132 - Meg - encore plus près
Elle me raccompagne chez moi, je sens bien sa colère. Je la laisse tout de même entrer. Danielle n’apprécie pas vraiment mes révélations :
- Megan, tes histoires, elles sont toujours aussi dangereuses, même quand elles ne sortent pas de ton imagination. Je n’ai pas vraiment hâte d’entendre la suivante.
- Les histoires changent le monde.
- Elles le divisent aussi. Les guerres existent parce que les auditrices n’ont pas la même version d’une même histoire, de leur histoire même.
- La menace n’est pas de mon côté, Dani L.
- Ni du mien, maintenant que les occultes du Vatican sont aveugles, ils risquent de nous envoyer leurs warrior nuns pour voir, où on en est.
- Ça tombe bien, il ne se passe rien ici. Ça leur fera de jolies vacances. Avec leur Bible, elles adorent les légendes. J’en ai plein en stock à leur offrir. Elles se perdront dans les limbes à courir après leurs fantômes. Parce que la vérité, à l’Ouest, elle n’existe pas. L’Ouest est une fiction. C’est ce qui fait notre force ici. Notre vérité n’est pas en danger, tout le monde s’en fiche.
- La Reine et le Vatican peut-être, mais pas l’Octogone.
- Justement, c’est pour ça qu’ils ont perdu leur pouvoir. Ce ne sont que des consultants dans la fiction que Clémence impose à toute l’ère 4. Même ta mère a démissionné. Du coup, on ne sait plus dans quel camp elle est. Elle non plus je pense. Danielle, si il y a quelqu’une qui peut protéger la vérité, c’est bien moi, crois-moi.
Elle s’approche tout près de mon visage pour regarder au plus profond de mon âme. Elle cherche. Elle réfléchit. Elle me sonde. Elle me renifle. Elle pose sa bouche contre la mienne et sa langue me lèche les dents. Elle me goûte. Son ventre s’appuie contre le mien. Elle m’enlace et me serre contre elle. Elle appuie son visage sur mon épaule. Je l’entends respirer doucement. Je mets mes bras autour d’elle, je prends la même position qu’elle et je ferme les yeux. On se calme. Nos jambes se mélangent. On commence à danser, joue contre joue, au rythme de la musique de nos corps.
- D’accord, Megan H. On est toutes là pour protéger Misha. Greta est le premier rempart. Je suis le dernier. À toi de trouver ta place.
- Ma place est après Bri et toi, comme dans l’annexe.
Nos joues glissent et nos bouches se trouve pour un baiser langoureux qui nous fait perdre l’équilibre et nous mélanger au sol. Un dicton me vient à l’esprit : « Garde tes amies près de toi et tes ennemies encore plus près. »
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