009 - nos identités respectives
Quand je me frotte contre elle, plus rien d’autre n’a d’intérêt. L’éternité de la vie n’a de sens que pour ces moments là, libres, sincères, charnels, au-delà de nous. Elle m’offre son derrière que je prends à pleine main, j’écarte ses fesses et je fais une prière :
- Par ce baiser je t’absous de tes péchés.
J’embrasse et je lèche avec force jusqu’à faire sortir les fautes par ses râles, ses plaintes de plaisir, d’acceptation, de pardon. J’invite ensuite ses doigts à venir entre les miennes et elle prend possession de mon intérieur, je deviens son territoire. Par ma première conjuration, je deviens une vraie clarisse. Et mon orientale est libérée de tous ses démons. Je le vois dans son regard après la douche, quand on reprend nos esprits et qu’elle me demande :
- Danielle, coupe-moi les cheveux. Pas trop courts.
Je comprend la démarche. Je commence par sacrifier ses longs cheveux et je fini par lui laisser du volume au dessus de sa nuque avec des grandes franches latérales qui se courbent sur l'avant. Je devrais peut-être faire pareil ? Mais j’ai une meilleure idée pour affronter mes démons. Dans le tiroir Pantone de la coiffeuse de notre chambre, je trouve une série de teintures rousses, je choisis la plus rouge. Et à la fin des travaux on se regarde dans le miroir où je prononce mes vœux :
- Camélia, je te donne mon "elle" . Désormais je ne suis plus que Dani et tu deviens Camelle.
Je m’appelle Dani et je suis à Elle. « Elle » est désormais notre nom de famille. Dani Elle et Cam Elle. Quand je me présente ainsi à ma mère en allant à l'Octogone, elle ne me reconnaît pas tout de suite, elle se reconnaît elle. Estomaquée, elle me prend le visage et constate que :
- Tu as gardé tes yeux bleus pour nous différencier.
- Il ne faut pas se fier aux apparences. On n’a jamais été aussi différentes que maintenant. C’est toi qui me ressemble, désormais.
Marwah elle, est furieuse quand elle constate la disparition des beaux cheveux longs de sa fille. Et en me voyant elle crie :
- Sorcière ! Rends-moi ma Camélia !
Pendant une seconde je pense à la croix autour de mon cou qui me protège et que je peux sortir pour me défendre mais je suis rassurée de voir les bras tendus et accueillants de Marwah qui nous réclame une étreinte d’affection et d’amour, d’acceptation de nos désirs, de nos identités, respectives.
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