73 - Elin - pour me soigner
Ping ! Ça me réveille. Combien de temps j’ai dormi ? Combien de jours ? J’ai soif. Je me jette sous la douche pour boire et me laver. En en sortant, je passe une main sur le miroir embué pour apercevoir mon visage. J’ai l’air, plus ordinaire. Ping ! Ça vient de dehors, d’une boite plantée sur un poteau au bout du chemin. J’ouvre. Mon monom. Comment il a fait pour me suivre ? Je dois être pucée, quelque part. Ou alors c’est juste ma génétique qui ne passe pas sous les radars. L’écran s’allume avant que je ne le touche. C’est un message texte. « My turn ». Le deuxième message s’ouvre : « To love you. » Laurie. Toujours pleine de promesses. Toujours exhaussées. Elle me laisse des coordonnées. En Principauté. Ou juste à la frontière ? Je traverse une forêt, elle s’ouvre sur une falaise qui cache un grand lac. Laurie est assise là, toute mouillée. Je m’assois à côté d’elle et je l’écoute.
- C’est là que sont les réponses, au fond. Avec ton galet. Je l’ai lâché. Pour pouvoir remonter. Sinon j’y serais encore. Mais je suis remontée avec des réponses à mes questions. Une réponse. Une image que j’ai vu tout au fond dans la profondeur noire de l’eau. J’ai vu ton visage briller.
- T’es ultra mystique, Laurie. On n’est pas un peu trop au sud pour moi ?
- Regarde ton monom. T’es en disponibilité. Et tu n’as pas ton phaser. Your are not in charge. Your are not on duty. En plus, tu es avec moi.
- Je suis avec toi ?
- Of course you are.
- I’m with you too.
Je la relève pour l’embrasser. Sur la bouche. Ce qui la surprend un peu. Mais elle me rend quand même mon baiser.
- Je fais tout le temps le même cauchemar. Tout le monde s’aperçoit d’un coup que je suis la vraie Reine. Et moi aussi je me mets à y croire. Quand je me réveille, j’ai l’impression de jouer un autre rôle. Et puis je me rappelle. C’est Clémence qui a été désignée, la pauvre petite. Je prends des substances pour ne plus dormir. Puis d’autres pour ne plus rêver. Sauf quand tu es là, près de moi. Plus besoin. Tu brûles toutes mes angoisses. Tu rayonnes. Tu m’irradies. Tu as ce pouvoir, Elin.
- -Le pouvoir d’éteindre le tien, ta sensibilité aux mondes parallèles.
- Mon esprit n’est pas fait pour aller de l’un à l’autre. Avec toi, j’ai l’esprit saint, je reste ici, dans cette dimension où je suis privilégiée, libre. Dès que tu t’éloignes, les cauchemars reprennent et je sombre à nouveau dans la drogue ou au fond de l’eau. Tu m’en sauves. Tu me sauves. Je veux que tu brilles fort en moi, pour me soigner.
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