46 - Elin - en faisant coucou
Ce matin je me lève tôt pour faire la vaisselle de la veille. Par la fenêtre de la cuisine, au dessus du lavabo, une petite fille passe à vélo et tombe. Une alarme résonne dans ma tête endormie. C’est un piège. Elle se relève difficilement. Elle boite. Elle saigne. Elle pleure. Ma pauvre petiote. Je dois intervenir. J’enlève mes gants, j’attrape la trousse de secours et j’y vais en restant sur mes gardes et en révisant mentalement les gestes d’autodéfense. Quand j’arrive à son niveau et qu’elle me voit, elle essaie de s’enfuir. Elle m’explique :
- Je suis grillée. J’ai pas le droit de rentrer en contact avec vous.
- Comment ça ?
- Agente Lola. Je dois te surveiller depuis que tu n’es plus Marchale. Et Benjamin aussi, même si il a toujours réussi à nous échapper. Toi, tu es parvenue à l’attraper. Nous les agentes, on est bien moins fortes que les marchales.
Je la soigne, je l’écoute, je la console et je la ramène à l’intérieur pour lui préparer le petit-déjeuner. Benjamin se pointe à moitié dans le coma et je lui présente. Il lui fait une bise et va dans le frigo boire à une bouteille d’eau bien fraîche.
- Salut ma puce, moi c’est Ben. Tu t’es faite un gros bobo ?
Lola a l’air émue de tant d’affection et d’attention. Elle n’a pas l’habitude des vrais contacts humains. On leur lave le cerveau aux agents. Ils sont désocialisés. Et je sens les mains de Benjamin sur moi, il m’embrasse dans le cou mais reste correct. Il part ensuite se réveiller sous la douche. Pendant ce temps j’allume mon monom et je vérifie qu’il est toujours ops.
- Fini ta théo, je fais une requête à l’Octogone pour t’avoir comme agente de contact. Je fais valider ça par Dani. Désormais, on se voit tous les matins au ti-dèj.
Le lendemain elle est là. On n’est pas encore levés qu’elle prépare déjà tout en cuisine. On descend avec Benjamin et on l’embrasse avant de se mettre à table et raconter ce qu’on a fait la veille, pour son rapport. Quand Ben part travailler elle m’aide dans les tâches ménagères de la maison. Quand Carla arrive pour le brunch, elle la regarde avec convoitise.
- Pas touche, c’est ma fille, Lola.
- Salut Lolita, moi c’est Carlita.
- Bonjour madame, je sais qui vous êtes. Je dois y aller.
Elle prend son vélo posé contre la barrière verte et file en faisant coucou.
Annotations