78 - Elin - voir l'eau bénite
Je vais prier à Votre-Dame. Rayane me rejoint, elle n’est pas en tenue de Sœur Skye XIX parce que :
- Je reste moi-même, la foldingue Rayane. Je crois que mon hologramme sévit encore ici et là. J’ai une existence numérique, spirituelle et existentielle. Mais en dehors de tous mes rôle sociaux, je reste Rayane et tu restes Elin. C’est comme ça qu’on est les plus fortes. Il ne faut pas que l’on s’oublie. C’est pour ça qu’on fait toutes de la méditation, surtout quand on a personne à qui parler vraiment. La prochaine fois, vient en civil, ton white dress code, ça me perturbe. Je ne te vois pas vraiment derrière cette armure royale, Duchesse x.
J’enlève immédiatement tous mes vêtements pour me présenter nue face à elle. Elle est un peu gênée, inquiète qu’on nous surprenne. Elle me prend par la main pour nous réfugier à la Sacristie où dès la porte fermée elle rit, doucement, poliment, sans oser me regarder en face. Elle est excitée, ça l’a met mal à l’aise. Dans son armoire elle trouve des vêtements corrects et elle recouvre ma nudité qu’elle n’ose plus regarder. En ressortant mes cheveux de la robe grise, sa main caresse ma joue et nos regards émus se croisent.
- Rayane. Et mes habits blancs, on les laisse là-bas ?
- Je dirai que tu t’es volatilisée dans l’au-delà, je vais t’enfermer en cellule et plus personne ne te reverra, jusqu’à ta résurrection.
- Tu viendra me voir ? Tous les jours ?
- Plusieurs fois, par jour.
Je la serre dans mes bras. On sait bien que tout ça est faux. Parce qu’on parle au futur. Il n’y a que le présent qui compte. Je sens son odeur envoûtante Je sens ses mains dans mon dos, sa bouche dans mon cou, sa jambe entre les miennes. J’ai l’impression qu’on flotte dans l’espace, tout brille autour de nous. On est comme traversées par des ondes grave et vibrantes qui transportent notre esprit jusqu’à notre âme. Nos joues glissent l’une contre l’autre et nos bouches se trouvent, nos lèvres se caressent et on finit par se goûter et se boire dans un baiser profond et sacré qui nous transporte dehors, à l’air libre, main dans la main à l’ombre des arbres près de l’étang. On se retrouve sur une terrasse en bois tout au bord et appuyées sur la palissade on regarde la surface magique aux reflets infinis. Il y a une chaleur dans ma poitrine.
- Rayane, tu m’as droguée. Pourquoi l’eau brille autant ?
- C’est mon parfum de contact. Il est au Philtre. Ça ouvre les sens, les sensations. On peut même voir l’eau bénite.
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