98 - Bri - tartines au miel
Elin produit des fruits et des légumes dans son jardin, elle les met à disposition de la communauté. Danielle supervise les espaces naturels. Victoria et Izzy sont à l’école. Moi je suis aux soins. Et Greta dans tout ça :
- Pauline et Aurélie me demandent d’être la garante de ce qui se passe ici, parce moi, on m’écoutera. Les directives sont claires : ne pas faire comme à l’Ouest. On a juste à se laisser aller dans le plaisir. Aux Suburbs, on est dans un éternel septième jour biblique où la Déesse se repose. No drama. Pas de spiritualité, pas de politique, pas culture déviante même si elle reste à définir.
- On peut garder nos jouets alors ? Ils ne sont pas interdits ?
- Au contraire, ils devraient être obligatoires mais ils sont libres à chacune d’en user ou pas.
Justement, avec le brisim hybride adapté, en bonne terrienne de la deuxième vague, elle me laisse la prendre par derrière, comme le permet son anatomie originale. Une fois toutes les tensions évacuées, on se retrouve l’une contre l’autre pour un moment tendre en peau à peau.
- Tu es toute douce maintenant, Greta.
- Oui, et je veux rester ainsi, laisser derrière moi tous mes tourments. Et je n’ai plus qu’une seule mission, préserver cette banlieue d’Humanité, je n’ai même pas à la sauver, c’est elle qui me sauve. Je me sens enfin neutre, avec toi. Le Pôle Nord et le Pôle Sud. On s’est neutralisées.
- C’est à vérifier, boussole par boussole, pour voir si elles indiquent toujours ta direction, ou pas.
- C’est toi ma direction, Bri. Ça l’a toujours été. Mon alter ego. Tant que tu seras là, il ne pourra rien arriver.
Elle pose sa tête contre la mienne et me prend les mains. On respire en cadence. Nos fronts se trouvent, puis nos bouches, pour un baiser, sacré. Je ne sais plus où j’en suis. Je suis avec Izzy. Je l’ai toujours été. Greta, elle, a trouvé sa Victoria tout comme Dana a trouvé sa Elin. On en est là. Et chacune rentre chez soi, en couple, pour une soirée de plaisir et une nuit de luxure. Je me réveille la nuit, je me détache du corps de Izzy et j’ouvre la fenêtre pour regarder les étoiles scintiller. On entend les vagues d’ici. Ou alors c’est le vent qui souffle dans les arbres ? Ou Izzy qui ronfle derrière moi. Je me sens libre, enfin, libérée, de mon destin ? Mes pensées s’évanouissent jusqu’au petit matin où je me résous à plonger dans ma couche pour réveiller ma belle de la plus belle des façons. Je la butine avant d’aller préparer ses tartines au miel.
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