De part sa neurodifférence, elle a été disqualifiée. Du moins, dans notre dimension.

• Elle est comment, la Reine Laurie ?
• Je ne sais pas. Je ne la vois plus. Elle avait des problèmes et des ennuis. Une vrai Reine, quoi. Mais elle en avait moins que Clémence. Avec Clémence, c’est pas des ennuis de problèmes, c’est des batailles de guerres. C’est moins cool ici que là-bas. Mais ici, je suis épargnée de cette lourde tâche : régner. Et si tu m’épargne de ma folie, ce sera encore mieux.

Je n’ai pas grand chose à faire. Juste à être là, auprès d’elle. Pouvoir ou pas, c’est l’effet Greta, la sauveuse de la Couronne, son sang coule dans mes veines, j’en ouvre une pour en asperger le visage de Laurie, affolée par mon geste. Ça me faire rire. On dirait de l’exorcisme sauf que c’est moi qui passe pour la possédée. J’enlève sa main qui presse ma plaie que je présente à sa bouche :

• Ceci est mon sang, buvez-en toutes en mémoire de Greta.

Elle voit que je ne plaisante pas alors doucement, elle m’embrasse le poignet. Je pense que le geste est assez fort pour supprimer tous ses cauchemars. J’ai la tête qui tourne. J’ai sommeil. Quand je me réveille j’ai un pansement sur ma plaie et Laurie s’est changée, en blanc bien-sûr.

• Prête à affronter l’ère 4 ?
• Et si on attendait l’ère 5 plutôt ? On est bien ici. Je n’ai pas envie de retourner au Hangar 8.
• On peut revenir ici tous les jours si tu veux. Ton homme ne te manque pas ? Et ta fille, elle a besoin de toi.
• Elle a Carla. Et Benjamin a sa vie sur le Campus. Il ne me reste que toi.
• Alors il faut que tu vois mon palais.

Non loin de Votre-Dame, dans un quartier arboré, une maison se cache au bord d’un fleuve qui plus loin se jette dans l’océan. Elle a son petit port avec quelques bateaux. Tout autour, des dizaines d’endroits sont aménagés en jardins zen propices à la méditation. Je regarde le nom sur la boite aux lettres, blanche : Princesse Laurianne. Je regarde mon monom. Il est éteint. J’ouvre la boite et je le pose à l’intérieur. Un drone viendra sans doute le récupérer. Laurie m’attend dans le petit salon, debout avec ses deux mains devant elle, l’une sur l’autre, paumes vers le ciel avec dessus un monolithe blanc, royal.