007 - cette fois-ci
2 minutes de lecture
On ouvre le colis et on regarde à l’intérieur.
- Il y en a deux ?
- J’en avais jamais vu d’aussi près. Celui du haut, c’est pour la luxure, celui du bas, c’est pour la procréation.
- Camélia, je dois t’avouer que je suis vierge de ce genre de technologie. Et je ne me sens pas prête.
- Moi non plus, ce qu’on fait ensemble me suffit amplement. J’ai déjà assez d’addictions avec les bulles et les tiges, pas besoin de ça en plus. Regarde, en dessous, il y a même des minibris. Pourquoi on reçoit ça ? C’est peut-être le protocole quand un couple s’installe ?
- D’après le code source sur l'étiquette, le colis vient de l’Hôpital de Laguna. C’est peut-être ma foldingue de psy. Seules les médecins peuvent prescrire ce genre de trucs depuis la loi royale sur les brisims. Mais dis-moi, toi, tu n’as pas un gémeau ou un truc du genre qui aurait fait office de, qui t'aurait fait ressentir toutes ces choses ?
- Non, je suis trop jeune, ça se faisait déjà plus à ma naissance, les gémeaux. Je suis une pure vierge aussi. Du devant, parce que derrière, mon père a voulu marquer son territoire. Et toi ?
- Je n’ai jamais intéressé aucun garçon. Et je n'ai pas eu l'accès à ces outils non plus. Je ne connais que tes doigts et ta langue.
On referme la boite en rigolant et on la range dans un placard du bureau. On monte prendre une douche, ensemble, avant de se coucher, ensemble, nues l’une contre l’autre, en toute innocence. Je la serre un peu plus fort en repensant à son lourd secret qu’elle m’a avoué naturellement, comme ça :
- Mon père, c’est le Pasteur supérieur Patrice. Il me racontait qu'il faisait déjà ça à ma mère dans des cérémonies occultes sur Terre. On en a jamais parlé avec ma mère. Je ne sais pas si c'est un secret ou si elle accepte ces pratiques. C'est comme ça. Tu sais, je l'accepte aussi. Je n'en veux à personne. Je ne suis pas traumatisée. Mais c'est peut-être aussi pour ça que je bois et que je fume un peu trop. J'en n'avais jamais parlé à personne.
- Ce sera notre secret. Je t’aime Camélia.
- Merci d’exister. C’est toi ma troisième addiction.
Le lendemain matin, on ferme le placard du bureau à clef et on la jette au fond du puits. Parce qu’on est encore des filles et pas tout à fait des femmes. Quand j’explique la consignation du colis à Rayane, elle ne sait plus où se mettre. Et puis elle affronte ses responsabilités et avoue :
- Je suis désolée Danielle, je suis allée trop loin cette fois-ci.
Annotations