95 - Bri - elle est là
Je la retrouve au bord de la plage, face à l’océan, comme moi lorsque je suis venue la première fois. Mais elle est seule. Où est Greta ?
- Elle choisit notre maison. Tu as bien changé Brigitte, en bien. Toi aussi tu les as remarqué, les fluides. Ils vont et ils viennent.
- Oui, en planche à voile ça doit être sympa, en plus il y a de grosses vagues plus au large. Mais c’est dangereux, et interdit, c’est du sport.
- Quand on aura mieux capté l’esprit d’ici, on saura mieux quoi en faire.
On se regarde, on se comprend. Elle est si belle, normal c’est la mère de Clem. Elle a l’air si forte, plantée, droite, même ses cheveux ne volent pas au vent. Victoria. L’Ouest va devoir se passer d’elle. Mais pas moi. Elle se met à rire, d’amusement, de joie. Je crois qu’elle entend mes pensées. On va bien ensemble. La blonde et la brune. Le même gabarit. Elle a vraiment beaucoup de charme. Greta ne doit pas s’ennuyer. Elle ne sourit plus, elle me regarde avec mélancolie. Je crois qu’elle m’envisage. Mais juste pour jouer. Ici et là. De temps en temps. Je lui réponds avec ses mots :
- Quand on aura mieux capté l’esprit d’ici, on saura mieux quoi en faire, de ces fluides, tous ces fluides, autour de nous, en nous, en résonance.
- On va peut-être attendre un peu avant d’utiliser tes jouets. Il y a plein de bonnes choses à faire avant, de façon naturelle. C’est ça aussi je pense l’esprit d’ici, non ?
Ça y est. Il n’en faut pas plus. C’est le début de quelque-chose. Nos mains se frôlent. Nos corps vont suivre, à la prochaine occasion. Je tente :
- J’ai une cabine, pour deux. On peut aller se changer pour se baigner si tu veux.
- Je me baigne toujours toute nue.
- Pour y déposer tes affaires alors.
- On n’est pas obligées d’en passer par là pour devenir amies, si ? On peut le devenir directement.
- On l’est pas déjà ? On n’est pas des ennemies. Mais on peut devenir de bonnes amies sans nager ensemble, tu as raison. Je t’attends en cabine, c’est la 342.
J’y vais sans me retourner. La balle est dans son camp. J’entre et je laisse la porte entrouverte. J’en profite pour ranger un peu histoire de penser à autre chose. Quand j’aurai fini j’espère qu’elle sera encore sur la plage pour continuer de lui parler, de la convaincre, d’avoir un moment à nous, intime, pour faire connaissance. J’entends la porte se refermer. Je me retourne et elle est là.
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