126 - Bri - revient de loin
J’arrive à l’attirer dans ma couche et je nous équipe en face à face, je me mets sur elle pour la dominer et la tenir mais avant de lancer la machine elle lève le doigt, comme pour demander de prendre la parole et faire son discours d’adieu avant son exécution.
- J’espérais que mon existence allait s’arrêter aussi, comme Elin. Parce que tout a commencé trop vite. En quelques chapitres, j’avais tellement de titres qu’il n’y avait plus de place sur mon ID Card. Ma vie a commencé avec le Grand Chelem, édition 34. Une explosion de responsabilités dans une civilisation à l’arrêt. Explosion contenue, j’ai renoncé à tout. Ma quête, d’identité, ma partenaire, Camélia, et tous mes destins, un par un. J’ai même perdu Elin, avant même qu’elle ne disparaisse. Mais tout ça a un sens. Sans tout ça, je ne me serais jamais trouvée, je ne l’aurais jamais trouvée, Misha. Elle a échappé à tous les radars mais pas au mien. Elle est tellement importante et pas que pour moi mais je ne sais pas pourquoi. Elle ne me le dira pas. Vous, les Pôles, vous savez, bien-sûr. Mais moi, je ne dois pas savoir. Je suis une menace. Mais Misha est forte, sûre d’elle, elle ne me voit pas comme une menace. Elle affronte le risque pour avoir le droit, à moi. Je ne suis pas medium, Bri, mais je ne suis pas dupe. Je suis loin d’être conne. J’ai bien de la chance de l’avoir, Misha, quelle que soit son importance, elle l’est de toutes façons pour moi, dans tous les domaines, elle est mon entière absolue.
- Comment ça s’est passé avec ta mère ?
- Bri, tu viens encore de me donner une information. Je suis une menace par rapport à ma mère alors. Encore une histoire de renseignement. J’ai bien vu qu’elle était spéciale pour elle. Mais j’ai senti aussi qu’elle garderait le secret. Dana n’est pas un modèle d’obéissance politique, spirituelle, scientifique ou autre. Il n’y a rien à craindre d’elle, pour Misha. Et je ne veux rien savoir. Alors ne me pose plus de questions.
Je me colle donc à elle et je lui fais signe de s’accrocher. Personne n’est préparée à ressentir pour la première fois le monde de l’ultra loud. Et après tout ce baratin, je sens, je sais qu’elle en a vraiment besoin. Elle se convulse, ses yeux se révulsent, elle vibre et tremble de tout son corps, elle ouvre la bouche pour crier mais rien ne sort, tout reste en elle et sa conscience disjoncte. Elle met du temps à se réveiller, elle rampe sur moi en râlant de douleur ou de plaisir, elle remonte et colle sa bouche contre mon oreille. Quelles vont être ses premiers mots après l’extase ? J’y comprends rien. C’est du latin. La pauvre, elle revient de loin.
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