C’est alors qu’elle surgit de nulle part, celle qui a formé nos fantasmes, l’antéchrist de la Bible, il n’y a qu’elle pour en parler :

• Vos annexes, c’est complètement dépassé. Quand est-ce que vous comprendrez que c’est à vous d’écrire votre propre vie ? Et puis qu’est ce que vous faites là d’abord, chez moi, dans mon monde ?
• On est prisonnières. Toi, tu peux circuler ?
• Oui, parce que je me suis écris mon propre ausweis. Regardez : Megan H. free movement. J’avais entendu parler de réfugiées mais je ne m’attendais pas à voir la crème de la crème. Misha, qu’est ce que tu nous sers ?
• Il n’y a plus d’alcool ici, tu as tout bu.

Megan commence à trembler. Elle se calme en sortant une tige, qu’elle allume, qu’elle aspire de toutes ses forces avant de nous tousser sa fumée au visage. Quel personnage ! Elle commence à pleurer :

• Moi non plus j’en peux plus de l’Ouest. J’ai besoin de me reposer. Et de fuir, les histoires, l’inspiration, retrouver le néant de la page blanche, ici.
• Tu n’étais pas blonde avant ? Avec de jolis cheveux blouclés.
• Trop superficiel. Maintenant, c’est noir et lisse, comme ma vie.

Voilà une très bonne candidate pour me succéder dans les titres de chapitres. Je vois ça d’ici : « 128 – Meg – réinventé la pluie ». On est peut-être dans son monde mais elle est pitoyable, en overdose de fiction, elle en suinte jusqu’à ses gènes. Trop Megan pour être Honnest. Elle est bonne à être brisée, pour tout recommencer, à zéro comme elle le dit elle-même avec son angoisse de ne plus être, de ne plus s’inventer.

• Tu arrives au bon moment Megan. On a besoin de toi ici. Pour sortir de cette malédiction de l’annexe. Il n’y a qu’une écrivaine qui peut exorciser notre histoire par l’écriture, combattre cette Bible qui se propage automatiquement sur nos existences en espionnant nos âmes. C’est ce que tu sais faire de mieux, non ?
• Je peux noyer de brouillard les médium occultes, surtout ici aux Suburbs où on échappe à tout même à soi-même. C’est ma dernière chance aussi, de m’en sortir, de m’échapper de mon destin comme vous l’avez toutes faites ici, sortir de la fiction, avoir le libre arbitre. Toutes les fanatiques de l’Ouest sont prisonnières de leur instincts et de leurs croyances sacrées en quête de paranormal et de métaphysique. Je sais comment les attirer, les piéger, les détourner de leur quête existentielle, assécher et arrêter leur annexe 4 par 4 mots sacrés : il était une fois