Le matin je vais à Russell pour mes cours de français. Benjamin m’y accompagne pour traîner ici et là. On se retrouve au brunch de La Cafète.

• J’ai trouvé un travail, au service technique de Russell sur le campus. Il faut réparer la cloche de la tour principale. Tout le monde a oublié cette technologie. Je vais voir ce que je peux faire.

Et comme de son côté Dana a ses activités de clarisse et ses formations de Sœur XVIII, Cam et moi avons toutes nos après-midi pour consolider notre amitié naissante. Elle pratique sur moi une cérémonie occulte, une coupure à l’intérieur de nos mains et nos sangs entrent en contact. Pour me venger, je lui fais un massage suédois avec toutes les étapes, mais d’une seule main du coup à cause de son sévice. C’est parti pour l’effleurage, le pétrissage, la friction, la percussion et la vibration. De quoi briser la barrière de notre intimité. Et elle en redemande. Mais non.

• Une seule fois par jour, pour en apprécier tous les effets.
• C’est magnifique Elin. J’ai l’air fine avec mes trucs de vaudou.
• Et tu as de la chance, même Benjamin n’a pas le droit à ça. C’est plutôt lui qui me masse, à sa façon.
• Tu veux que je te masse à ma façon ?
• Ce ne serait pas correct, ma chère.
• Nous sommes de grandes filles. Surtout moi. Fais-moi confiance. Je suis ton amie. Allez ! En toute amitié. Tant que nos ventres ne se frottent pas l’un contre l’autre, on ne fait rien de mal.

Elle me fait rire. Quelle baratineuse ! C’est le massage qui parle. Je lui fais juste un bisou sur la bouche pour la calmer mais ça a l’effet inverse, elle en réclame un autre en me montrant l'endroit où les faire. Un sur ses seins. Un sur son ventre où je pose mon oreille pour écouter.

• Tu as faim. Je te prépare à manger.

Une raison de m’éloigner de son corps. Elle vient m’aider à préparer le goûter et vérifie le pansement de la paume de ma main. Elle le retire, nettoie et vérifie qu’il n’y a plus rien. Elle conclue par un bisou sur la cicatrice. Un frisson me parcours. Elle me tend sa main. Je fais de même sur elle, tout son protocole, jusqu’au bisou. Et quand je relève la tête son visage est tout près du mien. On se respire. Quelque-chose a changé. Je suis troublée. On reste là un moment puis elle claque des doigts et on prend notre collation. On boit dans la même tasse. Elle me met un morceau de gâteau dans la bouche et j’en lèche ses doigts. Elle vient me lécher les lèvres. J’ouvre la bouche. Et on se mange un baiser de l’amitié.