68 - une éternité d’amour
Je trouve une enveloppe sur la table avec une croix dessus, non, c’est un x. C’est donc pour moi. J’ouvre, c’est un point de situation laissé par Elin. Adé a expliqué à Clémence que je suis en mission d’infiltration dans l’ordre du Pôle Positif. Paloma me remplace pour les Offices de Sainte-Claire. Je montre le courrier à Bri qui réagit :
- C’est moi qui suis en mission d’infiltration, du Pôle Négatif avec les Gretas de la Couronne et maintenant de tout l’Est avec toi. Moi aussi j’ai de l’imagination. Et on va toutes faire de nos fictions une réalité.
Elle a l’air contrariée alors je lui reprends le document que je déchire en petits bouts pour les jeter dans la cheminée. Je reviens vers elle me blottir dans ses bras, la détendre en l’infiltrant de tous mes doigts, de ma langue dans sa bouche. Telle est ma mission, officielle, pour notre réalité, sexuelle. Je m’applique à la faire jouir avec toute ma sincérité, sans jouer un rôle, débarrassée des titres et des relations qui me définissent, Dani L, « L’améliorée ». Mais pas autant qu’aujourd’hui où Brigitte me donne accès à mon moi pur, loin de tout et nue contre elle où je sais enfin qui je suis après cette longue quête existentielle. Après l’amour je sors dehors m’asseoir sur les marches. Tout autour de moi est en réalité augmentée. Le vent sur ma peau, les bruits de la forêt, les odeurs de la nature, la lumière qui filtre de la canopée, le goût de Brigitte qui persiste dans ma bouche. Pieds nus de chaussures, mains nues de bagues, je les pose sur le bois mou des marches. Seul mon séant se prive de leur contact direct à travers une fine nuisette encore humide d’excitation. La tête en arrière, je ferme les yeux et je respire ma pleine conscience. Je sens une chaleur sur mon ventre, un souffle chaud dans mon cou, Brigitte prend possession de moi, elle me soulève et me porte jusqu’à notre couche, c’est à mon tour d’être infiltrée et initiée par tout son attirail, les derniers modèles emportés dans une petite boîte. Nos fluides se mélangent au plus profond de nous et à la fin elle place dans mon ventre son ultime bijou pour une jouissance sans limite en intensité et en temps. À chaque contact physique avec elle, je suis traversée par un éclair de plaisir qui me cambre du bout de mes orteils au sommet de mon crane. Un autre monde s’ouvre à moi et désormais je ne me définie plus sans être l’objet de son désir comme elle est le mien. Entre deux pertes de consciences je lui demande :
- Comment c’est possible ?
- Ce n’est que le début. J’ai mis l’intensité minimale. On a de la marge.
Et me voilà perdue dans une éternité d’amour.
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