Adé avait raison. Il fallait que je les rencontre. En quelques minutes je suis devenue plus proches d’elles toutes alors que Benjamin en connaît certaines depuis des années. Il n’en est même pas étonné.

• C’est normal, tu es irrésistible. On t’aime tout de suite.
• C’est vrai ? Tu m’a aimée tout de suite ?
• Tellement que ça m’intimidait. C’est pour ça que je bricolais tout le temps, pour penser à autre chose.
• À quel moment exact tu m’as aimée ?
• Quand j’ai entendu le son de ta voix qui criait : « Vèmadeux, yocidé ! »

J’éclate de rire tellement son accent est drôle. Je corrige :

• Vem är du ? Jag ser dig !
• Ça veut dire quoi ? C’est une injonction de Marchalle ?
• Non, ça veut dire : « qui es tu ? Je te vois. »
• Je suis Benjamin. Tu me vois ?
• Oui je te vois toi. Qui tu es vraiment. Ton âme. Ton esprit. Ton cœur. Je crois que je suis dedans.
• Tu es dans les trois et ce que je préfère c’est quand je suis dans ton corps.
• On est ensemble alors. On aime être ensemble. On s’aime.

Et je lui offre mon corps pour assouvir ses désirs les plus profonds. J’aime quand il m’aime de toutes les façons. J’aime être aimée. J’aime aimer. Je m’aime, même. Et on sombre. Je me réveille avant lui. Lavée, habillée et petit-déjeuner préparé au cas où il se réveille avant le brunch, je sors m’installer sur la petite table du porche côté rue pour fumer une tige violette en scrollant les messages sur mon monom. Il y a un message gentil de Cam. Je tente l’appel audio. Elle répond.

• Merci Cam pour hier.
• Ah oui non mais je n’allais pas te laisser rentrer dans les Ordres. C’est toujours assez spécial ces réunions privées.
• Pourquoi tu es aussi gentille avec moi ?
• Je ne sais pas. Je te sens bien. On n’est pas du même monde, on est engagées dans des histoires différentes et pourtant je me sens proche de toi. J’aimerais qu’on soit amies. Sans que ça bascule. Et pas non plus une relation de travail ou d’intérêt. Une amie proche.
• Je ne sais pas faire la différence. Je n’ai aucun genre d’amie.
• Super ! Je peux te montrer alors. On va rendre nos conjoints jaloux.
• Ça m’étonnerait. J’ai vu comment il te regarde. Tu lui plais. Moi aussi.