de la tournée, Riley se sentit libérée. Ce choix avait été difficile, mais nécessaire. Le groupe avait enfin décidé de prendre du recul pour se ressourcer, laissant derrière eux les dates reportées et les attentes du monde extérieur. Il était temps de respirer à nouveau, de retrouver ce qui avait rendu la musique si spéciale pour eux au départ.
Ils rentrèrent chacun chez eux, dispersés à travers le pays, avec une promesse implicite : revenir plus forts, plus connectés. Riley, elle, retourna dans la petite ville où elle avait trouvé refuge après avoir fugué. La ville ne ressemblait en rien aux grandes scènes et aux foules qu’ils avaient laissées derrière eux, mais c’était exactement ce dont elle avait besoin. Ici, personne ne la reconnaissait. Elle était simplement Riley, une fille avec une guitare et une passion inébranlable pour la musique.
Le matin de son retour, elle sortit de son appartement, guitare sur le dos, pour retrouver le petit parc où elle aimait jouer avant que tout ne commence. Ce parc, avec ses arbres centenaires et ses bancs en bois usé, était un havre de paix. Elle s’y installa, croisant les jambes sous elle, et commença à jouer quelques accords. Les notes résonnaient doucement dans l’air frais de la matinée, sans pression, sans attente, simplement pour le plaisir de jouer.
Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ressenti cette liberté. La musique avait toujours été un refuge, mais ces derniers temps, elle s’était transformée en une course contre la montre. Maintenant, avec la pause imposée par le groupe, elle retrouvait ce lien intime avec son instrument, ce lien qui l’avait sauvée tant de fois par le passé.
Alors qu’elle jouait, son esprit vagabondait. Elle repensait à tout ce qu’ils avaient traversé, à la montée fulgurante de leur popularité, à la pression, à la confrontation avec son père, mais aussi à toutes ces victoires qu’ils avaient remportées ensemble. Riley avait grandi, changé, et elle en était consciente. Elle n’était plus la jeune fille effrayée qui avait fui sa maison pour échapper à une vie qu’elle ne voulait pas. Elle était devenue une musicienne accomplie, entourée de personnes qui la soutenaient. Mais plus que cela, elle avait appris à s’écouter.
Alors qu’elle laissait ses doigts glisser sur les cordes, elle fut interrompue par une voix familière. Keith se tenait là, adossé à un arbre, son éternel sourire en coin.
— Je savais que je te trouverais ici, dit-il en avançant vers elle.
Riley leva les yeux, surprise mais heureuse de le voir. Keith avait ce don de toujours apparaître au bon moment, quand elle en avait besoin, même si elle ne le disait jamais. Il s’assit à côté d’elle sur le banc, sans un mot de plus, observant la ville qui s’étendait devant eux.
— Alors, comment tu te sens ? demanda-t-il finalement.
Riley prit un moment pour réfléchir avant de répondre.
— Je me sens… bien. Elle sourit, ses doigts jouant distraitement sur les cordes. Je crois que j’avais oublié ce que c’était de jouer juste pour le plaisir. Ça me manquait.
Keith hocha la tête, son regard perdu dans les arbres au loin.
— Moi aussi. J’avais oublié pourquoi j’avais commencé à faire de la musique. Cette pause, c’était exactement ce qu’il nous fallait.
Ils restèrent un moment en silence, profitant de l’atmosphère tranquille du parc. Le calme après la tempête, pensait Riley. Elle se tourna vers Keith, une question en tête.
— Et toi ? Qu’est-ce que tu as fait depuis qu’on a arrêté ?
Keith haussa les épaules, un sourire en coin.
— J’ai passé du temps avec ma famille. Mon frère… enfin, Ethan est toujours Ethan, mais on a réussi à ne pas se battre pour une fois. Il rit doucement. Et j’ai joué de la guitare, seul, comme avant. C’était… apaisant.
Riley hocha la tête, sentant la sincérité dans ses mots. Le succès avait brouillé les lignes de leur relation, mais cette pause leur avait permis de retrouver une part de leur humanité, de renouer avec ce qui comptait vraiment.
— Je pense qu’on est prêts à revenir, dit Keith après un moment. Mais cette fois, à notre rythme. Sans se laisser écraser par les attentes.
Riley le regarda, une lueur de détermination dans les yeux.
— Oui. Je suis prête à revenir aussi. Mais pas comme avant. Je veux qu’on prenne le temps. Qu’on fasse ça pour nous, pas pour les autres.
Keith hocha la tête, souriant doucement.
— Exactement. On va reprendre, mais cette fois, c’est nous qui déciderons du rythme.
Le jour suivant, le groupe se réunit à nouveau, dans un petit studio de répétition, bien loin des grandes scènes de leur tournée. C’était simple, presque humble, mais c’était parfait pour ce qu’ils voulaient : retrouver le plaisir de jouer ensemble, sans pression, sans agenda.
Max et Lucas étaient déjà installés, leurs instruments prêts, et l’ambiance dans la pièce était détendue, presque nostalgique. Max, fidèle à lui-même, plaisanta immédiatement en les voyant arriver.
— Regardez qui voilà ! Nos deux stars ! lança-t-il en riant.
Riley et Keith échangèrent un regard amusé avant de rejoindre leurs amis. Le lien entre eux était intact, peut-être même plus fort qu’avant. Ils avaient traversé une épreuve, et en étaient sortis grandis, plus unis.
Ils commencèrent à jouer sans vraiment y penser, les notes coulant naturellement. La musique les avait toujours rassemblés, et aujourd’hui ne faisait pas exception. Riley sentit cette sensation familière monter en elle, ce frisson qui l’envahissait chaque fois que le groupe jouait ensemble, mais cette fois, il y avait quelque chose de plus doux, de plus intime.
Max s'arrêta soudain, posant ses baguettes, et regarda Riley avec un sourire en coin.
— Alors, Riley, tu nous écris quoi pour le prochain album ?
Riley sourit, regardant ses amis tour à tour, sentant une vague d’inspiration la traverser. Elle savait exactement ce qu’elle voulait exprimer à travers sa musique, maintenant plus que jamais.
— Je pense à quelque chose de plus personnel, dit-elle. Un album qui parlerait de ce qu’on a traversé, mais aussi de ce qu’on veut pour l’avenir. Un équilibre entre les deux.
Keith hocha la tête, visiblement d’accord.
— Je crois que c’est exactement ce dont on a besoin. Quelque chose de vrai, de sincère.
Lucas, toujours pragmatique, se redressa.
— Alors, qu’est-ce qu’on attend ? Commençons à travailler.
Le reste de la journée se passa dans une atmosphère créative et décontractée. Riley se sentait en paix. Le groupe reprenait forme, non pas sous la pression extérieure, mais à partir de leur propre énergie. Ils étaient de retour, mais à leur manière.
Ils jouèrent ensemble jusqu’à tard dans la nuit, perdant la notion du temps, juste quatre amis réunis par leur amour commun pour la musique. La pause leur avait permis de retrouver leur essence, et Riley savait que ce qu’ils allaient créer maintenant serait plus puissant que tout ce qu’ils avaient fait auparavant.
Et dans cette petite salle de répétition, sous les lumières tamisées, le groupe renaissait.
Annotations
Versions