66 - pleine d'amour
Je refuse la convocation de la Reine. Tout de suite, Camélia me rappelle à l’ordre. Suite à cet avertissement, je m’estime illégitime dans mes fonctions de Clarisse Principale et je ne me présente pas à l’Office. Je laisse mon monox au coffre du Pavillon 34 et je m’enfuie à l’Ouest dans une navette diplomatique pour retrouver Brigitte qui peut me cacher à la Gare. Personne n’osera venir m’y chercher, trop dangereux.
- Dani, comment tu vas t’en sortir ?
- Si on me demande la cause de tout ça, je répondrai que je n’avais pas envie d’enfoncer un brisim dans le cul de la Reine. Car c’était bien ça, l’objet de ma convocation. J’estime qu’il y a des limites.
Brigitte met mes propos en forme pour son rapport administratif qu’elle envoie dans le réseau diplomatique. Mon rappel à l’Ordre est rapidement annulé. Un drone me ramène mon monox mais il se fait shooter par la défense aérienne de la Gare. Brigitte m’exfiltre et je me retrouve en treillis de combat avec un sac à dos à marcher avec elle dans les bois au sud de la ville. Il fait beau. Il fait bon. On s’arrête pour bruncher.
- On n’est pas bien là ? À la fraîche. Paisibles. Ici on ne peut pas être localisées. Surtout sans nos croix et nos bagues. Et les arbres brouillent les antennes génétiques.
- Ma mère m’a peut-être pucée.
- J’ai rien vu au scan. On est en dehors des radars, seules, libres.
On reprend notre chemin. Un arbre est tombé. Il nous permet de traverser un cours d’eau. Et on arrive à un chalet en bois à moitié camouflé.
- C’est le modèle survivaliste ? Il existe donc vraiment.
- Oui. Il est ravitaillé par le DRA, le dark réseau de Aurélie. On peut rester des siècles ici sans être repérées.
On s’installe et on part se rafraîchir au bord de l’eau vive. Elle enlève tous ses vêtements et ses sous-vêtements aussi. Je l’imite et on entre dans l’eau doucement, main dans la main. Soudain l’eau gicle avec nos cris. Bataille d’eau et on finit par plonger et se courser pour se faire des bisous partout. Quand on ressort de là, je me sens pure et légère, c’est comme si je débarquais dans un nouveau monde, le mien, le nôtre. On rentre à notre chalet pour se pouponner et s’habiller léger. Dans le miroir je ressemble moins à ma mère. Mes yeux sont plus verts. Mon visage plus large. Même secs, mes cheveux ne sont plus rouges. Je redeviens blonde, châtaigne. Bri pose sa tête sur mon épaule. Elle a les cheveux qui frisent. On se regarde et on s’admire, toute belle pleine d’amour.
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