008 - sur ses larmes

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Mais je ne lui en veux pas, à ma psy. Je lui pardonne. Parce que je n'ai pas le choix, je suis une apprentie clarisse de la Cathédrale Sainte-Claire de Sylvania depuis mon Grand Chelem des institutions et j'aime ça, prier, être bonne et juste, m'acheter une âme. Rayane, elle m’aide plus qu’elle ne me nuit. Son colis osé fait peut-être partie de la thérapie du passage à l’âge adulte ou un truc du genre ? Mais je ne suis qu’une fille, je ne me sens pas femme, pas encore. Je la retrouve sur le Court du Tennis Club de Laguna City. Après notre match, on se déshaltère au Club House et je la rassure après notre duel, qu’elle a perdu :

  • Merci quand même Rayane. On garde précieusement ton colis sous clef mais on ne l’utilisera pas avant le mariage, conformément à la morale royale de la Reine Clémence.
  • Amen ! Ainsi soit-elle ? God save the queen ! Non, pas god…
  • Vive la Reine ! Tout simplement. Ou « à la gloire de la Couronne ! »

Elle rigole de mes incantations, sort discrètement une fiole et ajoute un liquide incolore à son jus d’agrumes. On trinque et je demande :

  • C’est un médicament ?
  • Oui et non. C’est une sorte d’alcool. On a arrêté la production, il y en a que ça rendait folle, ça faisait des histoires.

Elle va pour boire mais je pose ma main sur la sienne et je la regarde droit dans les yeux en inspirant profondément avant de déclarer :

  • Tu arrêtes de boire ce poison.
  • Je ne suis plus réceptive depuis longtemps, à l’hypnose. Mais je veux bien. Si tu me donnes quelque chose en échange. Quelque chose qui compte vraiment pour toi. Un petit bisou ?

J’embrasse sa main en la regardant comme un geste de remerciement solennel et spirituel. Elle a l’air émue. Ça marche finalement. Elle repose le verre, interloquée, outrée. Elle n’en revient pas. Et elle n’en reviendra jamais à boire ce truc, normalement. Pour en être sûre, j'enfonce le clou :

  • J’ai eu tous mes sacrements et comme je suis encore vierge, j’ai ce pouvoir sur toi, Rayane. C’est pas seulement parce que je l’ai voulu. C’est aussi parce que, au fond de toi, dans ton âme profonde, tu veux être sauvée à ton tour. On se sauve l’une l’autre Rayane. Je ne suis pas ta patiente par hasard, non ? Si ?

Elle ne réagit pas. Si elle rit, j'ai perdu. Elle s’affale sur sa chaise et ferme les yeux sur ses larmes.

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