97 - Bri - ensemble en silence
Izzy, connectée en face à face avec un nouveau modèle, se tortille sur moi. On ne fait qu’une dans notre nouveau monde loin des drames qui nous ont séparées. Et ici point d’ambition ni de destin à assouvir, juste elle et mon plaisir. On est bien ici. On n’était plus bonnes pour notre ère. L’ère n’était plus bonne pour nous non plus. Les Suburbs nous neutralisent. C’est une bonne chose. On doit les respecter, se respecter et ne plus dévier en dehors de l’éternel. Un jour sur deux je vais traîner au CMS où il n’y a pas grand-chose à y faire. Ici ils ont trouvé le rythme en phase avec l’éternel, on prend son temps. Alors je m’en échappe et je vais méditer sur un banc dans le parc central face à une marre remplie de poissons étranges. Mais aujourd’hui il y a quelqu’une sur mon banc. Je reconnais Greta. Je vais m’asseoir à côté d’elle pour lui demander :
- Alors même ici tu as encore tes pouvoirs ? Tu n’as pas réussi à t’en débarrasser ?
- Il y a tellement de choses dans lesquelles j’ai échoué, celle-ci en fait partie aussi. Toi, l’échec, tu maîtrisais. Et maintenant ?
- Je ne sais même plus ce que c’est. Tu as du mal à t’oublier, nous aussi. Mais au moins ici, rien ne va te forcer à continuer d’être qui tu es. Ça sonne un peu étrange, j’espère que tu ne vas pas me dénoncer aux autorités anti-spirituelles.
- J’ai vérifié, elles n’existent pas. Ici on a juste à suivre des directives, une façon de vivre qui tend vers la simplicité, vers plus de vérité, loin des mensonges qu’on s’est construits. J’aurais dû me rendre compte de ça avant de venir ici.
- Non, ça n’aurait rien changé. Mieux vaut s’en rendre compte ici. Moi, dès que je m’en suis rendu compte, c’est là que j’ai commencé de vouloir perdre, de faire gagner, mais je restais prisonnière d’un jeu. Ici, l’avantage, c’est que ce jeu n’existe pas.
- Tu es douée Brigitte. Ça me rassure, pour Isa Love, qui a repris ta suite pour le Pôle Sud.
- Elle a tout ce qu’il faut pour ça. Elle est une Greta. Et pas des moindres. Sans insulter Elin, je l’adore, dans son genre décalé, elle est unique.
- Et moi, qu’est ce que tu penses de moi ?
- Je ne sais pas. Je ne te connais pas. Pas encore. Qui es-tu ici Greta ? Qui es la vraie Greta ? Laisse toi être en dehors de ton histoire. Ici, c’est le bon endroit. Maintenant, c’est le bon moment.
Elle me prend la main. On se sourit et on respire ensemble, en silence.
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