151 - Meg - le temps qui passe
Parce qu’elle sait que je la désire physiquement alors je risque sans doute de l’incommoder de temps en temps. Surtout que je n’arrive pas à la sortir de mon esprit, de mon cœur et de mon c... Il faut que je fasse attention à ne pas crier son nom dans mes ébats avec Pauline qui me sent si faible qu’elle est plus câline que coquine. Je me sens heureuse d’avoir aujourd’hui les deux. Je me demande si Estelle me laissera à nouveau l’embrasser et moins sans affinité de sa part, sur ses seins, sur ses fesses. J’explose de plaisir.
- Déjà ? Tu es si sensible maintenant. On va laisser les jouets de côté.
- Embrasse-moi, j’ai soif de toi.
Et je bascule sur la fois d’après avec Estelle, où l’on s’embrasse avec une tendre ferveur qui m’émoustille, sans amour et sans sexe, on se reconnaît pour ce que nous sommes vraiment, des fantômes, sauf que je la vois et qu’elle me voit. À chaque baiser j’en apprends plus sur elle et sur moi. J’ai l’impression de me réveiller de moi-même, d’un long sommeil de fictions où j’émerge dans la réalité, quel que soit le monde ou l’époque, peu importe du moment où je suis avec elle. Est-ce t’elle ?
- Tu commences à comprendre.
- Je vois ton autre monde, celui que tu me fais goûter par ta bouche.
J’ai toujours eu l’habitude de passer d’une fiction à une autre. Mais le faire dans la réalité est bien meilleur en effaçant les temps qui ne comptent pas. Je vais lui faire bouffer mille chapitres à Adé, qu’elle s’étouffe avec et qu’on l’enterre avec ses trois tomes et ses quatre annexes. Estelle me secoue et je retrouve ma pleine conscience pendant la visite médicale au CMS.
- Tu étais où là ?
- J’ai des absences. À chaque fois que je ferme les yeux. Surtout pendant un baiser. Avec Pauline ou avec toi.
- On va arrêter de s’embrasser.
Dit-elle en me caressant la joue d’un regard triste. Il est clair que je ne vais pas bien. Je suis en plein trip. Ou alors je deviens folle. Elle me met un gros bracelet autour du poignet. C’est une monde connectée, qui donne l’heure, avec un calendrier interdit.
- C’est pour me repérer ?
- Dans l’espace et dans le temps. Maintenant, tu seras toujours avec nous, du début de l’aube à la fin du crépuscule. La nuit, il faut dormir. C’est le meilleur médicament pour ce que tu as.
Elle a raison. Ça marche. Je ressens à nouveau le temps qui passe.
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