138 - Meg - une passionnante passion
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Dans sa bibliothèque gothique, pendant qu’elle range des livres, je l’observe depuis son canapé Louis XVIII en m’accrochant au dossier avec une sucette dans la bouche, je précise. Interrogatoire :
- T’étais comment, sur Terre ?
- Plus vieille. Plus grosse. Je ressemblais plus à ma mère aussi.
- Avec moi tu ne risque pas de perdre ton Auguste ?
- Au contraire, ça l’excite et tu lui plais énormément.
- Justement, je pourrais te le prendre.
- Je ne pense pas que tu veuilles, me perdre. Si ?
Elle a raison et elle le sait. Comment arrive-t-elle à lire en moi aussi bien ? Sûrement un pouvoir quelconque comme la plupart d’entre-nous toutes. Je me lève pour aller regarder les livres mystérieux qu’elle aligne, à la couverture marron sale et aux lettres d’or. Tome I, tome II, tome III…
- Le tome IV est tout petit. C’est quoi cette longue histoire ?
- La mienne. La tienne. La nôtre.
- Non, je pense que je n’apparais que dans les annexes, surtout vers la fin.
- Megan H, Tome III, chapitre 18, page 228 : « une ombre rousse plane (...) Une fille, pure, bienveillante. Elle a de beaux yeux verts (...) une rouquine au cheveux longs (...) ascendance terrienne (...) elle cherche un sujet pour son admission à l’école des arts. Elle a du mal avec le français mais elle se débrouille bien. C’est une anglophone de Laguna Beach. Il n’y a pas plus à l’Ouest qu’elle. Mais le soleil ne lui réussit pas. »
- J’avais l’air intéressante. Après je suis devenue blonde aux yeux bleus. Et maintenant, regarde-moi, une vulgaire brune aux yeux noir.
- Comme moi, en plus clair, pour mes cheveux comme pour mes yeux. Donne-moi un peu de ta noirceur, Megan.
- Reste claire, on est déjà assez nombreuses comme ça. Mais dis-moi, en rousse, comme Auguste, je t’aurais encore plus plu !
- Ne me dis pas que c’est ton père ?
- Non, lui c’est un pur local. Relis ton livre, je suis d’ascendance terrienne, anglophone, la Couronne.
- Princesse Megan, ça m’étonne pas. Misha est donc en danger.
- Ou pas, on n’est pas toutes en allégeance avec l’indirecte Reine Clémence. Mais je veux bien être ta princesse à toi.
J’attends sa réplique mais elle n’a plus besoin de mots, elle me le fait savoir en un regard d’une passionnante passion.
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