103 - propre et pure

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C’est comme si je revenais d’un long voyage en mer. Tout est tellement moins confus ici, sur terre, au contact des forces telluriques et apparentées, celles de notre immortalité. Telle est notre condition de privilégiée dont la seule préoccupation est de se cloner histoire d’exister en même temps sur toutes les générations confondues de l’Humanité. Je pensais être une freak mais en fait je suis le modèle à suivre, la première de la tribu de Dana, les clones locales qui accompagnent les Gretas. Mais j’accepte et je jouis de cette vie où en dehors de l’Ouest, chacune est à même d’avoir sa propre spiritualité. Un esprit et un corps nous suffisent, il n’est plus question d’âmes, il s’agit maintenant de lignées. J’aperçois Pauline au square, elle a l’air préoccupée. Je vais la voir :

  • Pauline, ça va ?
  • Il y a eu un nouvel arrivage, de l’Ouest, je le garde au Port, pour moi.
  • De quelle marchandise il s’agit ?
  • Un homme. Je crois que je lui plaît. Je pense que je vais vous en priver. Les Suburbs resteront encore purement féminins. Je pense que je fais bien. Ici, il aurait fait des ravages.
  • Fais-le comme tu le sens, c’est toi la patronne, tu n’as pas besoin de notre approbation, surtout de nous, nous ne sommes encore que de nouvelles arrivantes. C’est qui ?
  • Auguste. Le directeur de Russell. Ex. C’était mon prof avant quand j’étais au lycée. On fantasmait toutes sur lui. Et lui sur nous, les terriennes de la deuxième vague avec notre anatomie d’origine.
  • Wouaou. Tu as l’air toute chose. Amoureuse. Rentre vite le rejoindre avant qu’il ne s’intéresse à une autre.

Elle me regarde, inquiète, et s’en va en essayant de ne pas trop se précipiter. C’est beau l’amour quand il a une seconde chance. Je me secoue la tête pour enlever toutes ces pensées de mon esprit pour me concentrer sur ma seule et unique, Elin. Pas si unique en fait, elles sont deux en une. Mais avant de la rejoindre j’ai envie d’un cocktail bien sucré comme sait si bien les préparer Mischa, la barwoman de plage de la cabane « au bois flotté ». Elle a les cheveux si lisses, le regard si lointain, mélancolique à écouter les problèmes de chacune, mais à parler aussi en me préparant le « lever de soleil » :

  • Je me sens si vide par rapport à vous toutes, avec vos passés, avec vos drames. Je ne suis qu’une poupée trop grande sans jolies formes, même ma voix est quelconque.
  • Non, on dirait un chant d’oiseau. Tu es si parfaite. Propre et pure.

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