72 - Elin - pour simplement dormir

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Je suis là, au Hangar 8, dans la cuisine face à l’évier. Je quitte mon regard dans le reflet de la fenêtre et je me retourne pour faire un panoramique de la pièce. Il y a d’abord Benjamin, calme et détendu depuis qu’il s’est vidé en moi, Carla qui explique un document administratif à Lola et Laurie qui me regarde, connectée à mon esprit, elle semble me ressentir, me comprendre.

  • J’ai fait plusieurs reset aussi. C’est comme ça que j’ai su, quoi ne pas faire, de ma vie. On a toutes des profils de major de promotion mais on n’est pas toutes faites pour se brûler au centre du système, solaire pour certaines, royal pour moi. Mieux vaut rester en périphérie, spectatrice. Tu fais le bon choix Elin, de ta vie, ici et maintenant. Anyway, tu es libre de disparaître, du jour au lendemain. Autant toi tu sais retrouver tout le monde, autant personne ne saura te retrouver. Est-ce que ton existence te convient ?
  • Parfaitement. C’est plus que j’en espérais. Mais c’est facile à concevoir parce que je n’attendais rien de la vie, et elle m’a tout donnée.
  • Garde tes sermons pour la Messe.

Je ne peux m’empêcher de sourire.

  • Tant que tu seras dans mes parages, je me sentirai bien. Laurie. Ma Princesse.
  • Je peux être ta Reine ce soir. Benjamin a eu sa dose. À mon tour.

Je la prends par la main et je l’entraîne dans la salle opérationnelle où sur mon bureau traîne des galets, en décoration, soit-disant. Je prends le plus clair et j’inscris au feutre noir dessus : Your turn. Je lui tends en me retenant de rire. Elle aussi en le prenant. Mais en voyant nos têtes on éclate.

  • Je t’avais jamais rien offert.
  • Je n’en attendais pas tant. Ça me fait donc, plaisir.
  • Tu es sûre ? Pourtant, il ne vibre pas.

Et c’est reparti. Ça fait du bien. De perdre le contrôle de nos tristesses. Carla et Lola viennent nous voir et nous regardent comme si on était devenues folles. Benjamin, lui, de loin, a un regard plus inquiet encore. C’est dingue comme on se comprend, avec Laurie. Elle est plus que ma cousine, elle est comme une sœur, une âme sœur. On se calme. Je reprends mes esprits. Je me demande ce que je fais encore là. Je pars, sans me retourner, sans dire au revoir ou adieu, à personne. Laurie n’arrive pas à me suivre. Elle me perd. Et je me retrouve dans une vieille planque isolée où je peux enfin me coucher pour simplement dormir.

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