102 - essence de l'evanescence
Je commence à oublier, ma vie d’avant. Elle n’est plus qu’un souvenir, lointain. Ici je suis bien. Calme. Détendue. Heureuse. Avec Elin. Et son bébé. Je sentais bien qu’elle allait apparaître quelque part. Dans le messenger de mes analyses de données, un message texte apparaît : « Wake-up Dani, tout ce que tu vis n’est qu’un programme occulte ! ». Je ne devrais pas répondre. Mais avant de bloquer la com, j’écris tout de même : « Ah bon ? Ça me va. Je vote pour. Adieu, Cam. » Je m’assure que le message parte et soit lu avant de fermer et d’éteindre, je me couche même par-terre pour débrancher le câble. Ma réponse est trop complexe. Elle va sûrement l’interpréter pour y trouver un code. Je la connais. Tant pis. Concentrons-nous sur ma vraie nouvelle vie de maintenant, en pleine conscience. Je vais revoir la plage. À droite, il n’y a plus de sable, c’est sauvage avec les rochers qui tombent directement dans la mer, comme un rempart vers l’Ouest et sa Principauté. À gauche, il y a une digue qui cache un port de plaisance avec quelques yachts. Il y en a un qui sort avec une grande dame blonde qui fait des signes. On dirait Victoria. Elle jette l’encre et balance un bateau pneumatique qui vient vers moi. J’accepte l’invitation et je me retrouve à bord où elle me hisse en riant :
- J’ai pêché une belle blonde ! Prête à aller aussi loin que le temps s’arrête ? Au large, ce sont d’autres principes qui font loi, qui font foi !
- Pas trop loin, je dois être rentrée pour le souper.
- On va un peut plus loin et on reste en visuel de la côte.
On arrive dans une crique intime à l’eau turquoise où on s’immobilise face au soleil. Elle m’invite à côté d’elle sur un transat pour une séance de bronzette en nu intégral. Elle prend ma main en se caressant le ventre, je l’imite et on finit l’une dans l’autre avec un brisim assez puissant pour nous amener directement à l’extase. Une fois détendues, on discute tranquillement de nos nouvelles existences éternelles.
- Je n’imagine même pas retourner à l’Ouest ou ailleurs. Je me demande si on va se lasser un jour de ces vacances oisives.
- C’est une autre façon de vivre, il faut savoir l’apprécier. On ne devrait bientôt plus penser au passé ou à l’avenir, on va s’oublier et se révéler ici, pour toujours et à jamais comme dirait Paloma.
- L’éternel septième ciel, comme dirait Danielle.
- C’est donc ça. On en est là. Mais il reste au moins 200 chapitres. Tu crois qu’on peut tenir aussi longtemps ici ?
- Il ne s’agit plus de croyance, c’est l’essence de l’evanescence.
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